Algérie

Les secrets d'un dosage



Les secrets d'un dosage
Pas moins de 25 ministres non partisans composent l'équipe de SellalJamais depuis l'indépendance, un Exécutif n'a été aussi indépendant. Pas moins de 25 ministres non partisans composent l'équipe de Sellal.Qu'est-ce qui distingue le gouvernement Sellal III de ses prédécesseurs depuis l'indépendance' Qu'est-ce qui le différencie des autres gouvernements formés depuis l'époque de Ben Bella, Boumediene, Chadli, Boudiaf et Zeroual' Pour réussir sa formule, M. Sellal a bien calculé ses dosages. Analyse d'une alchimie qui a fait jaillir des éprouvettes une équipe après quelques jours d'incubation. Il y a d'abord l'élément féminin qui occupe une place de choix dans ce gouvernement, une première depuis l'indépendance. Ce qui est en soi une promotion dans une société conservatrice et où 52% de la population sont des femmes. Juste rétribution pour cette catégorie sociale longtemps ignorée et mise en marge en dépit de son rôle déterminant dans les secteurs. Un tabou vient d'être brisé, n'en déplaise aux islamistes. Le gouvernement est le seul lieu où le hidjab n'a pas droit de cité. Elles sont sept femmes à intégrer l'Exécutif, mais celle qui fait sensation, c'est bien Aïcha Tagabou qui fait son entrée comme ministre déléguée auprès de la ministre du Tourisme et de l'Artisanat, chargée de l'Artisanat. Elles est la plus jeune ministre femme (âgée à peine de 35 ans). Sa nomination est un clin d'oeil, un signe de reconnaissance à la société targuie dont elle est issue. Le choix d'une femme est judicieux puisque chez les Touareg, la société est matriarcale. Le secteur confié à cette jeune ministre est tout aussi symbolique dans la mesure où le tourisme et l'artisanat sont des secteurs déterminants dans la vie économique à Tamanrasset. Mais convenons que ce secteur n'est pas aussi lourd que celui de l'éducation, un autre portefeuille confié à une femme, Mme Benghebrit, pour la deuxième fois depuis la fin des années 1980, années Z'hor Ounissi. L'autre ingrédient du dosage de M.Sellal est la présence d'un Mozabite en la personne de Hadji Baba Ammi ministre délégué auprès du ministre des Finances chargé du Budget et de la Prospective. Un autre clin d'oeil, mais cette fois-ci à la communauté mozabite connue pour sa rigueur et son sérieux dans le domaine financier et commercial. Il faut relever également l'ascension des walis puisqu'ils sont six ex-walis à diriger des secteurs dans ce gouvernement. En leur qualité de commis de l'Etat maîtrisant parfaitement le fonctionnement de l'administration, ces énarques seront d'un apport considérable pour le fonctionnement de l'Exécutif. L'ouverture ne s'est pas limitée aux walis puisque la société civile a été très largement associée à la confection du gouvernement. Jamais depuis l'indépendance, un Exécutif n'a été aussi indépendant. Pas moins de 25 ministres non partisans composent l'équipe de Sellal. Ils sont issus de milieux culturel, artistique et économique. Encore une autre particularité qui distingue ce gouvernement: le ministère des Moudjahidine. Pour la première fois depuis l'indépendance, ce ministère est dirigé par un responsable issu de la génération qui n'a pas fait la guerre d'indépendance. Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, est un fils de chahid. Que faut-il retenir comme message' C'est que la génération de la guerre a passé le témoin. Timide certes, mais une nouvelle étape vient d'être amorcée. Cette équipe dont la moyenne d'âge se situe autour de 60 ans fait d'elle comme la plus jeune équipe gouvernemental depuis l'indépendance du pays. Il convient de retenir également que cette fois-ci la représentation régionale a été respectée. Combien de fois avons-nous lu ou entendu des observateurs se plaindre du népotisme et du régionalisme quand il s'agit de nominations aux postes ministériels' En somme, il s'agit d'une équipe de technocrates où les partis de la majorité présidentielle n'ont pas eu la part du lion. La déception a été d'ailleurs perceptible au sein des militants du FLN, si bien que le secrétaire général du parti, Amar Saâdani, s'est cru obligé de monter au créneau pour rassurer ses partisans que le vrai changement interviendra après la révision de la Constitution, vers le mois d'octobre. Les militants du FLN n'étaient pas les seuls déçus. La liste des mécontents était large tant ils étaient nombreux à attendre, jusquà la dernière minute, la bonne nouvelle d'être nommés ministres, notamment ceux qui sont allés au charbon et se sont battus pour le 4e mandat. Enfin, un autre fait saillant est l'opposition qui a décliné dans sa majorité les offres du Premier ministre qui n'a donc pas pu constituer un gouvernement d'union nationale. On a beau les ignorer et minimiser leur représentativité, mais des partis comme le FFS, le RCD, le PT, le MSP et d'autres encore comme El Moustaqbal, sont des formations qui comptent. Il est fort probable que c'est leur refus d'intégrer l'Exécutif du gouvernement qui a contraint M. Sellal à décliner le plan «B» de sa formule gouvernementale.




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