Algérie

"Les revenus du groupe ne peuvent pas couvrir ses investissements"


Dans cette interview, le P-DG du groupe Sonelgaz revient sur certaines décisions du gouvernement, issues de la Conférence nationale sur le plan de relance, dont la dépénalisation de l'acte de gestion et la relance de l'investissement. Chahar Boulakhras détaille également les missions auxquelles son groupe est désormais appelé, à savoir sa restructuration et sa réorganisation, ainsi que sa situation financière.Liberté : Le gouvernement a organisé mardi et mercredi derniers une conférence nationale sur le plan de relance pour une économie nouvelle à laquelle vous avez participé. Quels enseignements avez-vous tirés de cette rencontre '
Chahar Boulakhras : Le président de la République vient de prendre une décision très importante dans le cadre de la gouvernance économique du pays, à savoir la dépénalisation de l'acte de gestion. Cette décision salutaire vaut son pesant d'or et tombe à point nommé par rapport à la mise en ?uvre du plan de relance économique tracé par le gouvernement. La nouvelle économie à laquelle nous aspirons tous et ce plan de relance dans lequel nous nous inscrivons pleinement nécessitent un capital humain de haute qualité et requièrent l'engagement de l'ensemble des managers à tous les niveaux. Cette mesure va offrir à tous les responsables un climat de confiance, de sérénité, de stabilité et de sécurité qui leur permettra de prouver leurs compétences et de démontrer leurs capacités à servir leur pays chacun dans le poste de responsabilité qu'il occupe. Cette décision tant attendue par les gestionnaires, les cadres dirigeants d'entreprises et autres administrateurs va libérer davantage les initiatives et favorisera une véritable autonomie dans la prise de décision, voire dans la gestion de manière générale. Ce qui va, sans aucun doute, réserver un avenir économique plus prometteur pour l'Algérie.
Il est question de contrats de fusion en conglomérat de quatre filiales relevant du groupe signés récemment à Alger, en vue de leur annexion à la société mère pour revoir leur organisation. Quelles sont les raisons qui ont motivé cette décision '
Comme vous le savez, l'organisation d'un grand groupe de la taille de Sonelgaz doit être dynamique. Nous cherchons à travers ces options d'organisation à mutualiser nos ressources et à nous reconcentrer sur nos métiers de base et corps de métier. Nous comptons aller vers une démarche de réduction des coûts et des charges sur toute la chaîne de valeurs. Cela permet de créer un besoin. Quand on fusionne et on absorbe, des activités seront externalisées pour certaines, d'autres transférées à d'autres filiales du groupe Sonelgaz corps de métiers. Ce qui, par conséquent, va créer de la richesse de manière indirecte parce qu'il y aura un besoin qui s'exprimera. Cela dit, tous les acquis sociaux et professionnels des travailleurs de ces filiales seront préservés. Par ailleurs, cette restructuration va donner l'opportunité aux autres PME/PMI qui gravitent autour de ces activités directes et indirectes de se repositionner et de se développer davantage. En outre, nous sommes à Sonelgaz sur une dynamique de relance économique telle que celle que vient d'entamer le gouvernement à travers la tenue de la récente conférence nationale dédiée à ce sujet que je qualifie d'historique à plus d'un titre. Car, c'est pour la première fois que tous les acteurs, en l'occurrence l'Exécutif, les opérateurs économiques, les partenaires sociaux et les experts, se réunissent autour d'une table pour débattre de questions qui engagent l'Algérie nouvelle dans une autre vision, une autre stratégie économique.
Vous avez pris part en tant que P-DG du groupe Sonelgaz à l'un des ateliers programmés au cours de cette conférence nationale, à savoir "comment faciliter l'investissement". Peut-on connaître les domaines que vous avez abordés '
La restructuration enclenchée au sein de Sonelgaz, qui, je dois le souligner, connaîtra une deuxième phase incessamment, coïncide indubitablement avec les dispositions du plan de relance que va mettre en application le gouvernement via la feuille de route qui devrait être en principe dégagée à la lumière des riches débats qui ont caractérisé la conférence nationale. Notre nouvelle réorganisation à Sonelgaz va, par voie de conséquence, accompagner ce plan de relance en termes d'orientations et de décisions économiques. L'énergie demeure un moteur de développement social, certes, mais aussi économique. J'ai eu l'occasion, dans l'un des ateliers de la conférence nationale sur le plan de relance, de m'exprimer et de donner mon avis sur de nombreuses questions liées au domaine de l'énergie. Je suis intervenu en tant que P-DG de Sonelgaz, mais j'ai apporté aussi ma contribution de par mon expérience sur le terrain. J'ai présenté les performances et les contreperformances, et touché du doigt là où ça a fonctionné et là où ça ne l'a pas été. J'ai également signifié le rôle que doit jouer Sonelgaz dans le cadre des investissements. J'ai aussi donné mon avis quant à l'impératif de créer l'écosystème global, le climat des affaires à améliorer et de replacer l'Algérie à l'internationale, lui donner une meilleure place dans le classement Doing Business, afin qu'elle devienne plus attractive à la fois pour l'investisseur national et étranger. Avec l'exécution de toutes les recommandations issues de cette rencontre, nous sommes convaincus qu'un nouvel écosystème qui favorisera le développement effectif d'un tissu industriel algérien ou des services, publics ou privés, sera mis en place. Nous avons également abordé les aspects liés à la concurrence, aux mesures incitatives, au foncier industriel... qui ont, jusque-là, constitué de véritables facteurs de blocage des projets d'investissement. Bref, nous avons mis l'accent sur le take-off nouveau, le décollage idoine de l'avion économique de l'Algérie au profit des générations futures.
Peut-on savoir de manière générale les états financiers du groupe Sonelgaz qui reste sempiternellement confronté à la problématique de créances impayées '
Sur le plan financier, ce n'est pas tout à fait la joie, à l'instar des autres entreprises algériennes. Les revenus ne peuvent pas couvrir les investissements du groupe. Or, Sonelgaz reste une entreprise qui investit énormément. C'est un domaine très capitalistique. Il faudrait, de ce fait, trouver d'autres alternatives de financement. Nous avons, dans ce sens, déposé un dossier bien ficelé auprès du gouvernement. Il est à l'étude. Je suis certain que des solutions seront trouvées. Toutefois, cela n'a pas empêché Sonelgaz de se développer et de poursuivre la réalisation de ses programmes de développement qui, faut-il le préciser, ont été révisés à la baisse à cause de cette crise. C'est ce qui a d'ailleurs mis notre pays à l'abri de grands incidents particuliers en matière de déficits de production grâce à la bonne réserve existante. Comme vous le savez, nous avons passé un été plutôt calme aussi bien au nord qu'au sud du pays, hormis quelques incidents qui sont circonscrits dans le temps et dans l'espace grâce à la réactivité de nos équipes d'exploitation auxquelles je rends hommage aujourd'hui pour leur disponibilité et leur abnégation durant toute la période de la pandémie de Covid-19. Il fallait approvisionner en alimentation en gaz les citoyens qui étaient confinés chez eux et accompagner l'effort national, en tant qu'entreprise citoyenne, lié à la lutte contre cette crise sanitaire. Vous me donnez ici l'occasion de m'incliner devant la mémoire des agents que nous avons perdus.

Propos recueillis par : BADREDDINE KHRIS
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)