Les spéculateurs et le langage du gourdin

La recherche du gain illicite prend une tournure démentielle chez des prétendus commerçants. Depuis quelque temps les services de sécurité et les tribunaux ont du mal à trouver où donner de la tête devant un phénomène dont les Algériens n'avaient pas besoin. Les trafics, les magouilles, les tromperies sont devenus chez certains une hardiesse débile procurant un profit aléatoire allant jusqu'à emporter les professionnels de la mendicité devenus convaincus eux aussi que seul le crime paie.Il est vrai qu'il faille reconnaître que la partition sociale mortelle n'a peut-être pas à intriguer quand le lait et l'huile manquent et quand en parallèle les pétards et la banane s'affichent avec outrance dans les achalandages sans choquer personne. Mais amplifier le dérèglement du marché national par une sauvage filouterie commerciale est d'une inconscience impardonnable. Il a toujours été convenu que face au comportement monstrueux des hyènes, le seul langage qui prévaut est celui du gourdin.
Des imbéciles, sortis d'on ne sait où, pensent acquérir une valorisation en bravant toutes les règles, s'initiant dans la rétorsion de produits de première nécessité convaincus que tous les coups sont permis. Ils ne se rendent pas compte que leurs criminelles filouteries hypothèquent irrémédiablement l'avenir de leurs propres enfants. L'arrestation par dizaines à travers de nombreuses wilayate est indicatrice de l'ampleur d'une culture dévastatrice qui s'est installée où le citoyen est pris en otage, malmené déjà par les tracasseries de la vie quotidienne. Le paradoxe est que cette véritable piraterie n'étant plus une simple délinquance s'étend dans un pays où la foi religieuse s'étend pour recommander une large bienséance, le respect et le soin d'autrui.
L'Etat a toutes les raisons de frapper fort contre un comportement qui va plus loin que le piétinement de la bienséance et devient une volonté évidente de la creusée d'une tombe pour le pays. Car le problème, quand il contrarie l'existence des concitoyens, ne relève plus de l'ordre politique, mais d'un autre ordre plus convaincant.