Les «redresseurs» veulent créer leur propre parti

Faute d'avoir pu atteindre leur objectif, celui de renverser l'actuelle équipe dirigeante du parti, les redresseurs du RND sont tentés par le projet de créer leur propre cadre politiqueM. Kebci-Alger - (Le Soir) - Le mouvement populaire du 22 février toujours en cours dans le pays ne cessant de réclamer la mise au placard de tous les partis et organisations ayant été de l'ex-allégeance, les redresseurs du RND comptent changer de stratégie de lutte, renonçant à changer les choses de l'intérieur même du parti. Ils sont tentés, apprend-on dans l'entourage de ces cadres qui ont longtemps contesté la mainmise de l'ex-secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, actuellement en prison pour de nombreuses affaires de corruption, de lancer leur propre formation politique. Les têtes de pont de cette démarche mèneraient depuis quelque temps une vaste campagne d'explication et de vulgarisation de leur projet auprès de leurs camarades au niveau des wilayas. Des contacts seraient même entrepris avec tous ceux qui se sont opposés, à un moment donné, à l'ex-secrétaire général mais également à l'actuel secrétaire général intérimaire qui, lui, prépare un congrès extraordinaire, promettant, dans la foulée, un RND new-look, que ce soit dans la doctrine ou dans le fonctionnement, s'engageant notamment à rendre le parti «plus proche du peuple que des centres de décision». Ce qui ne semble pas trop convaincre ces nombreux frondeurs qui semblent décidés à mener à bon port leur projet. D'autant plus que les échos de la démarche auprès de la base seraient extrêmement favorables, avec de nombreuses wilayas qui y ont déjà adhéré.
A plus forte raison que la suite des événements semble conforter ces «rebelles» à la direction nationale du RND dans leurs attaques contre les dirigeants du parti qui étaient, à un certain moment, intouchables jusqu'à ce que le mouvement populaire du 22 février dernier les emporte dans son sillage, avec les scandales de corruption dans lesquels seraient impliqués jusqu'aux os Ahmed Ouyahia déjà en prison, et Abdeslam Bouchouareb contre qui un mandat d'arrêt a été lancé. Des dirigeants du RND que les redresseurs ne cessaient d'accuser de «gestion mafieuse et autoritaire du parti».
Il faut noter que cette perspective de créer un parti par des «ex» du RND n'est pas une première. Bien de cadres et pas des moindres ont, par le passé, adopté la même démarche. Notamment l'ex-secrétaire général du parti Tahar Benbaïbèche qui a créé son propre parti, Fadjr Djadid, ou encore l'ancien ministre et ex-chef du groupe parlementaire du parti, Noureddine Bahbouh, qui a mis sur pied son propre cadre partisan, l'UFDS (Union des forces démocratiques et sociales).
M. K.