Sensibilisation, dénonciation, boycott sont les leitmotivs de la Fédération algérienne des consommateurs (FAC) qui, à la veille du mois sacré, double la cadence pour sensibiliser les consommateurs, dénoncer certaines pratiques commerciales et appeler, s’il le faut, au boycott de certains produits.
Hier, au Forum d’El Moudjahid, les représentants de la FAC, ont évoqué plusieurs points liés au marché, et notamment la pénurie de carburant qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive.
La Fédération algérienne des consommateurs, qui active sur le terrain depuis plus d’une année et demie, a tout de même réussi à s’imposer et à faire entendre sa voix devenant une «instance gênante . Mieux encore, elle a su susciter l’intérêt des journalistes, qui viennent toujours en force pour suivre les sorties médiatiques de la Fédération, qui compte aujourd’hui 25 associations de wilaya.
Et si des batailles ont été remportées beaucoup reste à faire, notamment en matière de textes législatifs et surtout en matière de mentalités.
Les représentants de la FAC, qui disent qu’ils ne sont pas prêts à baisser les bras, dénoncent le fait que ceux qui sont censés œuvrer pour protéger le consommateur et assurer ses droits sont défaillants.
Pour le président de la FAC, M. Hariz Zaki, l’urgence aujourd’hui est de renforcer les mécanismes de contrôle, car l’Etat promulgue des mesures incitatives en faveur des producteurs, mais le consommateur ne bénéficie de rien. A ce titre il citera comme exemple, le prix des viandes blanches qui connaît une hausse vertigineuse en dépit de toutes actions entreprises par les pouvoirs publics, notamment en matière de suppression de la TVA sur les aliments animaliers, et l’annulation de la tarification douanière.
L’autre revendication de la FAC concerne le phénomène des intermédiaires qui font main basse sur le marché, en investissant dans l’achat sur pied, et spéculent à leur guise. Ces spéculateurs, dit-il, perturbent le circuit en influant sur l’offre.
M. Hariz a également dénoncé l’absence de l’affichage des prix.
La maison du consommateur
Parmi les projets de la FAC, figure, la création de la maison du consommateur. Le siège de ce projet, encore à l’étude, sera à Oran.
Pour M. Hariz, les employés de cette structure, qui aura pour mission de sensibiliser les consommateurs en éditant entre autres des revues, seront, en partie, bénévoles ou permanents. C’est pourquoi dira-t-il, l’aide de l’Etat est plus qu’indispensable.
Parmi les propositions de la FAC pour venir à bout des spéculations, reste la multiplication de marchés de proximité. C’est aussi, une manière pour mettre en confiance le consommateur, qui, habitué aux pénuries, se lance dans le stockage des produits alimentaires. Un réflexe qui arrange les commerçants qui augmentent les prix.
Pour sa part, le docteur Mustapha Zebdi, secrétaire national de la FAC, le pouvoir d’achat des Algériens a chuté en l’espace de deux ans. A ce sujet, il dira que sur les 64% des produits importés, 84% ont connu une hausse des prix à l’échelle locale. C'est-à-dire sans qu’il y ait de fluctuations de prix sur le plan international.
M. Zebdi s’est également interrogé sur la cherté du foncier en Algérie. Selon lui, c’est une des causes qui poussent les commerçants à augmenter les prix, pour amortir les charges très lourdes.
Les représentants de la FAC ont également dénoncé le prix de la sardine, 500 DA. Il n’y a aucun justificatif à ce prix. M. Zebdi dira que le département des Ressources halieutiques avait annoncé qu’une enquête à été lancée pour déterminer les causes des prix vertigineux qui caractérisent le poisson en Algérie. Mais pour le moment les résultats ne sont pas connus, dira M. Zebdi qui demande à ce que la FAC soit informée des résultats de cette enquête.
De son côté, Menouar Hacène a évoqué la pénurie de carburant. Pour lui, cette situation est due à la fermeture d’un grand nombre de stations d’essence, et l’augmentation du parc automobile. Il a également attribué cette pénurie au trafic de ce produit qui sévit au niveau des frontières.
Nora Chergui
Hausse des prix des fruits et légumes durant le Ramadhan
«Le consommateur a sa part de responsabilité»
«L’excès de la publicité sur les produits de large consommation durant le mois de Ramadhan créé une perturbation chez les consommateurs», c’est ce qu’a indiqué Menouar Hacène, membre de la Fédération algérienne des consommateurs.
S’exprimant en marge de la conférence de presse organisée au forum El Moudjahid il a tenu à souligner qu’ «il n’est pas normal, que durant le mois de ramadhan on réalise des publicités sur un téléphone ou sur une voiture autour d’une table bien garnie.»
