Algérie

Les réformes politiques et économiques en panne



L'Algérie tourne en rond en dépit du grand soin dont la nature l'a entourée : un potentiel énorme en richesses naturelles et humaines. On peut dire sans risque de se tromper que le pays est sans gouvernail. Sur le plan économique, la situation est loin d'être reluisante.
En dehors de la manne provenant des hydrocarbures, notre économie continue à  tâtonner dans un inquiétant «à-peu-près». Certains spécialistes parlent carrément d'absence de stratégie. Le secteur économique, qui a connu une foultitude de lois aussi contradictoires les unes que les autres, est installé dans une instabilité chronique. Le gouvernement attend toujours un hypothétique investissement du constructeur automobile français Renault. L'Exécutif, à  sa tête le président Bouteflika, s'est vraiment emmêlé les pinceaux en essayant à  tout va des formules sans en réussir aucune. La machine économique est restée là ou elle a été trouvée, c'est-à-dire à  l'endroit ou elle est tombée en panne. Le chef de l'Etat, qui a reconnu le cuisant échec de la politique économique, a essayé de sauver son règne, dans un contexte régional caractérisé par les révoltes dans les pays arabes, en engageant des «réformes politiques». Mais quelques mois après, force est de constater qu'on fait encore du surplace. Les projets initiés – entre autres la loi sur les partis, le code de l'information et la loi électorale –, dans un climat politique plombé par la persistance de la fermeture des espaces d'expression, n'ont pas suscité les débats qu'ils devaient provoquer. Pis, l'opinion publique assiste à  une cacophonie indescriptible entre les différentes institutions de l'Etat, entre les deux Chambres du Parlement notamment, où le litige au sujet du code communal entre leurs deux présidents, Abdelkader Bensahal (Sénat) et Abdelaziz Ziari (Assemblée populaire nationale), a nécessité l'arbitrage du premier magistrat du pays.
Ces derniers jours, c'est le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, qui a volé la vedette aux autres membres du gouvernement en se déclarant apte à  agréer de nouveaux partis politiques avant de se raviser et de remettre l'agrément des partis à  la prochaine loi. Incompréhensible volte-face de la part du premier responsable d'un ministère de souveraineté ! Mais ce sont des signes qui ne trompent pas : la déliquescence dans la gestion des affaires de l'Etat est telle qu'on ne peut s'étonner de voir encore des bourdes aussi dégradantes pour la pratique politique. Et le conflit qui secoue le Front de libération nationale (FLN), dont le chef de l'Etat est le président d'honneur, n'est que l'expression d'une crise qui a pris racine dans la gestion au pas de charge d'un parti vivant au rythme des coups de force.  Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, est menacé de partir de la même manière qu'il est arrivé aux commandes de la formation majoritaire du pays, lui qui nourrissait pourtant, lorsqu'il avait le vent en poupe, des ambitions présidentielles. Sur le plan interne, autant en politique qu'en économie, la situation donne matière à  inquiétude. Rien ne va. Et cela n'est pas sans répercussions sur le plan international. Notre diplomatie fait pitié. La politique extérieure de l'Algérie est devenue totalement illisible, autant dire sans direction, donc sans rôle. Pour beaucoup, cette situation trouve ses raisons dans la manière dont le président de la République gère le pays depuis plusieurs années. Mais beaucoup aussi l'imputent à  son état de santé. Des rumeurs persistantes, ces derniers jours, soutiennent que le chef de l'Etat est parti se soigner à  l'étranger. Certaines l'ont annoncé au Val-de-Grâce à  Paris, d'autres en Suisse.
La récurrence de ses éclipses pèse lourdement sur la vie politique nationale et ne l'est pas moins sur les rapports de l'Algérie avec le reste du monde. Certains observateurs vont plus loin en évoquant une forme de vacance du pouvoir. On ne peut pas ne pas le penser au vu de la panne qui bloque le pays et l'installe durablement dans une terrible anarchie, et ce, à  la veille d'importantes échéances électorales.
 


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)