Algérie

Les rémouleurs reviennent cette semaine



Les rémouleurs reviennent cette semaine
À chaque fête religieuse, des métiers, presque abandonnés ou oubliés, font leur apparition. Pour l'Aïd el Adha, c'est le rémouleur qui est sollicité. Pour tout musulman, l'immolation de la bête doit obéir à des règles. Le couteau doit être bien aiguisé pour ne pas faire souffrir la bête. Chacun sort alors son attirail de couteaux du placard pour être prêts le jour « J ». Il ne sert à rien de se faire du souci pour leur bon état. Les rémouleurs sont partout et ne sont pas souvent loin. Aux abords des marchés des fruits et légumes, ils sont tellement sollicités qu'ils volent la vedette aux autres revendeurs. C'est une chaîne qui se forme dès l'installation de la table, de la meule, la courroie et du seau d'eau. L'attirail indispensable pour les rémouleurs . Au marché Amar El Kama, une dizaine de clients attendent ainsi Hadj Mohamed. C'est un ancien boucher à la retraite. Il a longtemps exercé aux abattoirs de la rue des Fusillés (ex-Lafarge). Pour occuper son temps utilement depuis sa retraite, il s'est mis à ce métier occasionnel. « Cette activité me rapporte beaucoup », dira-t-il sans préciser sa recette quotidienne. Un de ses clients ne tarit pas d'éloges à son égard. « Son aiguisage des lames est parfait pour les couteaux, les couperets, la serpette, la hache et les ciseaux pour enlever la laine. » Au fil du temps, Hadj Mohamed a acquis une notoriété dans le quartier au point d'être sollicité, même en dehors de la fête religieuse. A Bab El Oued, au marché des Trois Horloges, la concurrence est plutôt rude. Les rémouleurs se sont installés à côté des revendeurs de couteaux. Ces derniers écoulent des barbecues, des pics de brochettes, des crochets et même des pompes à air pour gonfler le mouton et faciliter son dépeçage. L'un des affûteurs affirmera, avec un brin de fierté, qu'en une semaine, il gagne l'équivalent du salaire d'un cadre moyen. En cinq minutes chrono, la lame achetée à côté est aiguisée à raison de 100 à 200 dinars. Nullement indisposés par le bruit strident de la meule, les clients attendent patiemment leur tour. A la main, un sachet dans lequel on devine au premier coup d''il le genre d'outils qui s'y trouvent. A Hammamet, des jeunes se sont mis à cette activité. L'un d'eux, Mourad, a mis un tablier pour se démarquer des autres et une casquette le protége des rayons du soleil. Ses instruments de travail paraissent tous neufs. Il actionne un petit moteur pour faire tourner la meule et assis à côté d'un jerrican d'eau, il attend les premiers clients qui font leur apparition. Le premier demande le prix de l'aiguisage avant de sortir de sa malle les couteaux. Apparemment, le forfait proposé lui convient. Il lui laisse les couteaux et va chercher où garer sa voiture. Le deuxième est une mère de famille. En plus de la hache, elle a ramené également les ciseaux. Elle doit revenir dans une demi-heure, le temps de faire les emplettes dans la superette du quartier. Mourad est très content pour cette première journée. « C'est un jour béni pour moi », dira-t-il. Il espère ramasser un bon pactole qui lui servira à voir plus loin et cultiver de plus grandes ambitions à l'avenir. Ayant plus d'un tour dans son sac, il propose à chaque client le découpage de la carcasse. A raison de 1.000 dinars par bête, ce n'est pas du tout bête d'investir ce créneau porteur. Même s'il est occasionnel.




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