Algérie

Les soignants au bord du burn-out



Face au flux des malades atteints de Covid et au manque de moyens à leur disposition, le personnel médical à Oran commence à montrer des signes de lassitude. Le professeur Mouffok, chef du service des maladies infectieuses du CHUO, qui a été installé avec son équipe à l'hôpital d'El-Kerma partiellement ouvert, tire la sonnette d'alarme."Nous sommes à un niveau de contamination très élevé. La situation est grave, avec des malades très lourds à prendre en charge et dont l'état se complique très rapidement. Nous avons besoin d'aide, de médecins volontaires, de bénévoles. Le personnel n'en peut plus tout seul. Nous avons besoin de moyens, de fauteuils roulants, d'extracteurs, d'eau, d'oxygène", déplore-t-elle.
Pour cette hospitalo-universitaire, la situation est dramatique, puisque, à peine ouverte dans l'urgence, la structure d'El-Kerma est déjà saturée, avec 75 malades.
Et pour cause, seule une petite aile a été ouverte avec 26 lits disposant de postes d'oxygène et la structure qui devrait avoir 60 lits n'est pas complètement opérationnelle pour permettre l'utilisation de tous les lits.
D'ailleurs, elle n'a pas manqué de dire qu'en l'état, les équipements fonctionnels à El-Kerma "ne permettent pas de prendre en charge plus que ces 75 malades", les autres services de l'hôpital ne disposant pas encore de sources d'oxygène.
Mais c'est aussi et surtout la saturation du personnel soignant qui est au bord de la rupture ; leurs limites ainsi que celles du système de santé ont été atteintes.
La chef de service a ainsi avoué que la prise en charge des malades majoritairement sous oxygène nécessite beaucoup de soignants.
"Nous avons un médecin et un infirmier pour 4 malades, et ce sont des cas qui se compliquent très rapidement ; il faut constamment être en alerte. C'est très dur actuellement."
Ailleurs, c'est un autre hospitalo-universitaire qui évoque également cette charge incroyable qui s'abat sur les personnels soignants, qui ne peuvent aller au-delà : "C'est une calamité, il faut avoir le courage de le dire. Le personnel dans le secteur public est exténué.
Quand ce n'est pas une charge énorme de travail qu'il il doit déployer avec la Covid, cela peut être un problème psychologique important, avec des dépressions, des angoisses qu'on ne peut gérer qu'en disant aux gens vous êtes dans l'obligation de venir travailler", relève le Pr A. Tadjeddine, épidémiologue, qui suit l'évolution de la situation sous tous ses aspects.
Il considère qu'il est grand temps de faire appel au secteur privé.
"Nous sommes dans une situation hors contrôle, où toutes les initiatives, de quels côtés qu'elles viennent, sont les bienvenues pour trouver des ressources humaines et également des structures adéquates où il y a de l'oxygène", indique-t-il, avant de conclure : "Je crois que le privé n'a pas besoin que le ministère l'autorise ou pas, c'est le moment ou jamais de montrer qu'il est solidaire, ce n'est plus possible de tenir."

D. LOUKIL


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