Algérie

Les secrets et la spiritualité du jeûne



Les secrets et la spiritualité du jeûne Le jeûne est attribué au serviteur qui mérite de ce fait le nom de jeûneur; puis, en dépit de cette attestation, Dieu le lui retire et Se l’attribue à Lui-même en disant: «...à l’exception du jeûne, car celui-ci est à Moi», c’est-à-dire: «l’Attribut as-Samad, qui indique l’indépendance (tanzîh) à l’égard de la nourriture, n’appartient qu’à Moi; si Je te l’attribue, il exprime uniquement un aspect conditionné de la transcendance (tanzih), non la Transcendance absolue qui ne convient qu’à Ma Majesté». C’est Allah qui est le Prix du jeûne quand le jeûneur retourne vers son Seigneur et le rencontre avec la qualification «rien ne Lui est semblable», c’est-à-dire avec le jeûne. En effet, ne peut voir «Celui à qui rien n’est semblable» que «celui à qui rien n’est semblable» comme l’a précisé Abû Tâlib al-Makkî, l’un des Maîtres des «Gens du Goût initiatique» (ahl adh-Dhawq). «Celui dans le sac duquel Il sera trouvé servira Lui-même de Prix» : comme ce verset s’impose en cette occurrence ! La parole prophétique continue par les mots: «et le jeûne est un bouclier (junna)», c’est-à-dire une protection (wiqaya); comme dans Sa Parole: «Ayez la crainte pieuse d’Allah», c’est-à-dire prenez-Le comme sauvegarde et soyez également une sauvegarde pour Lui ! Il a conféré au jeûne la même fonction protectrice, celle de «rien ne Lui est semblable», car le jeûne n’a «pas de semblable» parmi les oeuvres d’adoration. Cependant, on ne dit pas à son sujet: «Rien ne lui est semblable» (c’est-à-dire, littéralement: «il n’y a pas, comme son semblable, de chose»). En effet, la «chose» est une réalité archétypale (thubûti) ou actuelle (wujudi) alors que le jeûne est un abandon, c’est-à-dire un concept dépourvu de réalité (‘adami) et un attribut purement négatif. On dit donc qu’»il n’a pas de semblable» non qu’»aucune chose ne lui est semblable»: telle est la nuance relative à la «non-similitude» selon qu’il s’agit d’un caractère divin ou d’un attribut du jeûne. Ensuite. le Législateur énonce à l’encontre du jeûneur une interdiction qui marque elle-même un abandon et une qualification négative, en disant: «qu’il s’abstienne de propos indécents et de cris». Il n’a pas ordonné un acte mais interdit que l’on accomplisse certains actes. Comme le jeûne est une abstention, il y a ici une relation significative entre lui et ce qui est ainsi défendu au jeûneur. Puis, on a ordonné à ce dernier de dire à celui qui l’insulte ou s’en prend à lui: «Je suis jeûneur !», c’est-à-dire «dans un état où j’abandonne cet acte que tu accomplis toi, ô toi qui t’en prends à moi et qu. m’injuries !» Sur l’ordre de son Seigneur, il s’élève (nazzaha) au-dessus de la riposte et annonce qu’il l’abandonne, autrement dit qu’il n’y a chez lui ni insulte ni volonté de combattre. Il a dit ensuite: «Par Celui qui tient l’âme de Muhammad en Sa Main...» : formule de son serment -qu’Allâh répande sur lui Sa Grâce et Sa Paix !- «... en vérité l’haleine qui sort de la bouche du jeûneur...» c’est-à-dire l’altération de l’odeur de sa bouche qui apparaît uniquement par l’expiration (tanaffus), en l’occurrence celle que le jeûneur vient d’émettre avec cette parole parfumée qu’il a reçu l’ordre de dire: «Je suis jeûneur !» ; cette parole, ainsi que tout souffle émanant du jeûneur, «... sera plus parfumée au Jour de la Résurrection...», «le jour où les hommes seront debout devant le Seigneur des mondes» (Cor.83,6), «... pour Allah...» : il a employé le Nom synthétique qualifié par tous les Noms divins ; c’est le Nom qui n’a pas de semblable car personne, à l’exception d’Allah -gloire à Sa transcendance !- ne peut le porter : il correspond donc bien au jeûne qui, lui aussi, n’a pas de semblable ; «... que le parfum du musc» : il s’agit d’une chose réelle que perçoit celui qui la sent et dont jouit celui qui a une nature saine et équilibrée ; cependant, l’haleine du jeûneur est pour Allah plus parfumée encore. En effet, Il perçoit les odeurs d’une autre manière que celui qui les perçoit au moyen des sens; ce qui est, pour nous, une mauvaise haleine est pour Lui -qu’Il soit exalté !- une odeur plus parfumée que celle du rnusc car elle émane d’un être qui n’a pas de semblable. Une bonne odeur n’est pas l’autre. Celle qui procède du jeûneur découle de sa respiration (tanaffus) alors que celle qui émane du musc ne procède pas de la respiration du musc ! Ibn Arabi


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