Algérie

Les révolutions arabes s'invitent à Varsovie



Les révolutions arabes s'invitent à Varsovie
Varsovie (Pologne).
De notre envoyé spécial
  Quel avenir pour le monde arabe après les révolutions ' Comment les peuples ayant enclenché des changements démocratiques dans leurs pays respectifs peuvent-ils réussir la transition ' Quels seront les rapports entres l'Union européenne et ses voisins du sud de la méditerranée ' Ces interrogations ont été au cœur des débats lors d'une conférence ayant pour thème «Union européenne et pays de voisinage du sud : nouvelles perspectives pour la coopération mutuelle dans un environnement changeant» organisée, les 1er et 2 décembre à  Varsovie (Pologne). Initiée par le ministère des Affaires étrangères de Pologne et la Commission européenne, cette rencontre de haut niveau s'est tenue avec la participation de nombreuses délégations venant du Maghreb et du Moyen-Orient.
Un printemps ou un hiver arabe '
Il s'agit des représentants des sociétés civiles et des officiels d'Algérie, d'Egypte, de Jordanie, de Syrie, de Tunisie, du Maroc, de la Palestine, de Libye et du Liban. Ces derniers sont venus, en effet, pour exposer leurs points de vue et s'imprégner des expériences des pays ayant déjà connu des révolutions similaires, à  l'instar de la Pologne. Un pays qui s'est libéré de l'emprise soviétique en 1989 grâce à  une formidable mobilisation menée par la fédération des syndicats polonais, Solidarnosc (Solidarité), et son leader Lech Wa'esa.
Les participants à  ce rendez-vous se sont accordé à  dire, dès l'ouverture de la conférence, que les révolutions ayant secoué le monde arabe sont «certainement l'événement majeur des vingt (20) dernières années». Seulement, après l'enthousiasme suscité par ces révoltes, les victoires des islamistes aux élections en Tunisie, en Egypte et au Maroc ont provoqué le désenchantement. L'Europe, du moins certaines parties de ce continent, affiche des appréhensions sur l'avenir des rapports avec les voisins du Sud. Le printemps s'est-il transformé, finalement en automne ou en hiver arabe ' «Nous ne savons pas encore comment se terminera ce processus. Nous ne pouvons pas préjuger de l'issue des révolutions. Mais, il est certain que le changement ne sera pas superficiel», explique un représentant du Sénat polonais. «Plus ces changements seront profonds, plus bénéfiques ils seront pour le monde entier et pas seulement pour les populations de la région», enchaîne-t-il. Citant l'exemple des processus électoraux organisés en Tunisie, au Maroc et en Egypte, le sénateur se dit convaincu que  «l'idée selon laquelle les Arabes sont incompatibles avec la démocratie est fausse». «C'est une erreur de véhiculer de telles idées», soutient-il. Quel sera le rôle que jouera l'UE pour accompagner les pays en transition '
«Personne ne renonce au pouvoir de son propre gré»
Selon lui, en plus des financements, l'UE et la communauté internationale doivent écouter et aider les peuples du Sud pour réussir leurs transitions. Dans ce sens, les participants soulignent qu'il faut distinguer deux types de réformes. Le modèle le plus réussi, selon Mme Grazyna Bernatowicz, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères de Pologne, est celui des réformes faites au niveau local. Présentant l'expérience polonaise comme un exemple réussi en comparaison avec celle de l'ex-Yougoslavie, qui a sombré, des années durant, dans une guerre civile, Mme Grazyna Bernatowicz estime que le changement des systèmes est possible. Pour cela, elle dresse un certain nombre de conditions : le respect des libertés (la liberté d'expression, la liberté de réunion et de rassemblement), l'instauration de la liberté citoyenne et la mise en place d'un système du multipartisme. «La réussite d'un système démocratique repose sur des institutions démocratiques», ajoute-t-elle. Revenant sur les écueils qui se dressent souvent devant les processus de changements post-révolution, un ancien ministre de l'Intérieur polonais cite notamment «les restes du système renversé». «Personne ne renonce au pouvoir facilement et de son propre gré», indique-t-il, en présentant son expérience avec les milices du système communiste qui avait noyauté toutes les institutions, dont la police.
Les réformes en Algérie ignorées
En dépit de la présence des officiels algériens et des représentants des partis (FLN et MSP), aucun des conférenciers n'a fait référence aux réformes en Algérie, ce qui dénote que «les réformes politiques de Bouteflika», critiquées à  l'intérieur, n'ont aucun écho de l'autre côté de la Méditerranée. N'était l'intervention d'Ali Mokrani, directeur de la coopération avec l'UE au ministère des Affaires étrangères, la conférence aurait été clôturée sans un mot sur l'Algérie. «L'Algérie, à  la différence des autres pays de la région, ne part pas de zéro. Elle est à  inscrire dans la catégorie des pays en phase de consolidation de la transition démocratique», dit-il en rappelant les réformes de 1989. Des réformes avortées, rappelons-le. Le représentant du ministère des Affaires étrangères rappelle aussi les réformes politiques engagées après les émeutes de janvier 2011. Dans le cadre de la coopération avec l'UE, Ali Mokrani affirme que l'Algérie est «disposée à  mettre son potentiel énergétique, économique et humain au service de la promotion des liens de confiance et de partenariat avec l'Europe». «L'Algérie qui a participé au processus de rénovation de la Politique européenne de voisinage (PEV) est pour une PEV fondée sur le respect mutuel et le partage des intérêts», soutient-il, en insistant sur la question de la circulation des personnes et la nécessité «de faciliter les conditions de délivrance des visas en tant que facteur de rapprochement entre les peuples».
 


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