«Le blasphème fait partie de la religion populaire.» Antonio MachadoDepuis quelques jours, nous assistons à une montée en puissance de la pensée islamiste sur la scène médiatique avec le retour gagnant des thèses de l'ex-FIS déterrées et actualisées en 2014 et qui font le plein sur les télévisions privées. Jeudi soir, l'émission de débat Noktat Khilaf de Youcef Bettache diffusée sur la chaîne privée Ennahar TV a battu tous les records d'audience. La cause: le débat contradictoire entre Mme Naïma Salhi, la présidente du Parti de l'équité et de la proclamation (PEP), la première femme politique algérienne à appeler à la polygamie dans la société algérienne et Mme Nacera Merah, une sociologue connue pour ses engagements pour la cause féminine et qui avait notamment joué le rôle de la directrice d'école dans le film de Yamina Bachir Chouikh «Rachida». Le débat entre les deux femmes politiques était politiquement correct mais acharné et violent parfois sur le plan verbal. Avec un avantage particulier à Mme Merah qui a défendu avec hauteur et ferveur la cause de la femme unique au foyer. Alors que Mme Salhi était venue pour justifier avec des arguments fallacieux la polygamie, elle s'est laissé distancer, par une sociologue qui connaît mieux la société algérienne. Cette émission nous rappelle ces émissions de débats politique et social présentées dans les années 1990 par la télévision publique l'Entv et qui mettaient aux prises les défenseurs de la cause des femmes à l'image de Mme Khalida Messaoudi et Zazi Sadou et les cadres de l'ex-FIS à leur tête cheikh Abassi Madani. Sur l'autre chaîne privée Echourouk TV, un autre débat contradictoire relatif à la présence de la religion dans notre société a été installé, celui de l'utilisation du «vin» dans un film franco-algérien consacré aux moudjahidine El Wahrani. La polémique a été déclenchée par cheikh Shamseddine sur Ennahar TV, reprise ensuite par d'autres médias dont Echourouk TV. Deux émissions ont été consacrées à ce sujet précis sur la télévision de Ali Fodil, l'une sur le plateau de Polyweek où la partisane de l'interdiction du film a essuyé un grand revers de la part d'un producteur et d'un critique de cinéma. La seconde fois que le sujet a été exploité par Echourouk TV c'était dans l'émission Houna El Djazair, mettant en scène un face-à-face entre un islamiste salafiste et un démocrate proche du courant communiste. Le tout en l'absence du principal concerné, Lyes Salem qui a refusé toute confrontation avec les islamistes. Polygamie, interdiction de l'alcool même dans les films est un débat salafiste qui revient dans la société algérienne après plus de 20 ans de sa disparition de la télévision algérienne. Ces sujets parfois tabous liés à la religion sont très regardés par la société algérienne et offrent une audience importante aux télévisions privées. L'aspect le plus dangereux est le fait que la polémique d'El Wahrani a été déclenchée par la religion et utilisée à des fins révolutionnaires. Le frein religieux ne suffisait pas pour faire mouche et c'est l'argument de l'atteinte à la religion qui a fait mouche et qui a créé une grande polémique.amirasoltane08@live.fr
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Posté Le : 22/11/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amira SOLTANE
Source : www.lexpressiondz.com