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Les réserves de change (II)



Le rapport publié par la Banque d'Algérie sur les réserves de change le 1er juillet 2012 ne nous apprend strictement rien. Ci-joint mon analyse en synthèse largement reprise depuis déjà 4 mois par la presse internationale.
2 - Le système financier algérien sclérosé et des réserves de change virtuelles Le système financier algérien est dans l'incapacité d'autonomiser la sphère financière de la sphère publique, cette dernière étant totalement articulée à la sphère publique dont l'Etat est actionnaire à 100%, le privé local ou international étant marginal, et les dernières mesures contenues dans la loi de finances 2010 devraient encore le restreindre. Il est le lieu d'enjeux importants de pouvoir expliquant que les réformes annoncées depuis 20 ans sont toujours différées. Après plus de 10 années d'ouverture, le marché bancaire algérien, selon le rapport de la Banque d'Algérie de 2009, se compose de six banques publiques et de quatorze banques privées avec une concentration au niveau des actifs de plus de 39% au niveau d'une seule banque, la BEA, communément appelée la banque de la Sonatrach Le système financier est actuellement le lieu par excellence de la distribution passive de la rente. La richesse nationale créée puise sa source dans la relation du triptyque: stock physique (stock ressources naturelles d'hydrocarbures) - stock monétaire (transformation: richesse monétaire) - répartition (modalités et mécanismes de répartition: investissement-consommation-fonds de régulation). La monnaie est avant tout un rapport social traduisant la confiance entre l'Etat et le citoyen, et se pose cette question: pourquoi ce dérapage du dinar depuis deux années sur le marché parallèle avec une distorsion de plus de 45/50% par rapport au cours officiel de la Banque d'Algérie (1 euro coté entre 140/150 dinars), pouvant d'ailleurs démonter qu'il existe une corrélation statistique entre le cours des hydrocarbures et la valeur du dinar algérien de plus de 70%. Entre 2011/2012, sans hydrocarbures, le dinar flotterait avec un cours qui dépasserait 450 dinars un euro, soit une dévaluation de 300%. C'est que Sonatrach ne crée pas de richesses ou du moins très peu, transforme un stock physique en stock monétaire (champ de l'entreprise) ou contribue à avoir des réserves de change. Qu'en est-justement de ces réserves de change objet de toutes les convoitises tant internes qu'internationales ' Le Fonds monétaire international (FMI) a demandé récemment au gouvernement algérien de contribuer à l'augmentation de ses ressources afin d'aider les pays en crise. L'Algérie doit fournir sa réponse courant octobre 2012. Les réserves internationales d'un pays sont, généralement, l'ensemble des disponibilités composant le portefeuille des actifs que sa Banque centrale détient (devises, or, droits de tirages spéciaux (DTS). La Chine dispose de réserves de change passées de 819 milliards USD en 2005 à 2.847 milliards USD en 2010 et à 3.181 milliards de dollars au 1er janvier 2012. C'est le fruit du travail des Chinois. Pour l'Algérie, cela provient de la rente des hydrocarbures. Aussi, les réserves de change (ne provenant pas de la création de la valeur en Algérie), sont certes une condition nécessaire mais non suffisante pour un développement durable. La monnaie, semblable au sang dans le corps humain, permet de dynamiser la production comme moyen d'échange ou de la freiner en cas de thésaurisation ou d'émission de la monnaie sans contrepartie productive générant d'ailleurs l'inflation qui pénalise l'investissement (hausse des taux d'intérêt) et les couches les plus vulnérables. Les réserves de change sont-elles une condition du développement ' Ces réserves permettent de sécuriser l'investissement et surtout d'éviter un dérapage plus important de la valeur du dinar, par rapport aux devises. Il existe actuellement une corrélation d'environ 70% entre la valeur actuelle du dinar et ce stock de devises via la rente des hydrocarbures. Autrement, le dinar flotterait à une parité de 300/400 dinars l'euro. Rappelons tout de même qu'il existe une disparité depuis une année entre le cours officiel et le cours sur le marché parallèle de la cotation du dinar algérien. Le différentiel varie entre 45 et 50%, traduisant certainement une sortie de capitaux. Cela renvoie à la monnaie qui est un rapport social traduisant le rapport confiance Etat/citoyens, un signe permettant les échanges ne créant pas de richesses. La monnaie, autant que les réserves de change, est un signe, moyen et non facteur de développement. Selon les évaluations du FMI sur les réserves de change officielles 