Algérie

Les souffrances d'un peuple déchiré par la guerre



Les souffrances d'un peuple déchiré par la guerre
Avec le début des négociations de Genève sur la Syrie, il est clair que les belligérants ont compris que la solution militaire n'est plus de mise, vu la complexité des enjeux stratégiques et les intérêts opposés des puissances en place. Mais si les observateurs perçoivent ainsi la situation, ce n'est point le cas de la population sur le terrain.Antakya et Reyhania (Turquie).De notre envoyé spécial Alaa, un jeune ingénieur électronicien syrien de 26 ans, emprunte en ce samedi 8 février le van de transport public, allant de Antakya à Reyhania. Il se dirige au poste frontalier de Bab El Hawa pour rentrer en Syrie. Il est originaire de Homs, 160 km de Damas. «Je suis venu en Turquie pour réparer mon ordinateur portable et acheter quelques pièces de rechange pour mes amis et moi-même», explique-t-il sereinement. Pourtant, le chemin est plein d'embûches. «Si la route jusqu'à Alep est sûre, elle est entre les mains des troupes de l'Armée syrienne libre, ce n'est plus le cas entre Alep et Homs», reconnaît-il en habitué des lieux et du danger. «Nous devons ramper sur des dizaines de mètres dans quelques passages. Nous avons aussi à attendre le passage du danger des troupes du pouvoir, en d'autres lieux. Mais, il y a des éclaireurs et je fais ce parcours une fois par mois», dit-il, confiant. «Nous continuons à utiliser l'internet satellitaire en Syrie et c'est l'un de nos moyens de communication les plus puissants dans notre guerre contre le régime», affirme ce jeune qui croit que «la guerre en Syrie est manipulée par les puissances régionales et internationales» et que «c'est le peuple syrien qui est en train de payer la facture». Quelle est l'issue, selon lui. Alaa reconnaît «l'absence de solution acceptable par tous, tant les intérêts sont opposés». «Il y a certainement des gens qui sont avec Bachar. Mais il nous a fait beaucoup de mal. Donc, il ne doit pas rester. Ce n'est pas normal qu'il reste après tout ce que ses troupes ont fait», dit-il simplement en réponse à une question sur son avis à propos d'une solution négociée. Arrivé à Reyhanli, Alaa demande au chauffeur du van de l'amener à la frontière, située un kilomètre plus loin. Aucune hésitation sur son visage. La guerre l'a déjà forgé, comme beaucoup de Syriens.Croire en la victoireA Reyhania, l'organisation non gouvernementale Watan Syria ?uvre pour «l'assistance des réfugiés syriens mais, aussi la propagation des normes de la société civile, afin d'asseoir les bases du progrès dans la Syrie de demain», affirme son responsable local Mulham Joundi, un jeune de 27 ans, vivant en Arabie Saoudite avant la guerre. Watan Syria fait un travail de volontaire mais emploie aussi des Syriens réfugiés ou expatriés, comme ce jeune chauffeur qui était en Grèce, avant d'être refoulé parce qu'il était en situation irrégulière. Les ?uvres de cette ONG, se proclamant «non politique», visent à aider à la reconstruction du pays, dans une logique démocratique, au service du peuple. «Nous sommes contre les agissements du régime. Mais, nous ne nous réclamons pas de l'opposition», indique Mulham pour expliquer le positionnement de Watan Syria, qui vit essentiellement des donations de mécènes syriens résidant à l'étranger. Sur le chemin de retour deReyhania à Antakya, Mohamed ne cessait de se quereller avec son compagnon Salah. Ils sont tous les deux de Alep.Ils sont venus en Turquie, juste pour une réunion à Iskandarouna entre les fractions de la rébellion syrienne dont ils font partie. Mohamed était professeur d'anglais avant la guerre. Ce quarantenaire croit fermement en la victoire. «Les médias ne nous aident pas. Ils ne décrivent que la face sombre de la guerre. Ils ne disent jamais que tout ce qui se détruit le jour, nous le reconstruisons durant la nuit. Ils ne disent pas que la vie continue en Syrie malgré trois années de guerre», déclare-t-il furieux contre les médias. «Pour tenir durant toute cette période, il a fallu des hommes et des femmes travaillant jour et nuit pour que la vie ne sombre pas à Alep et ailleurs», poursuit-il à dire avec fierté. Salah, professeur de français, est également convaincu que «les lignes ont bougé en Syrie». Il déplore le fait que «la communauté internationale agit comme si de rien ne s'était passé en Syrie». Pour ces deux intellectuels et pour la majorité des Syriens rencontrés, «le peuple syrien ne saurait accepter le maintien de Bachar et de son pouvoir en Syrie. C'est une offense aux âmes des martyrs». L'équation syrienne est très complexe. Mais, comme le disent tous : «Rien ne sera plus comme avant en Syrie.»




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