Algérie

Les soutiens encombrants de Gaïd Salah



Au dernier discours alambiqué du chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, les rares échos favorables sont venus, paradoxalement, des quatre partis politiques, qui formaient, jusqu'à un passé récent, l'alliance présidentielle. Les leaders du FLN, du RND, du MPA et de Taj, qui ont défendu avec zèle l'option de la continuité sous forme d'un cinquième mandat et qui ont applaudi l'annulation du scrutin du 18 avril et l'organisation d'une conférence nationale inclusive proposée par le président Bouteflika le 11 mars dernier, ont jugé opportune sa démission le 2 avril puis ont adhéré inconditionnellement à l'activation de l'article 102 de la Constitution? Aujourd'hui, ils soutiennent mordicus l'attachement du général de corps d'armée à la tenue de l'élection présidentielle dans les délais constitutionnels, après avoir tenté ?sans y parvenir ? d'intégrer le hirak. Sans état d'âme, les directions de ces quatre entités politiques changent de position au gré des annonces de l'autorité réelle ou supposée du pays. Ces revirements impromptus et récurrents discréditent fondamentalement leurs auteurs, à telle enseigne qu'ils deviennent désormais un boulet pour l'homme ou la partie auxquels ils apportent un soutien, intéressé évidemment. La force du vent les fait tourner, ces jours-ci, comme des girouettes autour de Gaïd Salah. L'opinion publique entrevoit, dans cet empressement à s'aligner sur la feuille de route du chef de l'institution militaire, une tentative de régénérer le système avec les mêmes méthodes et la même clientèle qui ont entretenu les quatre mandats du président déchu, Abdelaziz Bouteflika. Considérant que le peuple se mobilise, depuis trois mois, contre ce régime, la caution des coalisés nuit grandement à l'image du vice-ministre de la Défense nationale, déjà assez écornée à cause de ses incursions intempestives dans la gestion de la crise politique. Au-delà, Ahmed Ouyahia, ex-Premier ministre, Amara Benyounès, ancien ministre de la Santé, puis de l'Industrie et des Mines, et Amar Ghoul, ancien ministre des Travaux publics actuellement sénateurs, sont cités dans des enquêtes de corruption, liées aux marchés publics, de crédits et de privilèges accordés de manière douteuse à des hommes d'affaires proches du sérail. Le SG du RND et le président du MPA ont été entendus, jeudi dernier, par le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed.Leurs dossiers ont été transférés à la Cour suprême car leurs cas relèvent d'une juridiction d'exception. Une demande de levée de l'immunité parlementaire du président de Taj a été transmise au Sénat. Il devient incongru, à ce titre, que le chef de l'institution militaire s'accommode, dans son entourage, d'hommes sur lesquels pèsent de sérieux soupçons de corruption et de trafic d'influence, alors qu'il martèle, à chacune de ses interventions, qu'il s'échine à lutter contre le fléau.

Souhila H.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)