Algérie

Les salles des fêtes ont-elles sonné le glas des mariages à l'ancienne '


Qu'elles étaient belles les fêtes de mariage d'antan ! Célébrées sur les terrasses des immeubles ou dans les cours des maisons, elles revêtaient un charme particulier.Ces espaces étaient décorés de lampions et ornés de guirlandes de jasmins. Chaises pliantes, sono, bâche et hop, la fête pouvait commencer ! L'orchestre féminin « msam3iate » et masculin « el aali » animaient ces fêtes familiales diffusant des airs hawzi, chaâbi ou autre. Pour le repas de fête, on sollicitait des femmes du cercle familial ou du voisinage. Car, à l'époque, le métier de traiteur n'existait pas encore chez nous.
Autres temps, autres m?urs. Les années 1990 ont balayé ces fêtes traditionnelles. Désormais, la plupart des Algériens cassent leur tirelire pour s'offrir un mariage dans une salle prévue à cet usage. A cela, il faut ajouter les frais du photographe, cameraman, disc-jockey... Les fêtes à l'ancienne ont perdu leur âme. Même si les célébrations ont pris le chemin des salles des fêtes majoritairement, certains Algériens font de la résistance. Ils continuent à célébrer leurs fêtes chez eux : sur la terrasse, dans la cour ou le jardin de leur demeure.
La fête à la maison
Karima, 59 ans, vient juste de marier son fils. Disposant d'une grande maison, avec terrasse et jardin, elle a préféré organiser la fête chez elle. « J'ai des amis qui ont été très déçus par l'organisation de leurs fêtes dans des salles dédiées à ce genre de cérémonies. Le service laisse souvent à désirer, sans compter les tarifs exagérés qui sont pratiqués par les propriétaires. Pour le mariage de mon fils, mon mari et moi avons fait appel aux services d'une femme pour la préparation du repas mais la fête a eu lieu à la maison. Nous avons loué deux chapiteaux, pour les femmes et les hommes, et tout s'est bien passé. Cela m'a fait penser aux mariages à la Casbah auxquels j'assistais lorsque j'étais petite.»
Cet avis est partagé par M'henni, 62 ans. «Je ne fêterai jamais un événement dans une salle impersonnelle. Je veux que ?'el farh'' (réjouissance) entre dans ma maison. Alors tant pis si ma cour est un peu exiguë. Les voisins sont là pour ouvrir la leur à mes invités. La solidarité a toujours existé entre les Algériens. Il faut garder nos traditions, vaille que vaille.»
Allô, le traiteur '
Pour d'autres, le recours aux salles des fêtes est tombé à point nommé pour soulager les familles des corvées inhérentes aux préparatifs des mariages. « Le charme des fêtes d'antan est indéniable, commente Zoulikha (54 ans). Les tantes, cousines et amies venaient s'installer à la maison une semaine avant la fête pour la préparation des gâteaux. Les youyous fusaient. On chantait, on partageait tout. Cependant, ces réjouissances qui mobilisaient tous les proches avant le jour ??j'', pendant et même après la cérémonie, étaient synonymes de grosse fatigue. Les organisateurs n'avaient même pas le temps de profiter de la fête. Les salles des fêtes ont porté le coup de grâce à toutes ces célébrations. Aujourd'hui, les gens préfèrent payer pour ce genre de services et s'asseoir avec leurs invités pour profiter de la cérémonie. La modernité impose ses lois, avec ses avantages et ses inconvénients.
«Ainsi va la vie ! »
Pour peu qu'elles disposent d'un grand espace à la maison, de nombreuses familles tiennent à pérenniser les traditions en célébrant leurs fêtes chez elles, à l'ancienne. Une marque de générosité et d'hospitalité à laquelle elles ne sont pas prêtes à renoncer pour tout l'or du monde.
Soraya Naili
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