Algérie

Les spécialistes menacent de débrayer la semaine prochaine



Les hôpitaux publics, qui fonctionnent ces derniers temps au ralenti, risquent une paralysie quasi totale à compter de la semaine prochaine.L'activité médicale ou chirurgicale, qui a baissé déjà, dit-on, de près de 50%, décroîtra fatalement au plus bas des normes requises. Une situation de blocage inédite des établissements hospitaliers se profile à l'horizon. Ainsi donc, les médecins spécialistes menacent d'emboîter le pas aux médecins résidents qui sont en grève ouverte depuis plus de quatre mois. Les internes alertent, pour leur part depuis hier, les pouvoirs publics en vue de rejoindre le front de la protestation. Les assistants et les maîtres assistants de toutes les spécialités font part de l'entame d'un mouvement de débrayage cyclique à partir de mardi prochain. Selon un communiqué rendu public, le Collectif autonome des médecins spécialistes algériens (Camsa) a déposé auprès des instances compétentes un préavis de grève nationale cyclique de deux jours à partir du mardi 27 mars. "Notre préavis de grève est déposé conformément aux dispositions de loi 90-02 du code de travail qui garantit le droit du recours à la grève", lit-on dans la déclaration du Camsa, qui se dit disponible "à un véritable dialogue pour le règlement des revendications des médecins spécialistes". Le Camsa réclame, ainsi, la révision du statut du praticien spécialiste, ainsi que l'amélioration "urgente" des conditions de travail et de la sécurité au sein de l'hôpital. L'épisode de l'agression de médecins en service a fait réagir la corporation des médecins tous grades confondus. Des médecins assurant le service minimum dans un hôpital à Annaba ont été agressés, la semaine passée, par des accompagnateurs de malades. Les signataires de la déclaration dénoncent le refus des autorités pour la tenue d'assemblées générales constitutives à Tipasa et à Constantine. Les membres du Camsa ne manquent pas de s'insurger contre les promoteurs du projet de loi sanitaire qui n'ont pas associé les spécialistes dans les débats initiés au niveau de la commission à l'APN. Plus loin, les praticiens spécialistes trouvent "inadmissible et scandaleux" le traitement réservé à "leurs confrères résidents depuis quatre mois et particulièrement ce qui s'est passé le lundi 19 mars" lors du boycott de l'examen du DEMS "lorsque de nombreux médecins ont été embarqués dans des fourgons de police comme des criminels". Néanmoins, le Collectif appelle ses adhérents au respect du service minimum qui englobe "les gardes (toutes spécialités confondues), les soins en réanimation et les soins en
oncologie".
L'entrée en scène des internes depuis hier ne sera pas sans conséquences sur le fonctionnement des services des CHU et autres établissements hospitaliers EPH ou EPHS. Selon un communiqué rendu public, les étudiants en sciences médiales de 7e année ont décidé de boycotter le stage pratique interne P3 qui devait débuter hier. Ces médecins internes devaient assurer durant, la dernière année d'études, quatre stages pratiques (P1, P2, P3 et P4) de 3 mois chacun. Organisés en Collectif autonome des internes en médecine algériens (Caima), les internes ont entamé, en fait, un mouvement de débrayage qui ne dit pas son nom, puisqu'ils ont encore le statut d'étudiant. La loi 90-02 relative au code du travail ne garantit pas, rappelons-le au passage, la grève aux étudiants.
Les membres du Caima mettent en avant un nombre de revendications liées aux conditions d'exercice de leur activité médicale, notamment durant les gardes qui sont, disent-ils, désastreuses soit en matière de sécurité au niveau du box des urgences, soit en matière de moyens. Les membres du Caima revendiquent, ainsi, la révision de la rémunération de l'interne pour "les services rendus et les gardes effectuées". Ce présalaire, qui est de l'ordre de 2 000 DA, n'a pas été révisé depuis 1989, instauré par le défunt président Chadli Bendjedid. Selon la même déclaration, les étudiants en dernière année de médecine exigent l'application des lois relatives au statut d'interne, entre autres assurance à la charge de l'hôpital, suppression des évacuations à la charge de l'interne. Les membres du Caima n'hésiteront pas, enfin, à s'insurger contre "l'oppression grandissante que subissent de jour en jour
nos aînés, les résidents, qui prend des formes éc?urantes".
Hanafi H.


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