Algérie

Les risques du métier



Les médias lourds français se sont montrés particulièrement discrets sur un colloque organisé au Sénat, à Paris, sur le thème de l'agression israélienne contre Ghaza. Les voix des sénateurs y ont été discordantes à l'égard des arguments avancés par l'Etat hébreu pour justifier le massacre des populations palestiniennes.Cela pouvait à tout le moins faire désordre à une heure de grande écoute où la tragédie de Ghaza n'a pu faire l'ouverture des journaux télévisés que dans la mesure où l'image du président français y était associée. Nicolas Sarkozy n'accepterait pas d'être relégué au deuxième ou troisième rang dans la hiérarchie des événements.Que vaut, dans de telles conditions, la parole d'un sénateur français lorsqu'il exprime une distance avec la pensée la plus convenue ' Elle devient en fait totalement inaudible, même si l'on sait par ailleurs que le service public français dispose d'une chaîne parlementaire. Il s'agit, au regard du politiquement correct, d'une question qui fâche. Bien que, sur le fond de l'affaire, nul ne puisse faire grief aux sénateurs français de s'être transformés en relais du Hamas palestinien.Procès qui a été insidieusement intenté au dirigeant de la ligue communiste révolutionnaire, Olivier Besancenot, après sa participation à des manifestations de soutien aux populations de Ghaza. Ce n'est plus le registre du professionnalisme qui, dans ce cas de figure, fait la part des choses. Parce qu'alors, la règle imposerait d'écouter les parties en conflit. Ce n'est pas le professionnalisme qui prime mais le non-dit qui autorise à faire l'impasse sur le propos contradictoire d'un sénateur français dans l'exercice de ses fonctions.Il y a bien sûr le prétexte discutable selon lequel l'armée israélienne a interdit le théâtre des opérations aux journalistes, d'où qu'ils viennent. A telle enseigne qu'il a été aussi difficile aux médias lourds français d'être témoins des bombardements de Ghaza que des prises de parole sous les lambris pourtant pacifiques du Sénat. En d'autres termes, qui peut le plus peut le moins.Ce qui ajoute aux risques du métier de journaliste, en période de conflit, celui de ne plus être crédible, ce qui n'est pas un étalon de mesure indifférent. Une chaîne de ce même service public français ne s'était-elle pas distinguée en diffusant de vieilles images pour illustrer l'agression israélienne contre Ghaza ' Cela donne la mesure du malaise des médias lourds français face à une problématique qui est d'abord et surtout celle de l'information.L'exemple de l'occultation du colloque sur la Palestine au Sénat français en témoigne. C'est une manière implicite de prendre parti et donc de priver le public de son droit à une information équilibrée.Ce parti pris transparaît d'autant plus dès lors que l'impasse faite sur les sénateurs français qui ne faisaient qu'exprimer une opinion s'accompagne d'interventions récurrentes qui, notamment depuis El Qods occupé, donnent la parole à des correspondants permanents dont l'essentiel des envois consiste à diaboliser toute idée de résistance en l'estampillant du sceau infamant du terrorisme.De ce point de vue, Ghaza a été le tombeau d'une objectivité érigée en dogme, mais dont ceux qui en parlent le plus la pratiquent le moins.


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