Algérie

Les rendez-vous ratés



En 60 ans d'indépendance, les présidents algériens et français se sont rencontrés à plusieurs reprises. À chaque rendez-vous algérois ou parisien, il a été question de réconciliation, d'amitié, de partenariat d'exception et autre expression, le plus souvent sortie des laboratoires politiques de l'Elysée. Chaque époque a apporté sa dose d'espoir de sortir du piège de l'Histoire tendu par les ultras de l'Algérie française. Valéry Giscard d'Estaing s'est essayé, en avril 1975, à cet exercice compliqué, faut-il le souligner. Pour diverses raisons, l'enthousiasme qu'a suscité la visite à Alger s'est vite estompé et les relations entre les deux pays sont retournées à leur ronronnement. Mais les élections, avec à la clé l'arrivée au pouvoir à Alger, comme à Paris de «nouveaux visages», le premier réflexe a toujours été de renouer le contact politique, de tenter quelque chose pour assurer cette réconciliation. Mais il était difficile, à l'époque de François Mitterrand d'imaginer une évolution sérieuse de la situation. Cela n'a pas empêché le président socialiste de cocher sur son agenda une visite à Alger en novembre 1981. Ancien ministre de la IVe République qui a signé des condamnations à mort de militants algériens et qui disait au lendemain du 1er novembre 1954, «la seule négociation c'est la guerre!» a foulé le sol algérien, avec l'objectif de susciter de nouvelles relations, tout en occultant les réalités de l'Histoire. Mais sa démarche a tout de même trouvé du répondant à Alger, puisqu'une année plus tard, c'était au tour de Chadli Bendjedid de se rendre en France, en décembre 1982. L'acte est historique, sachant que Chadli était le premier chef d'Etat algérien à effectuer une visite officielle à Paris depuis l'indépendance du pays.La machine de la réconciliation s'est-elle ébranlée pour autant' Rien n'est moins sûr. Les relations entre les deux pays sont vite retombées au niveau zéro, notamment après l'arrêt du processus électoral et la réaction inqualifiable de François Mitterrand qui, en plus de s'être ingéré dans les affaires de l'Algérie, a abrité des terroristes notoires. La décennie des années 90 a été ponctuée par une tentative gauche de Jacques Chirac de renouer dans le secret des relations au plus haut niveau de l'Etat. Il a fallu attendre une élection présidentielle, en Algérie cette fois, pour entrevoir une issue au blocage. Bouteflika a été «accueilli» par la reconnaissance de la France de la guerre d'Algérie. C'était en 1999 et la réponse d'Alger n'a pas tardé. Une autre visite, tout aussi historique d'un président algérien en France a été programmée pour juin 2000. Ce fut un succès. Le Corrézien Jacques Chirac a abordé frontalement la question de la mémoire, rendu une visite éclair en Algérie au lendemain des inondations de Bab El Oued, en 2001 et effectué une visite d'Etat en mars 2003, avec dans ses bagages une promesse d'un partenariat d'exception. Le saut «magnifique» du Président est bloqué net par une loi française glorifiant la colonisation. L'oeuvre d'une alliance droite-extrême droite, dont l'un des représentants, Nicolas Sarkozy, a succédé à Chirac au Palais de l'Elysée. Un temps mort dans les relations entre les deux pays et la visite, en décembre 2007, de Sarkozy à Alger n'a rien apporté. Une élection à blanc dans le partenariat algéro-français. L'autre Corrézien, François Hollande, a véritablement donné une impulsion au discours politique français sur la colonisation. Des annonces mémorielles fortes ont fait avancer le dialogue entre les deux pays. Et lors de sa visite en décembre 2012, l'homme a inauguré une séquence très intéressante qui a eu le mérite d'ébranler les convictions des nostalgiques de l'Algérie française.
D'autres moments forts ont été le fait d'Emmanuel Macron qui aura été le premier politique français à qualifier la colonisation de crime contre l'humanité. Il a poursuivi sur le parcours de Hollande et réalisé d'énormes avancées dans le dossier mémoriel.


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