Algérie

Les sages-femmes face à l'insécurité



Les sages-femmes face à l'insécurité
Les sages-femmes de l'hôpital Ibn Rochd de Annaba et Abdallah Nouaouria d' El Bouni ont observé hier, un mouvement de contestation, a-t-on constaté sur place.Au motif de cette action, le moins que l'on puisse dire inattendue, les désagréments professionnels auxquels ce personnel de la santé publique est confronté. Selon certaines contestatrices apostrophées sur place, la situation serait insoutenable, au vu des actes de violence et agressions perpétrés à leur encontre par les familles des femmes admises aux deux services d'accouchement, des deux institutions respectives, d'Ibn Rochd de Annaba et de Nouaouria d' El Bouni.
«Plusieurs d'entre nous ont été violentées et même agressées, par certains maris, soeurs entre autres membres de familles en visite au service obstétrique», dira une sage-femme.
«D'autres ont même fait l'objet de poursuites judiciaires, après des dépôts de plaintes, introduites par certaines familles, parce que tout simplement on leur a interdit les visites hors les heures réglementaires, ou parce qu'on a demandé à cette femme devant accoucher, de rentrer chez-elle puisqu'elle n'est pas en poste prè-accouchement», a expliqué notre interlocutrice. Soutenue dans ses propos par d'autres sages-femmes qui ont mis en avant également la pression qu'elles subissent, de par le transfert des cas difficiles, depuis plusieurs wilayas de l'Est, Tébessa, El Tarf, Souk Ahras et Guelma.
Les contestatrices des services d'accouchement et obstétrique des institutions hospitalières de Annaba et El Bouni, ont à travers ce mouvement de contestation, tenu à dénoncer la précarité des conditions dans lesquelles elles exercent. A l'unanimité, les sages-femmes ont énuméré les difficultés professionnelles qu'elles endurent, en l'absence de solutions en adéquation avec la nature sensible de leur profession. Dans ce sens, les sages-femmes ont mis en avant, le manque criant de moyens humains et matériels, pour contenir la pression du service, qui selon elles, procède jusqu'à 60 cas d'accouchement par jour, dont la majorité provient des cinq wilayas de l'Est. Les contestatrices ont également fait part de leur exposition aux dangers sans aucune mesure de protection. Situation qualifiée d'insoutenable, au vu du nombre de patientes, notamment transférées des wilayas limitrophes, surtout avec le défaut de moyens adéquats pour leur prise en charge. «La loi prévoit huit interventions d'accouchement, tout au plus, 10 par jour. Ce qui n'est pas le cas dans cette situation où, nous procédons à des cinquantaines d'accouchement par jour; avec seulement deux sages-femmes pour assurer le service de nuit», nous dit- on. «Situation qui met au défi les capacités des sages-femmes, le plus souvent incapable de prendre comme il se doit les cas à leur charge», devait expliquer nos interlocutrices. Il est à noter que le travail de sage-femme nécessite un volume horaire de 13 heures non-stop. Mais en l'absence d'une atmosphère d'exercice appropriée et l'insuffisance de moyens humains et matériels, la situation se trouve aggravée par l'insécurité des lieux, occasionnant les comportements indécents des familles des femmes enceintes, leurs maris notamment. Aujourd'hui, face à ces conditions professionnelles qualifiées par les contestatrices d'hostiles, le sentiment de crainte est de mise pour cette catégorie des professionnelles de la santé publique à Annaba, qui appréhendent le sort de leurs homologues de la wilaya de Djelfa. «Nous ne sommes pas à l'abri d'une similitude de cas, comme celui de l'hôpital de Djelfa à cause d'erreurs, la responsabilité incombe à tout le monde», ont fait savoir les sages-femmes de Annaba. «La responsabilité de la sage-femme se limite à la prise en charge de la femme enceinte et d'assurer la sécurité du nouveau-né, pendant que les médecins se chargent de leur prise en charge, et décident de leur admission ou pas», ont tenu à préciser nos interlocutrices, qui ont revendiqué le renforcement de leur service en sages-femmes, au vu du déficit aigu. Elles ont également demandé le retour des sages-femmes transférées dans les autres polycliniques et institutions hospitalières. Signalons qu'en dépit du renforcement de ces services par 15 nouvelles sages-femmes, il demeure néanmoins, que le nombre reste encore insuffisant, par rapport à la pression du service. Dans l'élan de leur mouvement, les contestatrices ont également soulevé des problèmes socioprofessionnels dont, la préservation de la dignité des sages-femmes, la révision de la grille des salaires, la révision de la loi réglementant la profession de sage-femme et l'amélioration des conditions d'exercice, entre autres points retenus dans ce qui s'assimile à une plate-forme de revendications. De son côté, la direction du CHU Ibn Rochd, sans dénigrement au mouvement de son personnel a ouvert grande la porte du dialogue, avec les sages-femmes, leur promettant d'étudier et de prendre en charge, leurs doléances. La direction a également promis de revoir les mesures d'orientation des femmes enceintes, des autres wilayas. Dans ce sens, il ne sera autorisé à l'admission que les cas urgents, de femmes détentrices d'une orientation émanant d'un médecin de garde, au sein d'une institution hospitalière publique.


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