Publié aux éditions Achab, cet ouvrage de 204 pages est le fruit de longs travaux de recherche menés avec beaucoup de ténacité et d’engagement par ces deux chercheurs.
Les symboles de fertilité des poteries berbères d'Algérie est un ouvrage qui ne se contente pas de livrer les significations des symboles gravés depuis la nuit des temps sur la poterie berbère, mais qui contribue décisivement, comme l’explique si bien Anne Moreau, auteure de la préface, “à sortir un patrimoine plurimillénaire d’une indifférence qui aurait pu lui être fatale”, que viennent d’éditer le professeur Mohamed Dahmani et Jean-Bernard Moreau aux éditions Achab.
Dans cet ouvrage de 204 pages, fruit de longs travaux de recherche menés avec beaucoup de ténacité et d’engagement par ces deux chercheurs, il est expliqué d’entrée qu’“entre d’une part la prééminence des recherches archéologiques consacrées aux civilisations disparues et des enquêtes ethnologiques sur des peuples premiers, en voie de disparition, et d’autre part la pression sociale à se défaire des marques de la ruralité d’une époque encore très récente pour s’assurer d’entrer définitivement dans la modernité, le risque était grand que les matériaux véhiculant cette symbolique ne soient définitivement jetés au rebut et aux oubliettes de l’histoire”.
En d’autres termes, faute de ces recherches menées tant que ces matériaux subsistent, ce riche patrimoine aurait tout simplement disparu à tout jamais. Et vu sa valeur, cela aurait été bien dommage pour l’humanité. Mais dans cet ouvrage commun, estime l’auteure de la préface, Jean-Bernard Moreau et Mohamed Dahmani ont dégagé, à présent, l’ode à la fertilité et à la fécondité exprimée par cette symbolique berbère, respectivement dans les poteries et dans les “ikufan” des maisons traditionnelle kabyles. “Ils y dévoilent la symbolique se rattachant au thème d’union des complémentaires pour la fécondité, concernant autant la sexualité humaine qui conditionne sa reproduction, que les cycles de fécondité naturels dont l’être humain dépend pour subsister et se reproduire”, explique-t-elle, en précisant que les auteurs révèlent surtout comment la femme potière, observatrice des phénomènes à l’œuvre dans la nature et en son propre sein, exprime ce processus vital à travers la matière, le mode de fabrication et la fonction des poteries et des ikufan.
C’est une importance de ce que révèlent ces symboles qui a conduit Anne Moreau à considérer que c’est aussi une mission d’éveil des consciences qui est menée dans cet ouvrage qui met, ainsi, en évidence la vision holistique exprimée par le matériau symbolique de ce patrimoine vivant, miraculeusement préservé, transmis tout droit depuis les origines de la civilisation agraire, le néolithique.
Par cet ouvrage qui analyse dans ses différents chapitres le symbolisme universel de la sexualité-fécondité, la sexualité et l’agriculture chez les Kabyles, la terre comme symbole féminin de fécondité, les deux chercheurs alertent également sur l’effet de l’urbanisation des zones de montagne et de la modernité du XXIe siècle qui précipite la disparition de cette symbolique berbère, patrimoine national et de l’humanité.
À noter que ce n’est sans doute pas fortuit qu’un ouvrage d’une telle importance soit édité précisément par ces deux chercheurs, car Jean-Bernard Moreau est l’homme qui a consacré toute sa vie professionnelle au soutien de l’artisanat ancestral, vernaculaire, et Mohamed Dahmani n’est autre que ce professeur de l’université de Tizi Ouzou qui, par passion, a transformé sa demeure en un vaste musée de la poterie où il conserve pas moins de 40 000 pièces de poterie et 70 000 clichés de maisons traditionnelles kabyles.
Posté Le : 24/07/2019
Posté par : patrimoinealgerie
Photographié par : Samir LESLOUS
Source : Liberte-algerie.com