Algérie

«Les relations algéro-françaises sont dans une courbe laborieusement ascendante»


Les relations algéro-françaises ont été largement commentées ce samedi par le chef de la diplomatie algérienne. Dans un entretien accordé à RFI et France 24, Ramtane Lamamra a apporté un éclairage, qui se veut aussi une réponse au ministre de l'Intérieur français.Les grosses tensions entre Paris et Alger sont dépassées mais elles n'ont pas encore atteint un point de réchauffement réel, laisse clairement entendre Ramtane Lamamra dans ses réponses aux deux médias français. L'entretien a lieu à Addis-Abeba en marge des travaux précédant l'ouverture du 35e Sommet de l'Union africaine (UA). Les relations algéro-françaises sont dans une «courbe ascendante, laborieusement ascendante», ne cache pas le chef de la diplomatie algérienne tout en qualifiant «d'excellents» les liens existant entre les chefs d'Etat algérien et français. Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron ont « des entretiens téléphoniques réguliers, mais il n'est pas nécessaire «d'en faire état à chaque fois», fait-il savoir. Il y a une semaine, la présidence de la République algérienne avait rendu public le contenu d'une discussion téléphonique qui s'était déroulée entre les deux Présidents et c'est à cette occasion qu'avait été annoncée l'invitation adressée par Macron à Tebboune pour le prochain sommet UE-UA.
Interrogé sur l'éventuelle participation du chef d'Etat algérien à la rencontre de Bruxelles, Lamamra est resté vague, se contentant d'indiquer qu'il n'exclut rien «à ce stade». Il s'est, en revanche, largement arrêté sur la question de l'expulsion des Algériens en situation irrégulière. La tension qui entoure le sujet demeure visiblement très vive. En octobre dernier, les autorités françaises avaient vivement critiqué l'Algérie, la Tunisie et le Maroc qui «refusent de délivrer les autorisations pour le rapatriement de leurs ressortissants en situation irrégulière (...) Nous avons déjà menacé les autorités de ces pays, mais nous la mettons à exécution, les quotas de visas seront réduits de 50%». Ces propos ont grandement irrité Alger et rien ne semble indiquer que sa colère se soit réellement apaisée. «La loi doit être appliquée, mais pas de manière sélective. Elle doit reposer sur un minimum de respect de la dignité humaine, déclare à ce propos Ramtane Lamamra. Les dirigeants algériens veillent à ce que les accords bilatéraux soient exécutés correctement (...) Les Algériens ne doivent pas être renvoyés au pays dans des charters sans qu'ils exploitent leur droit aux recours.» Il offre ensuite une seconde réponse qui semble s'adresser directement au ministre de l'Intérieur français qui accuse l'Algérie de refuser de recevoir ses ressortissants en situation irrégulière : «Il est faux de dire que nous refusons de recevoir nos compatriotes, qui n'ont plus rien à faire sur le territoire français (...) Quand certains annoncent publiquement qu'il faut faire des chiffres, il est clair qu'il y a abus.» Avant de clore le sujet des relations algéro-françaises, le chef de la diplomatie algérienne a fait savoir que l'Algérie se trouve dans l'attente de la restitution des crânes des résistants algériens encore conservés en Hexagone.
L'entretien a également porté sur d'autres sujets. Interrogé sur la situation en cours au Mali, il a annoncé que l'Algérie se trouve prête à organiser un dialogue avec la Cédéao. Il a également refusé d'utiliser le terme «mercenaires» pour qualifier les groupes Wagner. «Je ne suis pas sûr que la qualification de mercenaires soit consensuelle. Il y a d'autres points de vue pour décrire les personnels en question. Je ne dis pas que je préfère tel ou tel point de vue mais en répondant à votre question qui porte cette qualification, je ne voudrais pas que l'on comprenne que moi, je la reprends à mon compte, d'autant plus que les gouvernements malien et russe disent qu'il ne s'agit pas de cela.»
Abordant le dossier marocain, Ramtane Lamamra a reconnu «les vives tensions dans la région», tout en réaffirmant que l'Algérie ne «fera la guerre qu'en cas de légitime défense». Il qualifie de «fuite en avant» l'invitation de hauts responsables israéliens «à nos frontières, pour nous menacer», tout en rappelant que des menaces avaient été proférées par le MAE israélien à partir du Maroc. La décision unilatérale de Moussa Faki ( président de la commission exécutive de l'UA) d'admettre Israël au sein de l'organisation africaine est «une faute», conclut-il.
Abla Chérif
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)