Le retraité n'est pas un bouc, sinon on l'aurait chargé de tous les maux du monde, il est tout simplement un individu qui a, dans cette jeunesse fougueuse, donné toute sa force et toute son ardeur pour son pays. Il a contribué au développement, il a enrichi des hommes et des femmes, il a créé de la dynamique, il a construit le pays, il a fauté, il n'a jamais été infaillible.
C'est toujours un homme avec ses tendances, ses faiblesses, ses qualités et sa valeur intrinsèque. Des années fort nombreuses ont été pour la construction, il n'a jamais pensé qu'à son travail, il n'a jamais rien fait pour lui-même, il a délaissé ses enfants, il a oublié sa famille. On lui a reproché d'user de son pouvoir, on lui a fait comprendre qu'il n'est pas propriétaire des lieux, on lui a, à plusieurs reprises, signifié son inutile indispensabilité au sein de la société surtout par ces chefs investis des pouvoirs des divinités dont ils font partie. Cette grande famille de violonistes qui jouent depuis des décennies la même partition en appuyant sur la seule fibre qu'ils reprennent en boucle dans toutes les circonstances où leurs intérêts ne paraissent jamais au grand jour. Le retraité ou plutôt le maltraité est un numéro parmi tant d'autres, il n'est plus qu'une peau de chèvre asséchée jusqu'à la dernière goutte. On le balance dans quelque recoin sans ménagement, il doit rendre le tablier à ses maîtres, il faut qu'il quitte les lieux dans les délais les plus brefs juste après les laconiques éloges et le papier aussi petit et concis que devint sa vie professionnelle en l'instant de son départ de la vie. Il ne fait plus partie des vivants, il est si mort que personne ne se rappelle son nom et si l'on parle de lui, ce n'est certainement pas pour le couronner mais pour le coui... Ma correction ne me permet pas de lâcher le morceau le plus sensible de l'homme que fut le retraité sans le mâle qu'il n'est plus. Ainsi va la vie, d'autres suivront et encore d'autres marcheront sur la même voie que d'autres ont tracée pour d'autres générations. La vie est chère, le retraité, sous toute la poussière accumulée dans ce cagibi, étouffe sous le poids des maladies et des méprisantes décisions qui n'arrivent pas ; car le décideur n'a pas décidé de décider parce que la décision de décider n'est pas encore décidée. Il lui faut, à ce décideur, réfléchir à la décision qu'il doit décider, quand il décidera de décider comment décider la décision qu'il n'a pas encore décidé de décider. Le décideur doit décider du moment de décider car il n'est pas facile de décider sans prendre la peine de décider une décision à décider que par la suite, il décide de transmettre à un autre décideur. Celui-ci mettra tout le temps voulu à prendre une décision qu'il ne décidera, que lorsqu'on décide de lui donner la décision de décider d'une décision décidée en haut lieu par le grand maître des décisions décidées. Après une grande décision de réflexion décidée sous l'ombre des prix, que le décideur commerçant a décidé de sa décision la plus personnelle ; sans qu'un autre décideur sache que le quintal de semoule a bénéficié d'une décision décidée par un décideur qui a décidé de décider alors que le super décideur sache que l'autre décideur a décidé de décider. Que le décideur décide de décider d'une augmentation il lui faut une autre loi qui décide qu'il décide quand il veut bien décider de décider, pour que la décision d'augmenter le retraité soit décidée sous le porche d'une mosquée comme pour faire la charité à ce laissé-pour-compte que l'on a décidé d'enterrer sous les décombres du labeur qu'il avait décidé d'accomplir dans sa prime jeunesse. Le retraité qui n'est plus décideur va décider d'une grève illimitée au bord de la mer prenant à témoin ces galets, qu'il glissera sur la surface de l'eau en un jet pas très convaincant. Il se contentera d'admirer le clapotis et les ondes que forme le galet lancé par lui, ex-décideur. Ainsi la décision est décidée par l'indécis… Miloud Chorfa * (Pars chèvre, tu n'as plus de lait) LES RETRAITES/VOX Le retraité n'est pas un bouc, sinon on l'aurait chargé de tous les maux du