Algérie

«Les révoltes ne se réduisent pas qu'aux seules questions socio-économiques»



«Les révoltes ne se réduisent pas qu'aux seules questions socio-économiques»
Kacemi Bouabdallah est sociologue, chercheur au Crasc, travaille depuis 2005 sur la thématique de tout ce qui se rapporte à la jeunesse.- Que traduit le fait que des Algériens bloquent des rues ou une route 'D'après mes études et enquêtes portant sur Oran, il est apparu que les formes de violence nouvelle ont essentiellement pour cadre des quartiers populaires tels Haï Essabah, Sidi Houari, Derb, Mdina Jdida et Saint Pierre où réside une forte population de jeunes, tous subissant le chômage, la pauvreté, voire la misère. En somme, ils capitalisent tous les facteurs négatifs qui les poussent à se révolter.- Mais alors, auparavant, ce sont aux symboles de l'Etat qu'ils s'en prenaient et pas à d'autres citoyens comme eux, automobilistes et voyageurs 'Ce qu'il faut bien voir, c'est que la violence comme moyen de protestation a évolué passant à d'autres étapes. Celle que vous évoquez est la phase ultime pour le moment afin d'imposer le dialogue à l'administration après l'échec des autres formes de revendication de leurs droits sociaux.- Et la surdité de l'Etat face à ce phénomène 'L'administration ne peut pas prendre en charge la solution de tous les problèmes. Elle est dépassée par le processus de révolte qui fait partie d'un ensemble plus vaste et qui ne se réduit pas qu'aux seules questions socio-économiques. Le mouvement social a forgé autrement la nouvelle génération d'Algériens qui constituent la majorité de la population. Dedans, il y a l'échec de tout le système de socialisation en particulier à travers l'école et la famille qui a éclaté.Par ailleurs, le politique n'est pas en phase avec l'évolution de la société qui elle exige le droit de citoyenneté. Il projette d'offrir de meilleures conditions de vie, investit dans des projets colossaux mais sans réussir à tenir ses promesses. C'est ce qui provoque ce que j'ai appelé «des étincelles de rébellion sociale» à l'image des étincelles dans une forêt, ce qui peut l'incendier.L'autorité de l'Etat est défiée, une autorité qui au demeurant n'est plus l'épouvantail qui tenait en main la société avant octobre 1988. Les gens n'ont plus peur de rien. La nouvelle génération a été socialisée dans la violence et de nouvelles valeurs ont pris le dessus.- Comme par exemple barrer une rue pour planter une tente pour un deuil, les commerçants qui occupent les trottoirs et empêchent même le stationnement des véhicules sur la voie 'Oui, mais tout cela également de loin. Des études menées en France ont révélé que les difficultés psychologiques chez des individus dont le stress, la dépression et le suicide remontent à la guerre d'Algérie, à la deuxième guerre mondiale et même à la première ! Alors que dire de chez nous où elle est plus que séculaire, la dernière en date remonte à hier, la décennie noire.




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