« C'est la
profonde ignorance qui inspire le ton dogmatique » La Bruyère
L'été qui sera
sûrement très-chaud et le mois de Ramadhan qui
s'annonce, ne rendront sûrement pas, les Algériens plus calmes, plus réfléchis
et moins violents. Les listes des logements attribués ou pas, les désagréments
insupportables occasionnés par une série de chantiers parmi lesquels ceux du
tram et du métro, les transports collectifs privés véritables terreurs, la
hausse des prix que personne ne fera baisser durant le carême, vont ajouter au
réchauffement algérien, dans tous les sens. Il a suffi d'un accident ou d'une
bavure, qui seront déterminés par l'enquête, pour
qu'une partie de la Kabylie
surchauffe après les résultats d'une attaque terroriste contre des éléments de
l'ANP, à côté d'Azazga. Le terrorisme perdure,
assassine régulièrement, et le fait d'en réduire la médiatisation ne désarme
pas des bourreaux en armes ni ses prédicateurs, ni les milices des mÅ“urs et
encore moins ses suppôts semi-officiels, au moment où Al Aghar,
dans la foulée du départ de Moubarek, met sur la
table la laïcité dans les pays arabes. Dissocier celle-ci de l'athéisme, il n'y
que l'Egypte qui pouvait essayer de le faire, dans le silence des chargés musulmans,
l'Algérien y compris.
La commission Bensalah a terminé son travail, sans commentaire pertinent
de sa part. Mais encore une fois, la communication officielle était la grande
absente sinon le grand « looser » à l'intérieur et à l'extérieur. Sans les
critiques acerbes, les analyses et commentaires libres publiés par la presse
privée, l'évènement serait passé à la trappe. Et ce n'est pas demain que la
presse gouvernementale arrivera à crédibiliser quoique ce soit. Des
responsables ne parlent que de «la loi organique » sur l'information dans un
siècle où le concept roi est bien celui de la communication et où les journaux
sur le net, la floraison inimaginable de T.V., les mandats pour les D.G. des
médias publics, les conseils de régulation, l'indépendance des rédactions du
service public sont devenus basiques, banals et ancrés dans la société.
Allons-y pour une « loi organique » sur l'information, et voyons si les
journaux les plus vendus, donc lus, seront privés ou publics et voyons si les
T.V. françaises, Al Djazira et celles du Moyen-Orient
perdent de l'audience en Algérie ou pas !
Le cinéma, dans
la foulée, se trouve être une victime collatérale parce qu'avec un seul
diffuseur, il n'a aucun avenir en Algérie. Ce que savent des adolescents
cinéastes amateurs en Europe. Plus il y a de sociétés de programmes, plus elles
ont besoin de films, et plus des films se font avec l'apport financier des
diffuseurs qui montreront les films, selon des calendriers établis sur les
contrats. Elémentaire mon cher Watson ! Dans la même
foulée, la mythologie aux origines de Hollywood est servie à Alger. On croit
que la T.V est
une « institution » (ça fait chic et choc), alors que c'est simplement une Epic et on croit qu'un producteur est la personne qui met
de l'argent dans les films. Le producteur, personne physique ou une société,
rassemble l'argent dans des circuits balisés dans les pays normaux qui font des
films. Les circuits en question regroupent des sources de financement créées
pour, identifiées et rodées selon le genre, les thèmes et surtout selon les
distributeurs et les exploitants. Bref, au gouvernement personne ne sait
comment générer, créer une industrie du film, imaginer des financements,
initier des T.V privées et faire construire des salles par le privé.
Entre la censure
et les bras croisés, on gère des activités de dechra,
plus ou moins coûteuses, plus ou moins suivies (gratuitement) très loin du pays
profond où des millions et des millions d'adultes n'ont jamais vu une Å“uvre sur
grand écran. Qui fait mieux ? L'extrême pôle nord.
L'opposition et
le pouvoir dans ce pays cultivent la détestation épiderme, l'infantilisme
politique et l'attrait irrésistible de l'exclusion, de l'éradication radicale
de l'autre.
La polémique
stérile, l'insulte, les accusations les plus graves fusent à longueur d'année,
éloignent le citoyen lambda de la politique et font fructifier les rentes et
les foyers de toutes les violences. Pas une seule fois, sur aucun thème, les
Algériens n'ont été heureux de voir un consensus à minima, une convergence
élémentaire entre le pouvoir dans ses divisions et l'opposition dans ses
versants divers. Même pas sur la politique extérieure, à l'exemple de la Libye ou des opposants,
directement ou non, ont plus ou moins soutenu l'accusation selon laquelle
l'Algérie officielle serait alignée sur le régime de Tripoli et pleurerait la
chute du « dingue du palace » et peut être demain celle du sanguinaire de
Damas. Fadaises !
Le résultat est
évident : « d'un commun accord », le pouvoir et les oppositions, aussi divisées
que les segments officiels activent chacun de son côté, pour éloigner les gens
de la militance politique et contribuent à désagréger d'éventuelles
convergences, de possibles compromis à même de commencer l'esquisse d'un front
intérieur patriotique qui mettrait à terre les antagonismes secteur
public/secteur privé qui font rire les patrons du monde, en mettant en exergue
des fondamentaux de politique extérieure, des consensus sur les industries
culturelles, l'interdiction aux associations de parler au nom de leurs
adhérents, lors des campagnes électorales, le respect des franchises
universitaires et hospitalières, l'indépendance des médias publics… etc.
L'été sera chaud,
le ramadhan aussi « siesteur » que d'habitude. A
moins d'une violente et pacifique secousse politique qui engagerait le pays
vers des réformes et le travail. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres !
Analyser et
commenter tout sur le rite politique ne fait pas sérieux. Hier l'ANP était
portée aux nues après la dissolution de l'ex-FIS,
aujourd'hui l'ensemble des forces armées, y compris celles qui se trouvent à
des milliers de kilomètres d'Azazga sont vouées aux
gémonies. La surenchère extrémiste ne fait aucun détail et ses auteurs se
trouvent aux abonnés absents, devant les bavures de l'OTAN à Tripoli. Et de
grâce, nous sommes en majorité d'origine berbère, mais personne n'a été mandaté
démocratiquement pour être le héraut de l'essence première et fondatrice, d'est
ou ouest, du nord au sud du vaste pays.
S'il est justement
reproché au pouvoir de s'imposer « tuteur » de la nation, il ne saurait être
question de cautionner des dérives, fussent-elles verbales, de composantes de
l'opposition dont les seuls programmes sont « tout sauf Bouteflika
», « le régime doit dégager », « tirer sur tout ce qui ne rentre pas dans des
cases – impasses- ou bien « celui qui n'est pas avec moi, n'est pas un
démocrate » et autres scénarios sectaires qui n'offrent aucune perspective
comme le font les partis de la coalition. Est-ce le temps des sectes ? Dernière nouvelle : bientôt le GPS serait
disponible. C'est bien. Mais en attendant, y a-t-il un bureau de poste, de
préférence le plus proche de vous capable de vous délivrer un relevé des
opérations sur la période choisie par vous ?
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 30/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdou B
Source : www.lequotidien-oran.com