monde, il est tout simplement un individu qui a, dans cette jeunesse fougueuse, donné toute sa force et toute son ardeur pour son pays. Il a contribué au développement, il a enrichi des hommes et des femmes, il a créé de la dynamique, il a construit le pays, il a fauté, il n'a jamais été infaillible. C'est toujours un homme avec ses tendances, ses faiblesses, ses qualités et sa valeur intrinsèque. Des années fort nombreuses ont été pour la construction, il n'a jamais pensé qu'à son travail, il n'a jamais rien fait pour lui-même, il a délaissé ses enfants, il a oublié sa famille. On lui a reproché d'user de son pouvoir, on lui a fait comprendre qu'il n'est pas propriétaire des lieux, on lui a, à plusieurs reprises, signifié son inutile indispensabilité au sein de la société surtout par ces chefs investis des pouvoirs des divinités dont ils font partie. Cette grande famille de violonistes qui jouent depuis des décennies la même partition en appuyant sur la seule fibre qu'ils reprennent en boucle dans toutes les circonstances où leurs intérêts ne paraissent jamais au grand jour. Le retraité ou plutôt le maltraité est un numéro parmi tant d'autres, il n'est plus qu'une peau de chèvre asséchée jusqu'à la dernière goutte. On le balance dans quelque recoin sans ménagement, il doit rendre le tablier à ses maîtres, il faut qu'il quitte les lieux dans les délais les plus brefs juste après les laconiques éloges et le papier aussi petit et concis que devint sa vie professionnelle en l'instant de son départ de la vie. Il ne fait plus partie des vivants, il est si mort que personne ne se rappelle son nom et si l'on parle de lui, ce n'est certainement pas pour le couronner mais pour le coui... Ma correction ne me permet pas de lâcher le morceau le plus sensible de l'homme que fut le retraité sans le mâle qu'il n'est plus. Ainsi va la vie, d'autres suivront et encore d'autres marcheront sur la même voie que d'autres ont tracée pour d'autres générations. La vie est chère, le retraité, sous toute la poussière accumulée dans ce cagibi, étouffe sous le poids des maladies et des méprisantes décisions qui n'arrivent pas ; car le décideur n'a pas décidé de décider parce que la décision de décider n'est pas encore décidée. Il lui faut, à ce décideur, réfléchir à la décision qu'il doit décider, quand il décidera de décider comment décider la décision qu'il n'a pas encore décidé de décider. Le décideur doit décider du moment de décider car il n'est pas facile de décider sans prendre la peine de décider une décision à décider que par la suite, il décide de transmettre à un autre décideur. Celui-ci mettra tout le temps voulu à prendre une décision qu'il ne décidera, que lorsqu'on décide de lui donner la décision de décider d'une décision décidée en haut lieu par le grand maître des décisions décidées. Après une grande décision de réflexion décidée sous l'ombre des prix, que le décideur commerçant a décidé de sa décision la plus personnelle ; sans qu'un autre décideur sache que le quintal de semoule a bénéficié d'une décision décidée par un décideur qui a décidé de décider alors que le super décideur sache que l'autre décideur a décidé de décider. Que le décideur décide de décider d'une augmentation il lui faut une autre loi qui décide qu'il décide quand il veut bien décider de décider, pour que la décision d'augmenter le retraité soit décidée sous le porche d'une mosquée comme pour faire la charité à ce laissé-pour-compte que l'on a décidé d'enterrer sous les décombres du labeur qu'il avait décidé d'accomplir dans sa prime jeunesse. Le retraité qui n'est plus décideur va décider d'une grève illimitée au bord de la mer prenant à témoin ces galets, qu'il glissera sur la surface de l'eau en un jet pas très convaincant. Il se contentera d'admirer le clapotis et les ondes que forme le galet lancé par lui, ex-décideur. Ainsi la décision est décidée par l'indécis…
Miloud Chorfa
* (Pars chèvre, tu n'as plus de lait)
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Posté Le : 26/01/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Soir d'Algérie
Source : www.lesoirdalgerie.com