Algérie

Les scénarios de l'après-élection



Compter ses forces   Crédité de 20 à  30% des suffrages dans les derniers sondages autorisés (fin septembre), Ennahda pourra compter sur le renfort de quelques listes d'indépendants et de petits partis alliés, déterminés à  entrer dans le gouvernement «de large coalition» que promet le parti de Rached Ghannouchi. Le coup de tonnerre serait de voir les islamistes rafler la majorité absolue au soir du vote, un scénario que la plupart des analystes jugent peu probable. Ils donnent toutefois Ennahda largement en tête devant les grandes formations du centre-gauche : Ettakatol (proche du Parti socialiste français) de Mustapha Ben Jaâfar, le Parti démocrate progressiste (PDP) d'Ahmed Nejib Chebbi et le Pôle démocrate moderniste (PDM), coalition de cinq formations emmenées par les ex-communistes d'Ettajdid.          La nature du régime Ennahda se distingue des autres formations politiques en prônant un régime parlementaire, seul moyen pour eux d'accéder plus tard à  la présidence de la République qu'ils n'ont «aucune chance de gagner aujourd'hui au suffrage universel direct», selon un observateur. Toutes les autres grandes formations se sont prononcées pour un régime semi-présidentiel, avec un Parlement fort, et veulent voir garanties par la Constitution l'égalité des droits et la liberté d'expression donnée par la révolution. La question du droit des minorités religieuses et du statut de la femme sera cruciale dans le débat sur le texte qui servira de fondation au nouveau régime.          Le combat des chefs     Incapables de s'entendre sous Ben Ali quand l'issue du scrutin ne faisait aucun doute, les frères ennemis, Chebbi et Ben Jaâfar, sont toujours à  couteaux tirés. Le PDP, qui a fait du «tout sauf Ennahda» l'axe de sa campagne, a cherché jusqu'au dernier moment à  formaliser avant le scrutin un accord avec le camp progressiste, invitant à  la table des négociations PDM, Parti du travail tunisien (PTT, lancé par un syndicaliste), Afek Tounes (libéraux) et Ettakatol. «Ben Jaâfar nous a fait faux bond à  chaque fois», dit-on au PDP. Le PDM a clairement fait savoir qu'il était opposé à  une alliance avant le vote, mais s'est affiché en vigie des droits fondamentaux, autant face aux islamistes qu'aux héritiers de l'ancien parti-Etat du RCD. Le PDP d'Ahmed Nejib Chebbi espère en tout cas empêcher Ennahda de gouverner en dégageant une majorité par un jeu d'alliance au sein de la future assemblée. De son côté, Mustapha Ben Jaâfar s'est toujours dit opposé à  un accord avant le scrutin et est favorable à  un «gouvernement d'union nationale».
Il rejette toute idée d'«alliance avec Ennahda», qu'il veut combattre sur le terrain politique, mais jugerait «dangereux» d'exclure du gouvernement un parti auquel les Tunisiens auront probablement accordé en masse leur suffrage. L'exemple des années noires traversées par le voisin algérien, après l'exclusion des islamistes, est dans toutes les mémoires. Mais chacun en tire des conclusions différentes : les uns estiment que la Tunisie ne se relèverait pas d'une plongée dans la violence, inéluctable en cas d'exclusion des islamistes, tandis que les autres jugent la maturité politique suffisante pour voir s'appliquer le jeu démocratique des alliances.           Les intentions prêtées    Enfin, les uns prêtent à  Mustapha Ben Jaâfar le dessein de se faire élire président de la transition avec les voix des islamistes et redoutent le prix à  payer pour ce pacte lors des débats sur la Constitution. Les autres reprochent à  Ahmed Nejib Chebbi de viser la présidentielle de l'après-Constituante et ses relations avec les milieux d'affaires et certains proches de l'ancien parti au pouvoir.
Sofia Bouderbala


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