Les stigmates de Pâques à Noël

La fin (très provisoire) de la lutte des classes et de la guerre Est-Ouest a cédé le pas à la confessionnalisation de la vie politique, économique et sociale. Une entreprise à laquelle des forces puissantes sont attachées. Rien n'y échappe. La guerre des civilisations ouvre des fronts partout: les tabous alimentaires, l'accoutrement des femmes, l'éducation des enfants... Il en est même ceux qui se glissent dans les isoloirs quêtant des corrélations signifiantes, entre la couleur du bulletin de vote et celle de la calotte des suffragants.Ainsi, lors du premier tour des élections régionales françaises, les catholiques auraient davantage voté pour les listes Front national, aux élections régionales que l'ensemble des Français (32% contre 27,7%), selon une étude ‘Ifop' publiée, lundi, par l'hebdomadaire ‘Pèlerin', pour qui «la digue catholique s'effondre» face à l'extrême droite.Certes, il y a les inoxydables lefebvristes de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, vent debout contre Vatican II (bien après Jean-Paul II et le Panzer Cardinal), qui se fourvoient dans les cul-de-sac de l'histoire. Marine Le Pen y a fait baptiser ses trois enfants et son père, Jean-Marie, s'y rend, régulièrement, pour y faire dire des messes pour ses amis défunts. Rien à voir avec nos amis «porteurs de valises» qui luttaient avec nous, de ce côté-ci de la Ligne Morice.Beaucoup voudraient impliquer les Français et les Européens dans des querelles religieuses en une conflagration des civilisations. Cela pour mieux évacuer les vrais enjeux des conflits d'aujourd'hui autour de très inégales répartitions des richesses et des dommages infligés à l'environnement.Comme pour l'ensemble des suffrages qui se portent sur ce parti, il serait imprudent de tirer des conclusions trop hâtives et de déduire de ces votes un parti-pris en faveur de toutes les thèses du FN. Il serait trop facile, comme aux lendemains de la dernière guerre, de confondre Rome et Berlin et de mettre sur la croix ce triste Jean XXIII accusé de toutes les collaborations.Qui prendrait la Svastika pour le symbole de la Passion' Qui croirait (à l'exception de Netanyahu et Benny Morris, le maître à penser des «nouveaux philosophes» français) que l'acrobate Hadj Amin al-Husseini (ancien Mufti de Jérusalem) ait pu persuader Herr Hitler d'exterminer les juifs, lors de leur rencontre, en janvier 1941' Et qui s'imaginerait que tous les musulmans, comme un seul homme, se placeraient derrière ce chef en perte de repères, ainsi décrit à l'époque où les Arabes, en troupeau, avaient été mobilisés contre l'Empire Ottoman finissant: «un musulman pieux, au service d'une armée chrétienne, contre un ennemi musulman»'Alter ego de Abdallah 1er, il tiendrait une place de choix dans la théorie supplétive de princes, de sultans, d'émirs... les petits hommes qui veillent, aujourd'hui, jalousement sur leurs puits de pétrole et leurs gynécées.Des chrétiens ès qualité (et des cohortes de libres penseurs convenablement «essentialisés») furent parmi les premiers pensionnaires des camps édifiés, en Allemagne, dès le début des années 30. Avant que la martyrologie ne compte un nouveau culte et l'institutionnalisation des «Justes» ne s'arroge le singulier privilège de distinguer les bons et les mauvais chrétiens pour mieux les domestiquer.Tout au plus demanderait-on aux sondeurs d'affiner leurs enquêtes, de passer de la corrélation à la causalité et aux prélats de prêcher dans le sillon de la doctrine humaniste et universaliste chrétienne. Car tout le monde le voit à l'évidence, la France n'est pas menacée par une déferlante barbaroïde d'islamistes prosélytes, mais bel et bien par une déchristianisation intense et soutenue selon les époques, en oeuvre depuis la fin de l'Ancien Régime.En vérité, le Sol ne confère aucun droit. Mais son abandon fera couler beaucoup du sang au nom duquel on édifie les Murs et on embastille la liberté. Ironique, précisément au moment où la COP21, à Paris, conclut que le salut sera pour tous ou pour personne.Les églises désertées par leurs ouailles (hormis quelques vieux bigots pascaliens, au demeurant inoffensifs) ne sont pas envahies par les musulmans. Tout au plus le sont-elles par des hordes de touristes bruyants, inciviles et incultes qui, pour paraphraser le poète, seraient mieux chez eux au lieu de polluer des endroits qui seraient mieux sans eux.Foin des intégristes de tout acabit: nos benêts génuflexifs à nous valent bien leurs culs bénis rivés à leurs prie-Dieu.De Saint Augustin à «Mohamed» Duval, l'histoire nous a appris à nous défier des sondages, des élections, des Elus et de tous les rhéteurs en eaux troubles de quelques rives qu'ils procèdent.N'était-ce pas cela le message consubstantiel de la Bonne Nouvelle'————————————————————————En octobre 2015, en s'adressant au congrès sioniste à Jérusalem le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu aurait soutenu que «Hitler ne voulait pas exterminer les Juifs à l'époque, il voulait seulement les expulser», mais que c'est le Mufti qui l'aurait persuadé de les exterminer car il ne voulait pas les voir arriver en Palestine.