Algérie

Les réfugiés syriens priés de quitter les places publiques Les agents de l'ordre tentent de les déloger du square Port-Saïd



Les réfugiés syriens se font plus discrets au square Port-Saïd depuis l'annonce de sanction à l'égard de ceux qui occupent les lieux publics.
Vu de loin, le square Port-Saïd semble avoir retrouvé son ambiance habituelle. Des SDF bien de chez nous sur le gazon, des vendeurs ambulants, des clandestins subsahariens, les vendeurs de devises qui brandissent leurs billets juste en face et des Algérois qui vont et viennent. Plus de familles syriennes, dispersées par dizaines. Apparence trompeuse. Elles sont juste moins visibles, d'autant plus que la police vient de faire sa ronde dans le quartier.
Depuis que Daho Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, a annoncé des sanctions à l'égard des «réfugiés» syriens qui occupent les places publiques, ils se font plus discrets. Ils sont certes moins nombreux, mais ils sont toujours là. «Nous ne faisons rien de mal. Nous ne voulons pas aller à Sidi Fredj parce que nous refusons d'être isolés, loin de tout», explique Hassan, 45 ans, père de famille, caché avec ses trois enfants derrière un tronc d'arbre. Hassan fait partie de ces nombreuses familles qui boudent le centre d'accueil de Sidi Fredj, ouvert depuis 6 jours. «Je paye mon hôtel, ils ne peuvent pas m'obliger à y aller. Mais si je reste ici avec mes enfants dans la journée, c'est juste pour prendre l'air non loin de mon hôtel», confie-t-il encore, sans quitter des yeux ses enfants qui s'amusent à côté.
Au même moment, deux policiers en uniforme débarquent dans la place et se dirigent d'un pas déterminé vers une famille syrienne installée au bord du jardin, de l'autre côté de la place. «Vous devez quitter les lieux, vous n'avez pas le droit de rester ici», déclare d'un ton ferme et solennel l'agent de l'ordre.
Les trois femmes, toutes voilées de noir, se lèvent sans contester. «Non ! Pourquoi vous vous en prenez à nous '», s'exclame alors un garçon de 12 ans environ. L'une des femmes le prend par la main et le traîne vers elle. Les policiers s'éloignent sans polémiquer. En quelques secondes, les quelques Syriens qui étaient discrètement dispersés aux quatre coins de la place disparaissent.
La charité populaire se poursuit et les retient
«C'était la même chose hier, les policiers les invitent gentiment à partir, ils partent puis ils reviennent», commente
Dahmane, la cinquantaine, un Algérois habitué du quartier. Pourquoi refusent-ils de se détacher de cet endroit ' «Rien que ce matin, un généreux donateur est venu distribuer des billets de 1000 DA pour leur venir en aide. Tout le monde sait qu'ils sont ici et la générosité en ce mois de Ramadhan semble sans limite, ils ne peuvent pas lui tourner le dos», explique encore Dahmane. A peine a-t-il le temps de finir son commentaire que les trois femmes et les enfants qui viennent d'être délogés reviennent.
«Vous voyez, elles ont changé de coin, mais elles n'ont pas quitté la place. Et puis, ça se comprend un peu, le square est la place mythique des étrangers, des bonnes affaires, des réfugiés, des oubliés' en restant ici, elles pensent trouver des solutions plus concrètes à leurs problèmes», lâche Dahmane, natif de La Casbah, qui passe toutes ses journées au square depuis de longues années.


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