Algérie

Les similitudes font peur



Les similitudes font peur
La loi de finances 2017 est l'illustration d'un calcul encore une fois très aléatoire. La crise vécue depuis le second semestre 2016 a des similitudes pour le moins criantes avec celle de 1986. Le cyclone enfle, tourbillonne sur lui-même, tout en se rechargeant en énergie provocatrice. En 1986, le FLN, parti unique au pouvoir, était divisé en deux camps.Il y eut un choc pétrolier, et des revenus de la fiscalité pétrolière réduits à leur plus simple expression. Il y a eu une inflation galopante non maîtrisée qui avait profondément affecté le pouvoir d'achat des Algériens, d'où un malaise social en constante évolution qui a provoqué des injustices graves. Le gouvernement de l'époque multipliait les promesses non tenues. De 1985 à 1986, la baisse des prix du brut de 40% devenait insoutenable pour camoufler les dysfonctionnements de l'économie algérienne, une économie administrée, lourde, presque à 100% dépendante pour son financement des hydrocarbures. L'industrie est asphyxiée par les contre-performances des productions, et de la productivité, et ne tient qu'avec des injections de milliards de dinars destinés à éviter la faillite des entreprises. La réduction des ressources extérieures avait obligé à réduire les importations dont les équipements. Les réserves de change se sont trouvées misent à mal en très peu de temps, obligeant le pays à avoir recours aux crédits financiers extérieurs. Le secteur privé, quoique embryonnaire, était resté marginalisé. Banques et entreprises étatiques furent obligées à recourir à l'emprunt extérieur à court terme sur le marché financier international avec des taux d'intérêts très élevés. Le poids structurel de la dette devenait crescendo insupportable pour les entreprises, les banques et l'Etat. Le taux de change du dinar se dégrade. L'emprunt sur les marchés financiers se complique et est de plus en plus coûteux, avec la détérioration de la note de l'Algérie par les agences de notations. L'Algérie est classée pays à haut à risque, puis à haut risque. Les déséquilibres budgétaires sont alarmants. Le front social s'impatiente avec la persistance de la crise du logement, de la dégradation du pouvoir d'achat, et de l'usage systématique de la langue de bois des autorités et de leurs relais. La corruption commence à étendre ses tentacules. Naissance des couches sociales que séparent de gros écarts en terme de revenus. Du 4 au 10 octobre 88, les émeutes éclatent à Alger, puis, dans les villes de l'intérieur. La révolte des jeunes, et des moins jeunes, est l'objet d'une récupération, puis d'un encadrement politique de la part des partisans d'un Etat islamiste toujours en embuscade. Le gouvernement de Merbah assoupli les conditions d'austérité. Le FMI, divers créditeurs, et des crédits bilatéraux publics, ainsi que des crédits commerciaux privés, jettent à l'Algérie une bouée de sauvetage qui permettra au gouvernement d'importer à nouveau tout en relançant les investissements, dans un contexte où les réserves algérienne ne dépasse pas les 30 jours d'importation. La dette extérieure atteint 30 milliards de dollars à la fin de 1989. La croissance dans ces conditions nocives ne pouvant être que nulle, ou fortement négative, devait pour assurer durablement son redécollage dégager des réformes politiques, et des réformes économiques, tout en revoyant l'utilité de certaines dépenses étatiques, consenties sous forme de subventions. Avec la remontée des cours du pétrole, et l'aisance financière qui s'en dégagea en 2001, hélas !, les Algériens se limitèrent au seul rendement de la rente pétrolière, ainsi qu'à des réflexes de budgétivores.


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