2012 (hors fonds de souveraineté) des pays pétroliers de la région, les trois plus gros détenteurs de ces réserves sont l'Arabie saoudite (683,5 milliards de dollars), l'Algérie (205,2 milliards de dollars) et l'Iran (113,1 milliards de dollars). Pour l'Algérie, il convient de comptabiliser la part de l'or que le dernier rapport du FMI estime à 173,6 tonnes. Le Fonds indique que la dette extérieure brute de l'Algérie ne représentera que 2,4% du PIB en 2012 et devrait se maintenir au même taux en 2013 (contre 2,8% en 2011). La moyenne de la dette extérieure dans les pays exportateurs de pétrole de la région MENA est de 22,2% du PIB, les plus fortement endettés étant le Bahreïn et le Soudan, avec respectivement 135,2% et 77,8% du PIB. Concernant la dette publique de l'Algérie, elle devrait baisser à 8,9% du PIB en 2012 et à 8,6% en 2013 (contre 9,9% en 2011). Où sont ces placements ' Début septembre 2011, dans une déclaration reprise par l'agence officielle APS, le gouverneur de la Banque d'Algérie, estimant les réserves de change à 162,2 milliards de dollars contre 148,9 milliards à la fin 2009, a déclaré officiellement que les rendements des placements ont été de 4,74 milliards de dollars en 2009 à 4,60 milliards de dollars en 2010, alors qu'elles étaient de 5,13 milliards de dollars en 2008, de 3,81 milliards de dollars en 2007 et de 2,42 milliards de dollars en 2006. Avant la crise de 2008, les dépôts dans des banques privées internationales dites AAA (dont certaines ont été décotées) constituaient 20%, un montant qui a été ramené à 2% seulement depuis 2010, toujours selon le rapport de la Banque d'Algérie, qui ne précise pas quel a été le sort des 18% pendant la crise d'octobre 2008 ni l'identité des banques de dépôt. Par ailleurs, selon le gouverneur, environ 98% de ces placements, répartis entre les Etats-Unis et l'Europe, sont effectués en portefeuille de titres souverains (valeurs d'Etat) que l'Algérie avait achetés entre les années 2004 et 2007, lorsque les taux d'intérêt mondiaux étaient relativement élevés. Ces titres sont soumis à un taux d'intérêt moyen fixe de 3% en 2010, (supposant un placement à moyen terme et non à court terme, ne pouvant pas les retirer avant terme sans le risque de perde les intérêts), un rendement légèrement inférieur à celui de 2009 et 2008. Si l'on prend donc début 2011, cela signifie que 90% des réserves de change de l'Algérie sont placées à l'étranger tant en bons du Trésor américain qu'en obligations européennes. La question qui se pose est de savoir si des réserves algériennes ont été placées en obligations grecques, espagnoles, portugaises, hollandaises, pays qui accusent une très grave crise d'endettement et donc que l'Algérie aide déjà indirectement ' Devra-t-elle retirer ces montants pour aller les placer au FMI et à quel taux, et surtout à quel terme, ce qui les réemprunterait aux pays en difficulté ' L'Algérie pourra-t-elle récupérer son argent en cas de très graves difficultés de ces pays, pour ne pas dire de faillite, d'autant plus qu'il est annoncé une accentuation de la crise en Europe durant les prochaines années ' Donc, il s'agit d'abord de savoir si l'Algérie dispose d'un montant important disponible immédiatement pour répondre aux v'ux du FMI et quel sera le taux d'intérêt. Ainsi, le rendement des placements en valeurs d'Etat est presque négatif dans la mesure où le taux d'intérêt de 3% correspond «tout juste au taux d'inflation mondial actuel de 2010/2011. En effet, les taux à court terme ne peuvent être supérieurs au taux d'escompte des banques centrales et sont soumis aux fluctuations des taux directeurs bas et des tensions inflationnistes. Les taux directeurs sont depuis 2009/2010 pour la FED dans la fourchette des 0-0,25%. Pour la BCE, ce taux était de 1,25% en 2010 avec un relèvement à 1,5% en avril 2011 et un retour à 1% à la fin de l'année. La Banque d'Angleterre fixe son taux directeur à 0,5%. Le Japon pour sa part affiche un taux tendant vers zéro. D'une manière générale, si le stock, à moins d'une faillite généralisée de toute l'économie mondiale ou d'une grave crise politique en Algérie (ce qui entraînerait le gel des avoirs algériens à l'étranger), est garanti par les Etats, les risques sont minimes. Mais cela pose le problème des rendements. Le taux d'intérêt est de plus en plus élevé si les placements se font à moyen et long terme. Il faut donc être attentif tant à l'évolution des cotations de l'euro et du dollar que de l'inflation mondiale. A-t-on placé 45% en dollars, 45% en euros, 5% en yen et 5% en livre sterling comme l'a affirmé le ministre des Finances ' (A Suivre)


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