LES SPECIALISTES TIRENT LA SONNETTE D'ALARME : «Donnez-nous de quoi soigner les malades cancéreux»

Le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) a tenu, jeudi, au CPMC de l'hôpital Mustapha-Pacha Alger, un rassemblement de soutien aux malades cancéreux. Le mot d'ordre : permettre aux patients l'accès à de meilleurs soins, notamment à la radiothérapie.
Salima Akkouche - Alger (Le Soir) -Devant le manque flagrant de moyens pour soigner les malades cancéreux, les médecins résidents et les résidents en pharmacie ont pris l'initiative de dénoncer publiquement cette situation. «Donnez-nous de quoi soigner les malades et non à la condamnation des malades cancéreux », c'est ce qu'ont choisi comme slogan, les manifestants lors du rassemblement, auquel ont également pris part, les assistants, les généralistes, les paramédicaux, les biologistes ainsi que les malades et leurs parents. Les spécialistes lèvent le voile sur les blocages auxquels font face les malades et le personnel soignant dans les services. «Pénurie chronique des drogues de chimiothérapie, déficit de médicaments antidouleurs, radiothérapie en panne, insuffisance de matériels de soins et de structures, rendez-vous jusqu'à juin 2012, responsables démissionnaires... » sont autant de problèmes qui ne trouvent pas de solution depuis des années, qu'ont soulevé les manifestants. Résultat : 80 % des patients décèdent avant la date de leur rendez-vous. C'est pourquoi les initiateurs de cette action de solidarité interpellent les pouvoirs publics afin de mettre en place des solutions efficaces et prendre des mesures «urgentes» pour la prise en charge des cancéreux. Parmi ces mesures, proposent-ils, un transfert à l'étranger faute de pouvoir offrir des traitements dans les délais pour les malades. Les médecins avouent faire face à une situation de double frustration : annoncer au patient qu'il souffre du cancer et l'informer qu'il ne sera pas pris en charge dans les délais. «Les malades, dont le nombre dépasse largement celui des appareils de soins en marche, souffrent en silence sans que personne se soucie de leur situation, nous nous sommes mobilisés en signe de solidarité mais aussi pour attirer l'attention des pouvoirs publics et tirer, encore une fois, la sonnette d'alarme», a déclaré un médecin. Chaque année, 44 000 nouvelles personnes sont atteintes de cancer. Le ministre de la Santé tente, de son côté, de rassurer en annonçant l'acquisition de 57 nouveaux appareils de radiothérapie et l'ouverture de nouveaux centres de lutte contre le cancer d'ici l'année prochaine. En attendant, sur 28 000 cas nécessitant une radiothérapie, seuls 8 000 sont pris en charge.