Algérie

Les Sahraouis en terrain conquis à Séville



Séville (Espagne).
De notre envoyé spécial


Erreur : les comités européens de soutien au peuple sahraoui ont très largement répondu à  l'appel de la «cause» pour laquelle ils se battent depuis voilà 37 ans. Le soutien ne faiblit pas, ils s'amplifie plutôt. Les travaux de la 37e Conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui (Eucoco) se sont ouverts, hier en début de soirée, à  Séville, en Andalousie, dans une joyeuse ambiance de retrouvailles et d'«engagement permanent» entre militants de la cause venus des quatre coins de l'Europe et même des Amériques. Le hall de l'hôtel Mélia, au centre-ville de Séville, a vécu hier un incessant va-et-vient de délégations et un carrousel de voitures rutilantes ramenant les quelque 400 délégués issus de plus de 20 pays d'Europe. Les organisateurs sahraouis n'en croyaient pas leurs yeux face à  ce chassé-croisé de personnalités dont l'engagement en faveur de leur cause n'a pas pris de ride malgré les années. Le fait est que les embrassades et autres accolades ont duré toute l'après-midi. Le comité d'accueil, composé essentiellement de jeunes Espagnols, faisait face à  une nuée de délégués et une fournée de reporters venus couvrir l'événement. Signe de cette remise à  flot de la cause sahraouie en Espagne, le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, était hier l'invité d'honneur du Parti socialiste espagnol (PSOE) qui tenait, lui aussi, son congrès à  Séville. Le président sahraoui devait même prononcer une allocution devant les congressistes d'un parti qui n'a pas brillé par son soutien à  la cause durant ses années de pouvoir au royaume d'Espagne. Qu'à cela ne tienne, Mohamed Abdelaziz voulait sans doute, par sa présence, amener le PSOE de l'ex-Premier ministre Zapatero à  de meilleurs sentiments en terre d'Andalousie.   
Le président Abdelaziz, guest star du PSOE
En tout cas, l'optimisme est grand de voir cette conférence aboutir à  un retour en grâce de la cause sahraouie en Europe. Le président de l'Eucoco, Pierre Galland, ne cachait pas sa satisfaction de ce que «quelque chose» change en Europe par rapport à  la cause sahraouie. «Il y a des signes très encourageants qui laissent entrevoir un positionnement plus positif de l'Union européenne à  l'égard du conflit sahraoui», confie-t-il avant le début des travaux. Cet infatigable militant en veut pour preuve le refus du Parlement européen de reconduire le fameux accord de pêche avec le Maroc, ce qui constitue, à  ses yeux, une réponse cinglante aux prétentions marocaines. Il cite aussi la loi adoptée par le Congrès américain demandant au département d'Etat de ne pas accorder d'aide au gouvernement marocain ni de lui vendre des armes s'il s'entêtait à  violer les droits de l'homme dans les territoires occupés.   
Pierre Galland et garant…
Autant de «bonne nouvelles» qui, pour Pierre Galland, sont de nature à  remobiliser les troupes de l'Eucoco pour sensibiliser la communauté internationale autour du droit du peuple sahraoui à  l'autodétermination. Ce 37e rendez-vous annuel de l'Eucoco s'annonce donc sous de bonnes perspectives. La présence massive de délégués et comités de soutien de toute l'Europe, à  Séville, est un signe de fidélité à  la cause du peuple sahraoui. C'est aussi une façon de dire au monde que ce vaillant peuple n'est pas seul à  lutter pour recouvrer son droit de disposer de lui-même.Ironie de l'histoire, la cause sahraouie pourrait tirer profit des révoltes arabes. Pierre Galland rappelle, à  juste titre, que le soulèvement de Gdeim Eizik, en décembre 2010, peut àªtre considéré comme un «signe avant-coureur» de ce qui allait s'appeler, une année plus tard, le Printemps arabe. Le ministre sahraoui chargé des relations avec l'Union européenne (UE), Mohamed Sidati, n'en pense pas moins. Dans une déclaration à  la presse avant le début des travaux, il a estimé que le contexte économique mais surtout politique régional va sans doute déteindre sur la cause sahraouie en ce sens qu'il s'agit avant tout d'une «lutte pour la liberté d'un peuple». «Cette édition de l'Eucoco revêt une importance particulière pour les Sahraouis du fait qu'elle se tient dans un contexte de crise économique en Europe et dans un contexte marqué par ce qui est appelé les révolutions arabes», explique M. Sidati. Si le Printemps arabe a visé les régimes corrompus et despotiques, le ministre sahraoui affirme que «l'intifadha sahraouie lutte contre un régime colonial oppresseur».
Pour cette 37e conférence, il est d'autant plus important  de «réaffirmer encore la solidarité des peuples européens avec la lutte des Sahraouis pour leur indépendance», a-t-il ajouté.
Gdeim Eizik, premier bourgeon du Printemps arabe
Pour autant, le ministre ne perd pas de vue la dimension humanitaire de la cause sahraouie, dans un contexte marqué par la crise économique et la raréfaction des ressources. «C'est une occasion aussi d'insister sur les préoccupations de l'Eucoco dans le sens de la solidarité humanitaire avec le peuple sahraoui et de la coopération avec les réfugiés sur le volet du développement, en examinant les voies permettant d'initier des projets dans les camps de réfugiés», a-t-il souligné. M. Sidati assure par ailleurs que le 37e Eucoco devra plancher aussi sur des questions liées «aux droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés, notamment sur le volet relatif à  l'ouverture des territoires occupés aux visites des journalistes, militants des droits de l'homme et observateurs indépendants».
De nombreux représentants d'ONG et du mouvement associatif européen, ainsi qu'une vingtaine de militants sahraouis des droits de l'homme venus des territoires occupés vont se relayer à  la tribune de l'Eucoco. Si les Sahraouis affichent bonne mine dans cette charmante ville d'Andalousie, les Marocains habitués à  jouer les trouble-fêtes comme ce fut le cas au Mans (France) n'ont pas encore pointé le nez. C'est dire que les Sahraouis évoluent ici en terrain conquis. Faut-il préciser d'ailleurs que la ville de Séville est jumelée avec la wilaya sahraouie de Dakhla depuis 2001 et que son conseil municipal l'est aussi avec Tifariti, dans les territoires libérés depuis 2010.
 


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