Plus de 7 millions de Français vivent en-dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire qu'ils gagnent moins de 817 euros par mois. S'ils venaient chez nous avec leurs 817 euros, ils vivraient confortablement et ne seraient plus considérés comme pauvres. Avec la fameuse multiplication par 10, ça leur ferait 81.700 DA! Plus de 8 millions de nos centimes! Ils se passeraient même du logement social et loueraient volontiers un appartement pour 10 ou 15 mille dinars! La bagatelle de 100 ou 150 euros, au lieu des 600 euros chez eux, 6 millions de nos centimes! Mais, me diriez-vous ce n'est pas comme cela qu'on calcule un pouvoir d'achat, c'est beaucoup plus compliqué. Et vous me citeriez le cas de cette jeune femme de 35 ans, Bac 8, chercheur en immunologie à l'INSERM et qui perçoit 1.700 euros! Même pas 2 fois le SMIC (avec C) 1.000 euros. Chez nous, avec un petit magistère sur le Raï au moins 4 fois le SMIG (le nôtre, avec G) 1.000 DA et ça squatte «légalement» le logement social. Eh oui! Le repère c'est combien de fois le salaire minimum ailleurs et combien de fois ce salaire minimum ici. Et vous compareriez aussi les factures de l'eau, de l'électricité et du gaz, du téléphone, le prix de la visite médicale, etc. Trop d'écart entre les salaires chez nous. Un Smig d'esclave qui dévalorise le travail manuel, encourage le chômage volontaire et nous contraint à faire venir des maçons de Chine et d'Egypte. Si tu avais un camion de pomme de terre et qu'on t'en offrait 30 DA le kilo à Oran et 50 à Tlemcen, où le vendrais-tu, me demanda un harrag potentiel? Je répondis sans la moindre hésitation: «à Tlemcen, cela va de soi». Il me fit remarquer que lui, non plus, ne veut pas vendre sa sueur (qui lui appartient) à vil prix et préfère l'exporter en Espagne comme d'autres exportent des dattes, des produits ferreux, etc. (qui ne leur appartiennent pas). En attendant, il vit de petites combines qui lui permettent de gagner plus que le Smig et même d'économiser pour la prochaine harga. Et je compris pourquoi Laïd, Azeddine et les autres ne veulent pas travailler. Hé oui, il n'y a pas que les cerveaux qui quittent le pays, les bras le font aussi et c'est, peut-être, beaucoup plus grave. Et puis, à quoi serviraient des cerveaux sans bras? Les chefs d'oeuvre de Le Corbusier seraient restés dans un tiroir s'il n'y avait pas eu des techniciens, des conducteurs de travaux, des terrassiers, des coffreurs, des ferrailleurs, des maçons... pour les réaliser! «En 1949, l'Allemagne dispose d'un formidable réservoir de main-d'oeuvre. Cette réserve représente un extraordinaire atout pour une économie qui démarre. Le niveau qualitatif de cette réserve est très élevé puisqu'il comporte une proportion élevée de travailleurs qualifiés et de techniciens». «La Revanche des Deux Vaincus», l'Allemagne, P.72. «En France, sur 150.000 bacheliers 100.000 choisissent les Lettres, c'est de toute évidence une observation. L'économie moderne a besoin de gens ayant un minimum de bagage technique et non de littérateurs. Le Japon l'a compris depuis longtemps. Ibid le Japon P.163. Et nous autres? Il semble bien que non. Un débutant, diplômé de l'université commence chez Matsuhita à 520 F par mois, celui qui possède un diplôme d'études secondaires (équivalent du baccalauréat) reçoit 390 F. Le garçon ou la fille qui s'est arrêté au niveau de notre quatrième, touche 324 F. Ibid le Japon P. 153. Un diplômé de l'Université après 30 ans de travail percevra 100.000 F. Le travailleur sans diplôme touchera 63.000 F. Moins du double, Ibid le Japon P. 153. Chez nous les écarts sont considérables! Et la nouvelle grille de la FP les a encore amplifiés! Un jour devant une école, des élèves me demandèrent pourquoi leurs enseignants étaient en grève. Je leur répondis que leur salaire ne leur permettait pas de vivre dignement, de se nourrir et de se vêtir convenablement, d'acheter des livres.. et de se consacrer entièrement à leur travail pour mieux les instruire. Ils me firent remarquer, qu'eux aussi, si leurs parents étaient mieux payés, leur niveau de vie serait meilleur et par conséquent leur niveau scolaire s'améliorerait également parce qu'ils seraient mieux nourris, mieux soignés, qu'ils auraient des livres, des jouets.. En effet, un médecin bien rémunéré est plus motivé et plus disponible, il se sentirait reconnu à «sa juste valeur»... valorisé. Mais à quoi servirait-il si ses patients ne peuvent pas acheter les médicaments qu'il leur a prescrits, s'ils sont mal nourris, mal logés...» Et je compris que c'est le niveau de vie général de toute la société qui doit s'améliorer et non pas seulement celui d'une minorité aussi illustre, soit-elle.
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Posté Le : 15/12/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mokded L
Source : www.lequotidien-oran.com