«Les relations entre les groupes terroristes échappent à toute logique» Yves Bonnet, ancien chef de la DST,au Temps d'Algérie :

«Comme toujours, les relations entre les groupes et groupuscules terroristes échappent à toute logique et à toute continuité», nous a déclaré, hier, Yves bonnet, ancien chef de la Direction de surveillance du territoire (DST, services secrets français), commentant la récente menace faite par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao)
contre l'Algérie si le pays ne libérait pas les trois terroristes d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) arrêtés par les forces spéciales de l'Armée nationale populaire (ANP), le 15 août dernier, à Berriane, dans la wilaya de Ghardaïa. Pourquoi le Mujao se lance-t-il au secours d'AQMI dont il serait, pourtant, dissident'' «Trois entités se partagent ou entendent se partager la vaste zone du Nord Mali':
le Mujao, Aqmi et Ansar Dine, les deux premiers plus fanatisés et chassant apparemment sur les mêmes terres. Leurs méthodes sont les mêmes, mêlant prosélytisme religieux intolérant et droit commun avec enlèvements d'humanitaires y compris dans des camps sahraouis, et chantage», selon Yves Bonnet.
«Leurs ''frontières'' sont floues et mouvantes et en vérité ils n'offrent aucune crédibilité quant à d'hypothétiques négociations», nous dira encore l'ancien chef de la DST. Pourquoi l'Algérie est-elle le pays contre lequel s'acharnent le plus Aqmi et le Mujao '
«L'Algérie représente pour eux une énorme menace, car elle dispose seule, avec la Mauritanie, des moyens et de la volonté politique de les réduire», explique Yves Bonnet. «Il ne faut pas oublier qu'Aqmi est la syncrétisation de l'échec du GSPC en Algérie et traduit un aveu d'impuissance de ces mouvances salafistes à continuer d'agir dans un contexte géopolitique qui leur est défavorable», ajoute-t-il.
L'arrestation, par les forces de l' ANP, des trois terroristes, près de Ghardaïa, est un coup dur pour Aqmi, comme en témoigne Yves Bonnet': «L'arrestation de ces trois terroristes près de Ghardaïa prouverait, s'il en est besoin, les limites et la précarité de l'implantation sur le territoire algérien de toute forme de sédition.»