Les appréhensions qui pesaient sur le maintien de la mobilisation citoyenne durant le mois de Ramadhan ont fondu lors de la marche des enseignants et des étudiants de Constantine qui ont bravé la chaleur et le jeûne.Les étudiants de Constantine ont remarquablement montré la voie, d'abord en réaffirmant leur détermination à en découdre avec le système politique et son personnel jusqu'au changement radical exigé par le peuple, et ensuite en démentant les prédictions d'essoufflement du "hirak" en ce mois sacré et avec l'arrivée des grandes chaleurs.
Admiratifs, les badauds étaient étonnés devant le passage de la marée humaine qui a envahi le centre-ville dès 11h, attendant l'arrivée de la procession qui s'était ébranlée sous un soleil de plomb quelques minutes plus tôt depuis le campus des Frères Mentouri, loin de près de 4 km.
C'est que la communauté universitaire constantinoise, qui a organisé dans l'adversité un débat ouvert dimanche dernier, avait retenu, entre autres résolutions, le maintien du rendez-vous hebdomadaire de marche et surtout le maintien du cap "yetnehew gaâ" en s'engageant dans de nouvelles escalades pour renouer avec les actions de protestation. Hier, enseignants et étudiants ont joint l'acte à la parole dans des conditions improbables, poussant davantage l'action de réprobation à des initiatives inexplorées jusque-là. En effet, même si leur nombre n'était pas aussi important que les fois précédentes, leur résolution n'a pas fléchi d'un iota puisqu'ils sont allés, au-delà de leur itinéraire traditionnel, titiller dans leur antre les partis au pouvoir depuis au moins deux décennies et symbolisant toutes les déliquescences qui ont conduit le pays à cette situation. Une nouveauté qui consistait à tancer vertement les responsables du chaos, le FLN et le RND, dont les sièges à Constantine ont été "visités" cette fois-ci par les marcheurs qui y ont déversé haut et fort tout ce qu'ils en pensent. En effet, c'est au moment où l'on s'attendait à une dispersion des rangs, place de la Pyramide, dans la bonhomie comme chaque fois après une marche, que les meneurs insistent et réussissent à entraîner derrière eux toute la procession vers le siège de la mouhafadha du FLN situé à Coudiat Ati, provoquant une certaine panique chez les services de sécurité qui n'avaient pas prévu cette virée des marcheurs. Sur place, ils entonneront pendant plusieurs minutes "FLN khawana", "Khlitou lebled ya sarakine" et autres mots d'ordre hostiles au parti du président déchu. "Mazal RND" (il reste le RND), enchaîneront-ils, et peu importe si la distance qui sépare le siège de ce dernier est importante et à un moment où la chaleur commençait à se faire sentir lourdement. De nouveau, ils emprunteront l'avenue Abane-Ramdane qu'ils paralyseront une seconde fois pour se rendre devant le siège du RND pour un autre sit-in. Le parti d'Ouyahia est vilipendé à son tour par des slogans, à l'évidence inamicaux et du même acabit que ceux rendus au FLN. Auparavant, les marcheurs avaient également observé une halte devant le tribunal de Constantine sis au boulevard Belouizdad (ex-Saint-Jean) où ils ont répété en ch?ur des mots d'ordre exigeant une justice indépendante et la comparution des pontes du pouvoir, responsables des détournements et dilapidations des richesses du pays. Ils y scanderont également "Pouvoir assassin" au moment où un policier a failli provoquer une escarmouche avec des manifestants.
Aussi, la communauté universitaire observera devant le siège de la daïra une minute de silence à la mémoire des victimes des bombardements israéliens survenus la veille à Ghaza.
Kamel Ghimouze
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Posté Le : 08/05/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Ghimouze
Source : www.liberte-algerie.com