Ce qui engendre, a-t-il dit, « une surconsommation durant cette période sacrée. »
Selon lui, «la programmation de ce genre de publicité est indésirable car elle donne l’impression que ce mois est directement lié à la consommation.» Ce qui n’est pas, a-t-il ajouté, « normal ». En qualifiant dans ce sens les messages transmis à travers ces publicités «de nocifs».
A une question relative à l’augmentation des prix durant ce mois il a indiqué que «ces derniers dépendent de l’offre et de la demande. S’il y a une pression sur les consommateurs aux marchés la demande augmente et en contrepartie l’offre baisse. En conséquence les prix augmentent».
Selon lui, c’est le consommateur qui cause la hausse des prix en étant la cause de la pression sur les marchés, tout en précisant que «le citoyen algérien est victime de la culture de consommation».
Dans ce cadre notre interlocuteur n’a pas manqué de souligner que «même les commerçants ne sont pas solidaire avec les consommateurs durant ce mois. Parce que, comme de coutume, ces dernières ne cherchent qu’à se remplir les poches.»
Afin de réguler le marché durant ce mois sacré Menouar Hacène a insisté sur le changement de cette culture de consommation. En indiquant que: «pour atteindre cet objectif il nous faut beaucoup de temps.»
Et de poursuivre: «Dans ce contexte on compte sur l’organisation de campagnes de sensibilisation au niveau des mosquées l’année prochaine.» A ce jour, a-t-il fait savoir, «nous n’avons pas encore obtenu un accord officiel du ministère des Affaires religieuses et du Wakf.»
Notre interlocuteur a reconnu que le ministère du Commerce a déployé beaucoup d’efforts pour réguler le marché, tel que l’important programme qui concerne la réalisation des centres commerciaux de proximités.
Menouar Hacène a déploré dans cette optique qu’il n’y a pas un suivi d’autres secteurs pour la réalisation de ce programme, en citant, à titre d’exemple, le manque de foncier et les entraves administratives.
Makhlouf Ait Ziane
Produits alimentaires
Tendance haussière des prix à l’approche du ramadhan
A quelques jours du début du mois de ramadan, les prix des produits agricoles et alimentaires ont subitement augmenté, en dépit de leur disponibilité, a-t-on constaté dans plusieurs marchés aux fruits et légumes à Alger.
Les prix des légumes et des fruits varient du simple au double, comme pour la courgette, prisée au mois de ramadan et proposée au marché de Bachdjerrah entre 30 et 70 DA, alors que la laitue est cédée entre 50 et 100 DA le kg. Le prix de la tomate de saison connaît une instabilité et varie entre 40 et 80 DA le kg, notamment aux marchés Ahmed-Bouzrina et Réda-Houhou. Les prix des autres produits sont également en hausse, dont la carotte, vendue à 60 DA le kg. Quant à la pomme de terre, elle est cédée à 35 DA, alors que le prix du citron oscille entre 100 et 150 DA le kilogramme. Pour les fruits secs, à la base de beaucoup de plats durant le mois de ramadan, les pruneaux sont à 350 DA/kg en moyenne, alors que le prix des raisins secs varie entre 450 à 900 DA/kg, l’abricot séché étant cédé à 600 DA/kg. Pour les fruits, la pêche et l’abricot sont à 100 DA/kg, alors que la datte est cédée entre 480 et 800 DA/kg, selon la qualité proposée. Au rayon boucherie, la viande bovine est à 1.000 DA alors que la viande ovine dépasse les 1.400 DA/kg. La volaille est vendue entre 320 et 380 DA le kilogramme, en nette hausse après des prix très bas des mois de mai et juin derniers durant lesquels elle a même été cédée à 160 DA/kg.
Du côté des pouvoirs publics, des dispositions particulières ont été prises pour lutter contre la spéculation et mettre sur le marché les quantités nécessaires pour maintenir le niveau des prix à la hauteur du budget des ménages.
Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a affirmé en juin dernier que des stocks de 6.000 tonnes de viande bovine congelée ont été constitués pour répondre à la forte demande.
Le président du directoire de la SGP PRODA, Kamel Chadi, a déclaré à l’APS que la viande congelée importée sera vendue dans une fourchette de prix située entre 550 DA et 650 DA/kg. La viande blanche locale congelée sera cédée à 230 DA/kg. Il a ajouté que 426 points de vente ont été créés pour écouler les stocks de viande “pour stabiliser le marché”.
Le dossier des prix et de la disponibilité des produits alimentaires durant ce prochain mois de ramadhan revêt une grande importance pour le gouvernement qui lui a consacré deux réunions successives en deux mois, dont celle ayant réuni le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avec les walis et les membres de son gouvernement.
Selon les ministres de l’Agriculture et du Commerce, tous les produits alimentaires sont disponibles et en quantités suffisantes pour le ramadhan.
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Posté Le : 08/07/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: Nesrine T. ; texte: Nora Chergui, Makhlouf Ait Ziane
Source : elmoudjahid.com du lundi 8 juillet 2013