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Les retraités Point Net



Les retraités                                    Point Net
Il y a déjà assez de détresse sur leur visage, en «temps normal». Les retraités. Ils sont l'incarnation de la détresse, parce que la difficulté, ils la vivent d'abord dans les aboutissements naturels, dont le déclin physique n'est pas des moindres. Alors, quand s'y ajoute le sentiment d'injustice qu'inspire l'effort mal récompensé, ça fait des dégâts sur des corps déjà bien entamés. L'effort de toute une vie. Ils ont travaillé, trente, quarante et parfois plus. Des boulots divers, de pénibilité différente certes, mais on n'en est pas aux nuances. Ils partagent l'indigence dramatique de ce qui est censé leur assurer le repos du guerrier, dans un minimum de confort et de dignité. Mais ils partagent surtout un certain désespoir dû à l'absence de perspective.
Une perspective que leur refusent le temps, l'incurie tutélaire et l'absence de volonté politique d'améliorer leurs conditions. Leur avenir est derrière eux ' Voyons. Ils voudraient bien en avoir un bout tout de suite ! Un avenir ici et maintenant. Qui leur permettra de revenir à la maison avec le couffin «moins vide».
Qui fasse que la virée au marché serve parfois à autre chose qu'une balade de santé imposée par la misère. Ils voudraient bien partager plein d'autres choses.
Autre chose que les parties de dominos sans plaisir ni passion tapées sur un carton de cité-dortoir. Ils voudraient se rencontrer dans des espaces un peu plus gais que des bancs publics qui ne sont pas si publics que ça, faute de places pour tout le monde. Se donner rendez-vous un matin pour emmener les enfants aux manèges.
Et pourquoi ne pas aller à la pêche ' Les enfants ont grandi et beaucoup d'entre eux volent, ont volé, de leurs propres ailes. Ils aimeraient les appeler un jour pour leur demander de ramener les enfants pour un repas ou un week-end.
Les appeler pour autre chose que pour compléter l'ordonnance ou mettre la main à la poche afin de terminer des mois pourtant rongés par l'austérité. Les retraités. Ils n'ont pas de maisons de retraite et, parfois, ils n'ont pas de maison tout court, parce que «le logement de fonction» ou «l'habitation d'astreinte», on les a sommés d'en déguerpir dans la semaine où on les «honorait» pour les inestimables «services rendus au pays». Les retraités. *
Il y a déjà assez de détresse sur leurs visages burinés en temps normal. Alors, quand ils sont en colère' Hier, ils aimeraient se rencontrer ailleurs mais ils se sont rencontrés sur le pavé de la Maison du peuple. Ils veulent des augmentations, alors ils ont essayé de marcher. On leur a accordé des clopinettes et on les a empêchés de marcher.
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