Algérie

Les robes noires ont mis le pantalon



Cela ne s?est jamais vu ici. Une journée sans avocats, sans défense et donc sans plaidoirie. Dans un pays où la justice, lourde et industrielle, condamne tous les jours des milliers d?Algériens, le fait est remarquable et la raison est évidente. Le minimum pour une nation juste est d?assurer la protection de ses concitoyens, donc des avocats, derniers défenseurs. Ce qui n?est pas le cas. La meilleure défense reste l?attaque et les avocats ont raison, mais quelle a été la réaction ? Justice aveugle, peuple sourd, les Algériens ne se sont pas sentis concernés, une fois de plus. Plus haut, les réactions ont été autres. D?abord la déviation en touche, le ministre Belaïz a annoncé le même jour des mesures disciplinaires à l?encontre de magistrats. Ensuite, encore plus haut, le président Bouteflika, en tant que premier magistrat du pays, ne s?est pas senti concerné, tout comme les Algériens de la base. A charge du ministre donc de régler un problème aussi énorme que l?absence de justice, dans un pays qui est né sur un sentiment positif d?injustice. Si l?on a souvent collé l?étiquette d?homme de rupture au premier magistrat du pays, les faits montrent qu?au contraire, c?est plutôt un homme de consensus qui s?inscrit dans la continuité. En reconduisant les mêmes méthodes et des ministres qui étaient là avant lui, c?est-à-dire avant 1999, l?actuel président a montré qu?il n?était pas là pour un changement de fond, mais pour laisser vivre un statu quo meurtrier qui tue chaque jour autant d?intelligences que d?ouvertures vers les futurs. Les trémies et les autoroutes, c?est bien, les barrages d?eau et les centrales électriques, c?est bien aussi. Inaugurer des cités et des gares routières, c?est important. Mais dans ce chantier aussi gros qu?est la justice, il est clair qu?il faut faire quelque chose. Quoi ? Par exemple, attaquer la justice en justice.


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