Algérie

Les ruptures et l’oubli de Mostefa Lacheraf, Essai - Casbah Éditions, Alger, 2004



Les ruptures et l’oubli de Mostefa Lacheraf, Essai - Casbah Éditions, Alger, 2004
Violent réquisitoire contre la médiocrité

Les ruptures et l'oubli: Essai d'interprétation des idéologies «tardives de régression en Algérie», ouvrage signé par Mostefa Lacheraf et édité par Casbah Editions dénonce «l'indigence culturelle de ceux qui ont œuvré à introduire et développer une idéologie négatrice de la personnalité algérienne».

L'homme de culture et militant Mostefa Lacheraf fait toucher du doigt, dans son dernier livre de 156 pages, une situation qui n'a cessé de miner tout un pays depuis les années 80 mais surtout l'après 88 où, dira-t-il, l'Algérie, «brisée dans son élan productif et ses capacités créatrices, est devenue à perte de vue et dans tous les secteurs de l'activité humaine, un pays rudimentaire d'éternels apprentis». L'ouvrage divisé en huit parties sous-titrées, pour certaines, renvoient le lecteur à des escales importantes de l'histoire de l'Algérie indépendante «balayée par tous les vents de mauvaises passions» jusqu'à conduire son peuple au désespoir, au gouffre.

Dans ce tourbillon de violence et d'incertitude, ou sous cette «ère soi-disant démocratique ou libérale des louches accointances du pouvoir précédent avec l'aventurisme et les marchandages antinationaux et alliances contre nature et suicidaires», Mostafa Lacheraf met en évidence la valeur de deux hommes, Boumediène et Boudiaf, qui avaient pour dénominateur commun l'édification d'une Algérie prospère, loin de toute anarchie, aliénation et sous-développement.

Ces deux hommes, écrira l'auteur, «ont su prouver une nette prédisposition dynamique». Il décrit également cette montée du conservatisme «obtus et rétrograde» et ce «revanchisme» inhabituel dans les pays du tiers-monde et notamment en Algérie «présumés être religieux, plus sûrement ennemi du progrès et de l'éthique nationale de libération» qui constitue une arme sournoise, incisive et pernicieuse apte à menacer et à ébranler «la souveraineté de toute une nation et à détruire ses symboles et acquis économiques».

Dans la préface du livre, le témoignage posthume de feue Mouny Berrah, repris à la demande de l'écrivain, met en valeur les qualités et particularités de ce militant de la cause nationale et homme d'une vaste culture, soulignant que «pour découvrir Mostefa Lacheraf, son itinéraire, ses multiples parcours de poête, de critique, de sociologue, d'essayiste, de militant, il faut savoir renoncer aux repères traditionnels, à la coquetterie auto-biographique, aux chronologies ordonnées».

Chez Lacheraf, estime la préfacière, «La vie et l'œuvre se confondent, se confortent, s'étayent. C'est à l'écrit qu'il lui arrive de se livrer, pour dire un lieu de naissance, une famille, une amitié, un souvenir, mais toujours dans le soucis premier d'illustrer une idée, de défendre une thèse, de livrer une connaissance. Quand il arrive que Lacheraf parle de lui, il s'agit toujours d'une mise en contexte, d'une re-territorialisation, d'une mise en perspective, telle celle d'un film colonial vu par les yeux d'un enfant de neuf ans».

Ce militant de la cause nationale, né en 1917, a adhéré au Parti du Peuple Algérien en 1939 pour rejoindre le FLN dès le déclenchement de la guerre de libération nationale.

Mostefa Lacheraf est ambassadeur d'Algérie de 1966 à 1977, puis de 1979 à 1986. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, communications et articles sur l'histoire idéologique, politique et culturelle de l'Algérie. Ce membre du conseil national de la Révolution algérienne, du conseil consultatif national et ministre de l'Education nationale, a collaboré à la rédaction de la charte nationale de 1976.


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