Algérie

Les séparatistes et les milices font plier Tripoli


Les séparatistes et les milices font plier Tripoli
L'ouverture progressive des quatre ports pétroliers bloqués ne constitue qu'une partie du compromis obtenu.TunisDe notre correspondantAvec la levée du blocus des ports de Zouitina et Al Horriga dans l'Est libyen et la remise de leur direction portuaire aux autorités centrales depuis dimanche dernier, l'accord conclu entre le gouvernement libyen et les séparatistes de Barga est certes entré en application. Toutefois, les observateurs s'interrogent sur les coûts politique et financier dudit accord. Il a fallu la validation explicite, avant-hier soir, par le ministre libyen de la Justice, Salah Mergheni, sur la chaîne de télévision Libya likol al ahrar, de l'accord obtenu à l'arraché la veille sur la réouverture des terminaux pétroliers de l'Est, pour conclure à l'acceptation par le gouvernement central de Tripoli des termes de cet accord en six points.L'ouverture progressive des quatre ports ne constitue en effet qu'une partie du compromis obtenu. Les autres points ont trait au lancement immédiat par le ministère de la Justice d'une enquête sur la gestion des ressources pétrolières depuis la libération, sous les gouvernements de Abderrahim Al Kib et Ali Zidane. La commission d'enquête sera composée de six experts représentant les différentes régions libyennes. L'accord stipule également que le Conseil des ministres décrète le retour du quartier général des gardes des installations pétrolières au port de Brega, comme auparavant, la reprise du contrôle sécuritaire des ports de l'Est par les mêmes unités qui assuraient cette fonction avant le blocus (en août 2013), d'arrêter toutes les actions judiciaires en cours contre des manifestants et de leur verser les arriérés de salaire pour les huit mois de blocus.Concernant la réouverture des terminaux pétroliers, les séparatistes ont libéré, dès la signature de l'accord, les ports de Zouitina et Al Horriga de capacités respectives 100 000 et 110 000 barils/jour, en laissant sous leur contrôle les ports importants de Sedra (350 000 barils/jour) et Ras Lanouf (200 000 barils/jour), programmés pour être remis au pouvoir central dans une période de deux à quatre semaines, selon les termes de l'accord.A la recherche d'un consensus L'accord a été signé côté séparatiste par Ibrahim Saïd Hadhrane, autoproclamé, en août 2013, président du bureau politique de la Cyrénaïque, et par le membre du Congrès national général, Chérif Al Ouafi, ainsi que par quatre notables des tribus : Abdrabbou Abdelhamid Bar'aâssi, Mansour Salhine Yassine, Salah Ibrahim Abdeljawed et Abdessalem Mohamed Badr. Le gouvernement n'a pas officiellement signé le document. Il a toutefois facilité sa concrétisation en décrétant le 2 avril dernier le retour à Brega du quartier général des gardes des installations pétrolières et en libérant les trois rebelles libyens, assurant la sécurité du pétrolier nord-coréen arraisonné par l'armée américaine, qui ont été remis aux autorités de Tripoli.Deux exigences des séparatistes pour montrer la bonne volonté du gouvernement. De longs conciliabules ont été nécessaires à la «énième» mission de réconciliation, composée de notables de plusieurs tribus libyennes, pour parvenir à cet accord conclu avec les manifestants qui ont empêché depuis août dernier l'exportation du pétrole à partir des quatre ports de l'est de la Libye. Selon le politologue Ahmed Drid, doyen de la faculté de droit de Ghariane, «l'accord est un consensus si l'on prend en considération le fait que les séparatistes avaient réclamé au départ l'autonomie de la Cyrénaïque, en annonçant la mise en place d'un gouvernement local, d'une banque et d'une compagnie de pétrole.Le gouvernement central, de son côté, ne voulait pas négocier directement avec eux et les considérait comme des hors-la-loi». «Les propos du ministre de la Justice, Salah Mergheni, soulignant l'aspect éventuellement catastrophique d'une alternative militaire à ce consensus pacifique, montrent le retour à la raison du côté du gouvernement, grâce à l'apport des chefs de tribu», ajoute le politologue. «La Libye est restée unie. La richesse doit bénéficier à tous les Libyens et nous avons évité la guerre civile», conclut le doyen Drid.Ceci n'empêche pas plusieurs voix de contester l'accord obtenu, qui «encourage toutes les milices armées à reproduire le scénario du district de Barga», selon l'avocate de Benghazi, Leïla Bouguyiguis. «L'accord ne donne qu'une autorité symbolique au pouvoir central dans la mesure où les séparatistes, encore en poste, pourront à tout moment bloquer l'exportation de pétrole», avertit-elle. «La solution passe par la démilitarisation inévitable des milices et c'est la tâche de toute la société civile et politique libyenne, tribus comprises», conclut l'avocate.


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