Le parti islamiste
Ennahda a annoncé qu'il devrait recueillir environ 40%
des suffrages aux premières élections libres de la Tunisie, alors que les
résultats définitifs du vote pour une assemblée constituante devaient être
annoncés officiellement aujourd'hui mardi. «Nous allons obtenir entre 60 et 65
sièges dans l'assemblée constituante», a déclaré à l'AFP sous couvert de l'anonymat
un dirigeant du mouvement islamiste. Ennahda estime
avoir remporté environ 40% des suffrages ce qui, en nouant des alliances, le
placera en position de force. Selon le dirigeant d'Ennahda,
le parti islamiste a remporté au moins neuf des 18 sièges réservés aux
Tunisiens résidant à l'étranger dans l'assemblée constituante de 217 membres
qui sera chargée de rédiger une nouvelle constitution et de désigner un nouvel
exécutif jusqu'aux prochaines élections générales. Il s'attend à obtenir
«environ 40% des voix», a indiqué à l'AFP Samir Dilou,
membre du bureau politique du parti. «On est sûr de l'emporter dans 24 (des 27)
circonscriptions» du pays, a-t-il dit, citant «les propres sources» de son
parti.
«C'est clair qu'Ennahda devance tout le monde dans la grande majorité des
circonscriptions», a reconnu Adel Chaouch, membre du
bureau politique d'Ettajdid (gauche). Le mouvement Ettakatol (gauche) de Mustapha Ben Jaafar
et le Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste) de Moncef Marzouki se disputent la
deuxième place au scrutin, selon les estimations données par ces partis à l'AFP.
«Nous aurons autour de 15% des suffrages, ce qui se traduirait par un minimum
de 30 sièges selon des statistiques à l'échelle nationale», a déclaré à l'AFP
Khalil Zaouia, numéro 2 d'Ettakatol.
«On espère être les seconds», a déclaré Moncef Marzouki, dirigeant du CPR crédité de 15 à 16% des
suffrages, selon des estimations concordantes. «Ce qui compte, c'est que nous
avons désormais une véritable cartographie politique. Le peuple tunisien a
assigné à chacun son poids», a déclaré à l'AFP l'ancien opposant en exil. «Ennahda est certes majoritaire, mais nous sommes deux
entités démocratiques Ettakatol et CPR, très faibles
au départ mais qui (...) se retrouvent avec une stature nationale pour
construire la vie politique, instaurer une modernité rationnelle dans un pays arabo-musulman», a dit à l'AFP M. Zaouia.
Le Parti démocrate
progressiste (PDP, centre-gauche) qui était donné par les sondages en seconde
position, a pris acte de sa défaite. «Les tendances sont très claires. Le PDP
est mal positionné. C'est la décision du peuple tunisien. Je m'incline devant
ce choix. Je félicite ceux qui ont obtenu l'approbation du peuple tunisien», a
déclaré hier lundi à l'AFP sa secrétaire générale Maya Jribi,
se rangeant dans le «camp de l'opposition». «Nous serons toujours là pour
défendre une Tunisie moderne, prospère et modérée», a poursuivi la chef du
parti qui avait axé sa campagne sur son opposition au parti islamiste.
La Commission électorale (Isie)
devait normalement annoncer aujourd'hui les résultats définitifs du scrutin
historique de la veille, marqué par une mobilisation massive. Le dépouillement
s'est achevé tard dans la nuit et l'ensemble des procès-verbaux devait être
regroupé circonscription par circonscription avant l'annonce de premiers
résultats partiels dans la journée d'hier. «Nous sommes patients, nous avons
attendu cinquante ans, nous pouvons attendre encore 24h. C'est tout à fait
logique», résumait en souriant Houcine, interrogé
hier matin sur l'avenue Bourguiba à Tunis. Neuf mois après le départ de l'ex-président
Zine El Abidine Ben Ali
sous la pression populaire, plus de 7 millions d'électeurs tunisiens étaient
appelés dimanche à élire une assemblée constituante qui sera chargée de rédiger
une nouvelle constitution et de désigner un nouvel exécutif avant des élections
générales. Une chose est certaine, la très forte mobilisation des électeurs
tunisiens pour cette élection historique, organisée neuf mois après la
révolution qui a déclenché le «printemps arabe». La participation «a dépassé
toutes les attentes», selon l'Isie, qui n'a cependant
pas fourni de chiffre global sur l'ensemble du corps électoral estimé à 7,2
millions.
Le secrétaire
général de l'ONU Ban Ki-moon a félicité la Tunisie «pour la façon
pacifique et ordonnée» dont s'est déroulé le scrutin. La
chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a salué les premières
élections libres de Tunisie qui marquent, selon elle, «le commencement d'une
nouvelle ère». La veille, le président américain Barack
Obama et plusieurs capitales européennes avaient
salué la mobilisation des électeurs et le bon déroulement du vote.
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Posté Le : 25/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hamida Ben Salah De L'afp
Source : www.lequotidien-oran.com