Les sahraouis menacent de revoir leur vision stratégique

« De par son attachement au règlement pacifique de la question, le peuple sahraoui qui milite pour un droit inaliénable et reconnu au plan international, et en dépit des étapes difficiles qu'a connues la question sahraouie depuis 1975, est prêt à entamer les négociations prônées par l'ONU. En cas d'obstination du Maroc à bloquer toute issue pacifique au conflit, il est aussi prêt à faire face à toute autre option qui lui serait imposée et à réviser sa vision stratégique de trouver les moyens adéquats qui lui permettront d'atteindre son principal objectif, l'indépendance et le recouvrement par le peuple sahraoui de sa souveraineté sur l'ensemble de ses territoires », déclare Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario auprès de l'ONU, en marge de sa rencontre avec Christopher Ross, l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental. Selon le responsable sahraoui, « le principal obstacle qui entrave la relance des négociations autour du conflit demeure l'obstination de la partie marocaine qui refuse catégoriquement l'idée des négociations ». Boukhari qui appelle « les responsables marocains à renoncer aux idées expansionnistes » car « toutes les convoitises expansionnistes qui vont à l'encontre de l'accès du peuple sahraoui à son droit à l'autodétermination seront vouées à l'échec », écarte l'éventualité de voir le royaume chérifien « adhérer en toute transparence aux efforts de l'ONU ». Parmi les « forces » qui pourraient lui faire changer d'avis, il cite le peuple marocain « voisin et frère » qu'il appelle « à faire pression sur ses dirigeants pour aboutir au règlement de ce conflit qui dure depuis 40 ans » et « à refuser d'être impliqué dans ce conflit ». Il cite aussi les organisations internationales des droits de l'Homme, comme Human Rights Watch et Amnesty International qui ne doivent pas rester « insensibles » aux violations marocaines récurrentes des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés. Boukhari compte aussi les efforts faits pour « trouver un mécanisme de contrôle des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés » autre que celui de la Minurso. « La situation humanitaire désastreuse dans les territoires occupés exige un contrôle quotidien et des prérogatives plus élargies » dit-il.Un tournant décisif en 2016 'Tout en demeurant « vigilant » face à l'obstination marocaine, le peuple sahraoui reste toutefois « optimiste ». « La partie sahraouie est optimiste quant à la tournée de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross mais demeure vigilante face à l'obstination du Maroc en ce qui concerne l'autodétermination du peuple sahraoui », affirme Boukhari. Les raisons de cet optimisme ' « La visite de deux jours de Ross aux camps des réfugiés sahraouis intervient dans un contexte particulier », dit-il. Elle intervient suite aux déclarations faite par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, le 4 novembre dernier. Celles-ci ont constitué « une évaluation implicite » des efforts de l'ONU depuis 2007, et des négociations qui « n'ont pas apporté les résultats escomptés par le Conseil de sécurité ». « Nous attendons le rapport de Ross au terme de cette tournée avant la visite dans la région du secrétaire général de l'ONU » qui a appelé récemment a des négociations « sérieuses et responsables », conclut-il estimant que le rapport que Ban Ki-moon présentera en avril prochain sera « décisif » pour la question sahraouie. Dans un rapport urgent présenté août dernier, Ban Ki-moon a imputé au Maroc la responsabilité du blocage des efforts onusiens. Dans son rapport, il est revenu sur l'obstruction faite par les autorités marocaines à la prise de fonction de la représentante spéciale du SG de l'ONU pour le Sahara occidental, Kim Bolduc et a rappelé que la 4e commission de l'assemblée générale chargée de l'octroi de l'indépendance aux territoires et au peuple non autonomes appréhende le conflit sahraoui comme étant une question de décolonisation. Le conflit sahraoui connaîtra-t-il un tournant décisif en 2016 '