Le texte, critique à l'égard des Etats au sujet du respect des droits humains, consacre sa majeure partie à l'Algérie où, malheureusement, lit-on : «Les politiques du gouvernement sont caractérisées par le manque de visibilité et de transparence. […] Notre pays est toujours à la croisée des chemins, entre la transition vers la démocratie, dans le respect des aspirations populaires, ou le maintien du système de privilèges, de fraude, de régionalisme et de clientélisme.» Le rapport – divisé en trois chapitres : «les droits civils et politiques», «les droits sociaux économiques et culturels et «la gouvernance» – dresse un tableau noir de la situation dans notre pays en ne relevant pratiquement aucune amélioration. En termes de liberté et d'égalité, la Ligue présidée par maître Boudjemâa Ghechir estime que seule «une minorité dispose de la richesse nationale générée par l'exportation du pétrole et du gaz, leurs enfants étudient dans les écoles étrangères et se soignent dans les hôpitaux à l'étranger, alors que la majorité du peuple est contrainte à une paupérisation croissante par la conjugaison de la rigueur économique, l'inflation, la perte du pouvoir d'achat, la fermeture d'entreprises, le blocage de salaires». Le constat est le même pour le droit à la vie, alors que la justice, «censée àªtre rendue au nom du peuple algérien et en dépit d'un vaste chantier de réforme, n'a pu couper le cordon ombilical qui la relie à certaines sphères du pouvoir qui l'instrumentalisent pour bâillonner une voix ou neutraliser un opposant».
L'état-système contre l'Etat moderne
Le rapport passe en revue les atteintes à la liberté de pensée, de conscience et de religion, le droit d'expression, le droit de réunion et souligne la situation d'insécurité qui «empoisonne le quotidien des Algériens, en plus du terrorisme, et les enlèvements». Les dossiers de la décennie noire, les disparitions forcées et la violence contre les femmes et les enfants sont marqués par l'impunité accordée par l'Etat et les dispositions discriminatoires, avancent encore les rédacteurs du rapport. Par ailleurs, pour les droits sociaux, économiques et culturels, les voyants demeurent au rouge. La paupérisation du peuple est mise en exergue par l'enrichissement d'une caste grâce à la corruption généralisée.
La LADH, qui reprend le tout récent classement de l'Algérie, selon Transparency International, estime que notre pays a démontré un manque flagrant d'engagement dans la bataille contre la corruption : «Le niveau de corruption, qui affecte les administrations publiques et la classe politique, est au rouge depuis déjà des années. Les scandales restent impunis.» S'agissant de la gouvernance politique, la LADH constate que «les causes fondamentales du sous-développement de notre pays résident dans le blocage, pour ne pas dire, la régression caractérisant la situation économique, sociale, culturelle et politique, elles résident aussi dans le déficit de l'Etat de droit, dans l'absence de la démocratie, de la participation de la société civile, dans les inégalités entre genre et le fossé de la gouvernance entre le citoyen et l'Etat.» A la demande populaire pour plus de démocratie, le pouvoir répond par un projet de réformes avorté. En conclusion, la LADH estime que «le plein respect des droits de l'homme n'est rien d'autre qu'un vœu pieux» et que l'Etat algérien est un Etat-système qui ne peut àªtre qu'une obstruction à la construction d'un Etat moderne ayant pour mission de générer un mode de gouvernance qui assurera un développement humain durable.
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Posté Le : 11/12/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nouri Nesrouche
Source : www.elwatan.com