Un cabinet «consensuel» est-il possible entre deux leaders dont les philosophies politiques sont absolument opposées'Les Tunisiens ont pris goût à la liberté et rien ne les fera revenir en arrière.Comme annoncé le soir des urnes, les résultats complets des législatives seront donnés aujourd'hui, jeudi, à minuit. C'est ce qu'a, en tout cas, affirmé le membre de l'Isie, Nabil Baffoun. Au vu des retards enregistrés, il est toutefois à signaler que l'Irie de la région a procédé, hier, en présence d'un huissier notaire, de représentants des listes et d'observateurs à la reprise du tri des bulletins de vote dans la circonscription de Médenine (Sud). Environ 5 mille voix n'ont pas été prises en considération lors de l'opération de tri préliminaire.Baffoun a ajouté que l'Isie a choisi de procéder au dépouillement manuel et puis automatique pour être plus transparente que possible. Chafik Sarsar, président de l'Isie, a déclaré que le taux national aux élections législatives a atteint 69%. Mathématiquement parlant, le taux d'abstension est de 31%. Un taux qui avoisine donc celui des élections de 2011 où Ennahdha l'avait emporté avec une majorité absolue.Aujourd'hui, les Tunisiens ont, lors de ces deuxièmes élections législatives libres, donné un coup d'arrêt à l'islamisme dit «modéré» et ont su trouver le chemin de la démocratie.En dépit de la présence d'une mouvance djihadiste agissante, liée à ses congénères du Moyen-Orient et de l'Afrique sub-saharienne, la Tunisie a évité de tomber dans l'anarchie et le désordre.Il faut reconnaître que cet état de fait le doit, non seulement à son degré de maturité, mais aussi, on à l'habileté politique de Rached Ghanouchi leader d' Ennahdha, qui, instruit par l'exemple déplorable de l'Egypte de l'après-Moubarak, a tout de suite compris qu'il fallait jouer le jeu de la démocratie et, durant ses trois années de pouvoir, n'a pas commis l'erreur d'instaurer un régime ouvertement théocratique comme avait tenté de le faire, au Caire, le président Morsi.Ennahdha a tout simplement pris le risque d'accepter l'alternance.Largement désavoué par le corps électoral, ce fin manoeuvrier a eu l'élégance de téléphoner le soir même à son rival Caid Essbsi pour le féliciter de sa victoire.Avec les 83 sièges sur 217, contre 68 à Ennahdha, (selon des résultats préliminaires, Ndlr), Nidaa Tounès ne pourra, désormais, pas gouverner tout seul. Il lui faudra trouver des alliés. Ira-t-il les chercher chez les deux autres partis laïques ou préfèrera-t-il, étant donné la gravité de la situation économique et sociale, faire un front commun avec Ghannouchi' Si cette deuxième option est plus plausible, cela ressemblerait au cas, en France, à une alliance UMP-PS. Chose qui serait inpensable.Il faudra, en tout cas, attendre quelques jours pour y voir plus clair. Même battu, il ne faut pas croire qu'Ennahdha va disparaitre. Ses leaders, membres ou sympatisants, bien structurés et organisés disposant d'une assise populaire certaine, riches de l'argent qui se déverse sur eux à flots, ils pèseront encore longtemps sur la société et la vie politiques tunisiennes et attendront patiemment leur revanche.L'oeuvre à accomplir est immense: renflouer l'économie, ranimer le tourisme qui est la principale richesse du pays, lutter contre le chômage, tenir compte du fait que les Tunisiens ont pris goût à la liberté et que rien ne les fera revenir en arrière.
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Posté Le : 30/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Neffousi OULD SI AHMED
Source : www.lexpressiondz.com