Algérie

«Les résolutions de l'onu portant protection des femmes ne sont pas appliquées»


«Les résolutions de l'onu portant protection des femmes ne sont pas appliquées»
-En tant que militante de la cause féminine, pensez-vous que les textes internationaux sont suffisamment précis pour àªtre des outils de plaidoyer précieux dont les ONG devraient se saisir si les accusations qui pèsent contre le régime d'El Gueddafi venaient à  àªtre prouvées ' La prise de conscience des viols de femmes dans les conflits est tardive. Ces crimes ont été répertoriés et débattus au sein des organisations internationales, particulièrement suite aux guerres en ex-Yougoslavie et au génocide au Rwanda dans les années 1990.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a entériné à  l'unanimité  deux résolutions très importantes sur les droits des femmes : la résolution 1325 (2000) met l'accent sur l'impact des conflits sur la situation des femmes et leur contribution à  la paix et à  la sécurité. La résolution 1820 qui affirme l'engagement politique du Conseil de sécurité à  protéger les femmes et les filles contre les violences sexuelles durant les conflits armés réaffirme son intention d'envisager des sanctions ciblées contre leurs auteurs. Ces deux résolutions sont essentielles et – me semble-t-il – suffisantes à  ce stade. Le problème réside dans leur mise en pratique par les Etats. Actuellement, plusieurs Etats ont mis en place des plans d'action nationaux pour l'application de ces résolutions. Le travail de sensibilisation des sociétés civiles, des magistrats et des médias est essentiel pour que ces résolutions soient appliquées. -Vous semblez suivre de très près ce qui ce passe actuellement dans certains pays rabes. Vous qui connaissez si bien la Tunisie pré- et post-révolution, avez-vous senti de grands changements pour les femmes tunisiennes car, comparativement à  leurs voisines maghrébines,  beaucoup de droits fondamentaux leur sont déjà reconnus ' La Tunisie où je suis impliquée depuis plus de 10 ans dans le soutien à  des partis de l'ex-opposition et les organisations de la société civile, a bénéficié durant les 23 années de la dictature de Ben Ali de nombreuses avancées datant de l'époque du président Bourguiba, particulièrement les femmes. Suite à  la révolution de janvier dernier, dans le cadre du processus électoral, la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique a entériné à  l'unanimité la parité absolue entre les femmes et les hommes sur les listes électorales avec, pour sanction, l'invalidation pour les partis qui ne la respecteraient pas. J'espère que la Tunisie, si elle réussit sa transition démocratique, pourra servir de modèle pour les droits des femmes à  l'avenir, dans d'autres pays du monde arabe. -Les autorités de transition libyennes viennent d'annoncer le recours à  la charia dans la législation post El Gueddafi. Nombreuses sont les participantes à  cette 11e RIFS à  en parler et commencent déjà à  s'inquiéter du sort de la femme libyenne…Qu'en pensez-vous ' Il serait regrettable que dans la foulée  de la révolution en Lybie, les nouvelles autorités prennent la décision – hors de tout processus électoral – de placer la charia à  la source de la législation. Je pense que c'est au peuple libyen de décider en toute autorité, de son avenir. -Votre association Actions In The Mediterranean (AIM) s'était engagée dans un mégaprojet de coopération avec le mouvement associatif européen algérien. Vous dites que la commission européenne l'avait refusé malgré le poids dont jouit l'AIM en Europe et auprès de la famille royale de Belgique et en dépit du feu vert de l'Algérie et les démarches fructueuses effectuées sur place. Peut-on connaître les raisons de ce niet ' Suite à  la visite en Belgique d'un groupe de femmes journalistes algériennes dans le cadre d'un projet de solidarité et d'échange d'expériences entre journalistes, en 1998, dans la foulée de la guerre civile qui a dévasté l'Algérie, nous avons en effet proposé de mettre sur pied des échanges entre représentantes de divers secteurs de la société algérienne et belge. Nous souhaitions aider des universitaires, des médecins, des professeurs, des syndicalistes algériens à  rencontrer des collègues de la société civile belge avec l'idée de désenclaver nos interlocuteurs isolés du reste du monde à  cause de la guerre civile avec l'espoir que ces contacts mèneraient à  des coopérations fructueuses. Le projet a été refusé à  l'époque mais je suis convaincue que nous pourrions le reprendre si des partenaires algériens en manifestaient le souhait. -D'autres projets en perspective ' Plein !!!! Des projets avec les femmes palestiniennes et israéliennes et d'autres qui luttent pour une paix juste au Moyen-Orient, le soutien au processus démocratique en Tunisie : les femmes mais aussi la société civile, particulièrement dans les régions de l'intérieur qui avaient été abandonnées par le régime précédent. Un travail d'échange d'expériences entre femmes iraniennes, turques et marocaines… Je devrais écrire un livre si je voulais parler de tous les projets dans lesquels je suis impliquée ! -Un dernier mot ' Je souhaite retourner en Algérie et je suis convaincue que nous pourrons renforcer les échanges entre représentantes de la société civile belge et européenne et des collègues algériennes.
 
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