Sept ans après leur réglementation en Algérie, les soldes n'arrivent pas à attirer l'intérêt aussi bien des commerçants que des chercheurs de bonnes affaires, laissant la porte ouverte à un no man's land commercial.
Sensés pourtant être un moyen pour encourager la concurrence et doper les ventes et même réaliser les meilleurs chiffres d'affaires de l'année, les soldes en Algérie sont boudées par beaucoup de commerçants, qui voient cette pratique commerciale ailleurs préparée et soutenue médiatiquement comme une mauvaise affaire .
Certains préfèrent même stocker leurs marchandises pendant des années plutôt qu'à les revendre à perte , affirme l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA).
A Alger, les soldes ont débuté officiellement le 18 janvier dernier et s'étaleront jusqu'au 28 février, indique la direction du commerce de la wilaya.
Sur les centaines de magasins d'habillement, de prêts à porter, de chaussures, la direction du commerce de la wilaya d'Alger n'a pourtant délivré au 31 janvier que 188 autorisations "seulement" pour les soldes d'hiver.
"Le chiffre de demandes d'autorisations de ventes en soldes représente moins de 1% des magasins exerçant dans la vente d'habillement et de chaussures seule activité dont on pratique les soldes", a souligné le responsable du contrôle au niveau de cette direction, M Mohamed Hadjal. Le nombre des commerçants autorisés à chaque période de soldes est, cependant, en constante augmentation d'une opération à une autre : le nombre est passé d'environ 60 autorisations en 2009 à prés de 190 en 2013.
Les magasins qui pratiquent les soldes sont répartis à Alger-Centre et Hydra, alors qu'il existe des communes où les commerçant n'ont jamais pratiqué cette opération, selon M. Hadjal.
"Cette pratique est réglementée depuis juin 2006 par un décret fixant les conditions et les modalités de réalisation des ventes en soldes", a souligné le directeur général de la réglementation au ministère du Commerce, M. Abdelaziz Ait Abderrahmane, faisant remarquer que la culture des soldes n'est pas encore bien ancrée chez les commerçants. Selon lui, elle devrait constituer une opération économique gagnant-gagnant, tant pour le commerçant que pour le client . Les soldes sont autorisés deux fois par an durant les saisons hivernale et estivale. Chaque opération est d'une durée continue de six semaines. Pour la période hivernale, les soldes devraient débuter officiellement au mois de janvier ou de février de chaque année, alors que les soldes d'été s'étalent selon les programmes entre le mois de juillet ou août.
Les dates de déroulement des soldes sont fixées au début de l'année, par un arrêté du wali, sur proposition du directeur du commerce de la wilaya après consultation des associations professionnelles et des associations de protection de commerce.
"C'est une question de comportement, la culture des soldes n'est pas encore ancrée chez les commerçants, ce qui est une contradiction en pleine économie de marché", a estimé M. Ait Abderrahmane.
Mais, selon des experts, l'inadéquation entre l'offre et la demande entrave la réussite de cette pratique dans un marché où le nombre de commerçants avoisine le 1,5 million pour près de 38 millions d'habitants.
"La plupart des commerçants n'ont pas besoin d'attendre les périodes des soldes pour écouler leurs marchandises, puisqu'elles se vendent systématiquement dans un marché où l'offre demeure relativement limitée par rapport au nombre d'habitants", souligne de son côté M. Mohamed Hachemaoui, enseignant en économie.
"Les soldes devraient se pratiquer d'abord sur des produits nationaux afin d'encourager -le made in Algeria-, pour toucher ensuite les produits importés", a-t-il estimé, ajoutant qu'en l'absence d'une abondance de produits nationaux sur le marché, les soldes n'auront pas un grand avenir" en Algérie.
De son côté la Fédération des consommateurs algériens (FAC) dénonce, concernant l'organisation des soldes en Algérie, une vraie arnaque à l'encontre du consommateur.
"Les véritables soldes n'existent pas. Il s'agit d'une pratique trompeuse juste pour attirer les clients", affirme le président de la Fédération, M. Zaki Harize, selon lequel "des remises symboliques sont appliquées sur des stocks morts".
"Même en dehors des périodes de soldes, les commerçants affichent des pancartes de soldes, ce qui démontre qu'il ne s'agit que d'une publicité trompeuse", estime pour sa part le président de l'association de protection et d'orientation du consommateur M. Mustapha Zebdi.
Du côté des consommateurs, les avis ne diffèrent pas trop de ceux de la Fédération des consommateurs. "Des soldes ! A-t-il de véritables soldes en Algérie '", se pose la question Meriem, étudiante en droit estimant qu'elle n'a jamais attendu cette occasion pour faire ses achats.
Mohamed, 32 ans, journaliste, se dit chasseur de bonnes affaires mais n'a jamais été satisfait des soldes pratiqués."A chaque fois que je vois une pancarte de soldes, j'essaie de saisir l'occasion, mais hélas ! c'est difficile de trouver la taille ou la pointure qui me convient".
Enfin, Nassima, mère de deux enfants, dit qu'elle attend ces périodes pour habiller ses enfants. Mais, elle ne cache pas toutefois qu'elle n'est pas satisfaite des remises appliquées.
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Posté Le : 05/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Algérie Presse Service
Source : www.aps.dz