Algérie

Les soirées ramadhanesques : Les Algérois investissent la rue



Que fait-on d'autre lors du mois de Ramadhan si ce n'est jouer une partie de domino avec « l'hbab » ou bien rendre visite à un parent. Myriam, travaillant dans une entreprise nationale, ne semble pas décidée à sortir la nuit. Elle relève qu'elle préfère rester avec ses enfants, à regarder la télé, et pas forcément les émissions de l'Unique. « Ces gens ne font que de l'agitation sans plus. Il n'y a qu'à aller dans ces concerts organisés où le brouhaha se le dispute à la niaiserie », lance-t-elle sans trop sourciller. Ce penchant pantouflard est-il celui de tous les Algérois ? Rien n'est moins sûr. Ceux-ci ne se font pas violence pour sortir dans les rues et faire les boutiques qui restent ouvertes tard dans la nuit. L'autre raison invoquée par les familles pour ne pas sortir est le fait que les moyens de transport font défaut. La distance des lieux où se déroulent les soirées est souvent mise en avant pour expliquer la désaffection du public. A cela, les organisateurs rétorqueront que les Algérois « sont tous véhiculés. Pas besoin pour eux de prendre les transports publics. » « Les bus de la Régie nationale, il faut pas trop y compter », assure un habitué de la placette Audin. « Mais si », le gros de l'effectif. Les jeunes qui ne veulent s'encombrer de ces considérations préfèrent aller « entre amis ». « Partager les soirées les plus ramadanesques » est l'un des slogans en profusion qu'on peut lire dans les espaces publicitaires. C'est à qui accrochera le plus les « fêtards ». Le Centre culturel français (CCF) s'y est mis en organisant des soirées philosophiques dans sa salle qui étouffe pourtant sous la chaleur. « Ça suinte de partout. Mais qu'à cela ne tienne, je serai toujours parmi ceux qui viendront écouter. On ne doit pas se transformer à l'occasion du mois de Ramadhan en tube digestif. Pierre Nora et les nouveaux penseurs valent bien le déplacement », soutient un adhérent. Rencontré au TNA avec ces filles, une femme au foyer assure qu'elle ne rate pas l'occasion de sortir. « Mon mari va à la mosquée pour les taraouih alors que moi je ne peux m'empêcher de me divertir », relève-t-elle. Seul avantage pour l'habituée des lieux, les invitations qu'un voisin, qui a ses entrées dans les institutions de la culture, lui a ramenées et dont elle peut se servir sans trop s'encombrer. Ces événements, confinés dans des salles, n'ont pu faire sortir les Algérois, casaniers, de leurs maisons. Néanmoins, les taraouih et les soirées ramadhanesques ont permis à ces pantouflards patentés de sortir. Le terrorisme et ses manifestations n'y peuvent rien. « Oubliées pour nous les années de psychose. Les spectacles organisés par l'Etablissement Art et Culture reçoivent toujours un monde en délire. Il n'est qu'à voir les concerts des chanteurs connus sur la scène artistique pour s'en convaincre », assure un responsable rencontré au Théâtre de Verdure.


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