Algérie

Les solutions existent



Ahmed Benbitour en soulignant dans l'une de ses dernières interventions qu'à partir de 2021 l'Algérie «n'aura plus de réserves de change», puisqu'elles auront servi entre-temps à couvrir le déficit de sa balance des paiements, rappelle l'urgence d'une prise de conscience générale sur les risques à venir. En précisant que la facture des importations est passée de «12 milliards de dollars en 2001 à 68 milliards en 2014», l'ancien chef du gouvernement traduit tout l'échec patent de la politique économique menée sous les années Bouteflika. Et quand il affirme qu'on n'aura pas les moyens pour importer, sachant que l'Algérie importe 75% de son garde-manger, il précise le danger imminent d'une famine qui pourra éventuellement frapper le pays.Si le terme paraît fort, c'est que les Algériens sont loin d'être préparés à une telle possibilité envisageable sous le prisme d'une politique agricole qui a démontré toutes ses limites. Si l'Algérie importe autant c'est que, quelque part, elle ne produit pas en quantités suffisantes et la faute incombe à un système politique qui a fait du foncier agricole une proie pour l'appétit vorace des oligarques qui y ont trouvé un terrain de rente par excellence. S'accaparant de milliers de bonnes terres, ils les ont bétonnées et livrées à des promotions immobilières douteuses avec la complicité de l'administration. Si l'Algérie a échoué dans sa politique d'autosuffisance alimentaire malgré tous les discours lénifiants servis à la louche, sa politique agricole a également souffert d'orientations hasardeuses.
Que peut-on reprocher à l'Algérie sur ce plan ' Le fait même d'adopter une stratégie déjà défaillante puisque éprouvée et prouvée par cinquante années de Politique agricole commune (PAC) adoptée par l'Europe au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, les Européens payent le prix fort en termes de dégâts écologiques et de santé publique avec la perte annuelle de milliers d'hectares de sols arables pollués par des années de pratique agricole chimique et la multiplication de maladies chroniques liées à la consommation prolongée de ces produits. L'Algérie, au lieu d'apprendre des erreurs des autres, s'ingénie à les reproduire et à les dépasser dans certains cas. Ainsi, on assiste, et de l'aveu même de nos responsables, à une contamination des terres arables et des nappes phréatiques, notamment au Sud, à travers l'épandage en quantité astronomique d'engrais chimiques et de pesticides.
Une politique future, réfléchie et concertée des pouvoirs publics est à même de stopper le processus de destruction et de s'inscrire dans la dynamique mondiale. Les solutions existent pour peu que la volonté politique suive et l'agro-écologie et la permaculture en font partie. Des porteurs de projets proposent des réponses humainement équitables, écologiquement durables et économiquement rentables mais se heurtent à des difficultés bureaucratiques et de manque de soutien à leurs dossiers.


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