Des centaines de réfugiés sahraouis, exaspérés par l'inaction des Nations
unies et leur peu d'engagement à appliquer leurs propres résolutions affirmant
le droit à l'autodétermination, ont appelé à la reprise du combat par les
armes.
L'attaque brutale contre le campement de la contestation nationale
sahraoui à Laâyoune et l'absence de réactions minimales de la part de
l'organisation des Nations unies achèvent de la discréditer définitivement aux
yeux des Sahraouis. Si le Polisario, sans fermer cette option, continue à
donner un peu de chance à la diplomatie, dans les camps de réfugiés, le temps
est à la colère. Et à l'appel à la lutte armée. Cette exaspération,
Jean-François Debargue, témoin fraternel, l'a constatée dans les camps. Dans un
courrier adressé aux amis, il note que «des manifestations organisées mais
aussi spontanées ont immédiatement eu lieu dans tous les camps de la Hamada de
Tindouf. Au-delà de l'inquiétude et des pleurs des premiers jours, j'ai vu des
familles regarder en boucle les rares images retransmises sans se lasser
d'exprimer leur tristesse et leur compassion». De la tristesse. Ensuite, est
venu le temps de la colère.
Des jeunes qui veulent en découdre avec la Minurso
Les jours suivants, écrit Jean-François Debargue, dans un témoignage
d'une grande sobriété, «j'ai vu les jeunes voulant en découdre avec la Minurso,
puis des groupes de femmes, déterminées à marcher vers le mur et ses champs de
mines, être raisonnées par le Polisario». Il constate que le «gouvernement
sahraoui a arrêté toutes ces tentatives spontanées et affirme vouloir aller
jusqu'au bout des initiatives de négociations encore possibles. La population,
malgré les douleurs familiales, reste incroyablement respectueuse des décisions
hiérarchiques». Jusqu'à quand cependant, le Polisario pourra-t-il contenir une
jeunesse qui ne supporte plus la situation d'injustice subie par les Sahraouis
? La volonté des jeunes d'en «découdre» avec la Minurso n'a pas besoin d'être
largement expliquée. Cette mission en charge officiellement de l'organisation
du référendum au Sahara Occidental s'est transformée en instrument de
surveillance du maintien du cessez-le-feu, elle ne s'occupe plus de sa mission
originelle. La Minurso incarne parfaitement la situation inique faite aux Sahraouis:
elle ne s'occupe pas de l'autodétermination mais elle Å“uvre à fermer l'option
légitime de la lutte armée face à l'impasse. Si le Polisario contrôle encore la
situation, il n'est pas sûr qu'il puisse résister à la pression des jeunes si
la situation d'impasse perdure. Or, au vu de l'attitude de la communauté
internationale, cette impasse est partie pour durer. Les manifestants, qui
scandaient des slogans appelant la direction du Polisario à adopter une
position «plus ferme pour sauver les citoyens sahraouis» au Sahara Occidental,
adressaient de fait un avertissement aux dirigeants sahraouis.
La patience a ses limites
La grande patience dont font preuve les Sahraouis commence à atteindre
des limites. Quand des manifestants disent «leur disposition à prendre les
armes et à se sacrifier pour la libération de leur pays», c'est aussi bien
l'affirmation d'une détermination qu'un reproche à la direction du Polisario.
Manifestement, les jeunes Sahraouis ne veulent pas que la direction du
Polisario tombe dans les travers d'une action diplomatique sans autre but que
de donner l'illusion qu'il existe un processus politique qui rendrait «caduc»
le retour à la lutte armée. Pour les réfugiés sahraouis, l'attitude du
gouvernement espagnol incarne jusqu'à l'écÅ“urement la malhonnêteté des Etats
occidentaux qui cherchent à imposer le plan d'autonomie marocain comme ersatz à
l'autodétermination. Zapatero n'a pas hésité à invoquer «l'intérêt de
l'Espagne» pour justifier une attitude pour le moins scandaleusement timorée qui
a été dénoncée avant-hier par des milliers de manifestants espagnols. La
violente attaque marocaine contre le campement de l'affirmation nationale
sahraoui est une escalade violente qui bénéficie de la «compréhension» des
Occidentaux. Le message a été clairement perçu par la population sahraouie que
ce soit dans les camps de réfugiés, dans les territoires occupés ou à Madrid.
D'où la réaffirmation claire que le retour à la lutte armée est une option
légitime.
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Posté Le : 15/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com