Les sociétés sous-traitantes privées souffrent d'un difficile accès aux marchés publics. Ce sont les entreprises relevant du secteur étatique qui en bénéficient le plus. C'est du moins le constat établi par Hakim Mezoued, gérant et responsable technique à ATP Mesrouk, une entreprise de sous-traitance spécialisée depuis 1981 dans la fabrication de pièces mécaniques de précision par usinage conventionnel et numérique ainsi que la découpe jet d'eau sur tous types de matériaux.Pour cet opérateur, les "PME privées sont souvent marginalisées" en termes de commande publique. "Nous avons beau essayer d'expliquer aux responsables du pays que l'on doit parler d'une seule entreprise nationale algérienne, publique soit-elle ou privée, en vain", déplore-t-il. Les entreprises publiques et privées doivent, en principe, être traitées de la même manière sans distinction aucune.
Cependant, force est de constater que "certaines sociétés publiques décrochent des marchés avec la procédure de gré à gré, tandis que celles activant dans le privé doivent au préalable répondre à des appels d'offres", fait remarquer M. Mezoued. C'est dire la différence que font les autorités entre l'entité publique et celle du privé. Mieux, le souscripteur public est dans la majorité des cas privilégié par rapport au postulant privé.
"Notre trésorerie subit des secousses à cause des cautions de garanties qui restent exorbitantes, car évaluées en millions de dinars. Si notre entreprise postule pour trois ou quatre affaires, imaginez les montants déboursés", relève cet entrepreneur. L'autre problème soulevé par cet industriel a trait à l'obtention de crédits d'investissement. "Avant qu'elle daigne accorder un prêt à l'entreprise privée, la banque exige de celle-ci une hypothèque, soit une maison, un logement, un local, ou un autre bien", avoue Hakim Mezoued.
L'équipement acheté de l'étranger par exemple, précise-t-il, n'est pas considéré comme une garantie par les banques. La formule de leasing, quand bien même ne demande pas d'hypothèque, demeure toutefois trop chère pour une PME qui emploie une quarantaine de travailleurs. Car ce produit (leasing) n'accorde pas de différé et que le remboursement est immédiat dès le premier mois.
L'accès au foncier industriel constitue également, pour M. Mezoued, un véritable écueil qui freine l'essor des sociétés sous-traitantes. Les responsables proposent des terrains dans des wilayas à l'intérieur du pays. Or ces derniers ne font pas la différence entre un producteur et un sous-traitant qui doit être à proximité de son client pour des raisons de disponibilité de produits et de satisfaction des demandes. En plus, l'Algérie connaît un manque flagrant de logistique.
Hakim Mezoued soulève par ailleurs la lancinante problématique des retards de paiement de la part des clients. "Il n'existe pas de loi qui protège le sous-traitant au sujet du paiement de sa marchandise à temps par ses clients. Nous n'arrivons pas à avancer à cause d'un manque de liquidités", regrette-t-il. À cela, il y a lieu d'ajouter l'absence de main-d'?uvre qualifiée.
B. K.
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Posté Le : 03/11/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Badreddine KHRIS
Source : www.liberte-algerie.com