Salah Goudjil et ses camarades jubilent. Les dirigeants du mouvement de redressement du FLN ont réussi le pari d'organiser, en plein Alger, un rassemblement sans être inquiétés. Ni par les autorités, d'habitude peu enclines à délivrer les autorisations de réunions publiques, ni par les responsables «officiels» du parti de Front de libération nationale.Il y avait une présence policière inhabituelle, jeudi, à Draria, sur les hauteurs d'Alger. Pour une fois, la police antiémeute, appuyée par des éléments de gendarmerie, ne vient pas pour réprimer une émeute. Ils sont là pour sécuriser une rencontre, jugée tendue, des responsables du mouvement de redressement du FLN. De la villa qui abrite les responsables de ce mouvement, apparemment tenace, située dans le quartier «chemins des Crêtes», jusqu'à la salle des fêtes où se tenait la réunion, les participants et les journalistes sont obligés de s'arrêter plusieurs fois. Ils sont apostrophés soit par des policiers ou des gendarmes qui demandent soit le badge d'entrée, soit le ticket d'accès du véhicule. Un contrôle minutieux est appliqué. Des sortes de check-points sont dressées partout sur une distance d'à peine 1 kilomètre. Cela dénote de la tension qui règne dans ce quartier habituellement très calme.Quelques dizaines de militants du vieux parti, dont un des fils du secrétaire général, sont venus gâcher «la fête». Mis à distance par un escadron de gendarmes, ils se font tout de même entendre. «Le FLN est notre parti. Belkhadem est notre secrétaire général», scandent-ils. «Non aux usurpateurs», «non à la médiocrité», sont les quelques slogans écrits sur des pancartes. La présence des gendarmes empêche cependant tout ébordement.A l'intérieur de la belle salle des fêtes, l'ambiance est plutôt festive. Quelques centaines de cadres ( ') sont venus de plusieurs régions du pays. «Il y a près de 600 participants inscrits», révèle Mohamed-Seghir Kara, chargé de communication des redresseurs. Difficile de vérifier le nombre. Mais certaines têtes se distinguent. Il n'y a pas de ministres en poste. «Ils sont tenus par l'obligation de réserve», nous dit-on. Mais, il y a les ex. Parmi eux Kamel Bouchama, qui ne fréquente plus les couloirs du parti depuis longtemps. Il y a aussi Abderrachid Boukerzaza et le secrétaire général de l'UNJA (Union générale de la jeunesse algérienne). Mais, l'essentiel est ailleurs. Les redresseurs du FLN veulent être différents de la direction que gère Belkhadem. Pas seulement dans les apparences, mais aussi dans les discours. Salah Goudjil, le coordinateur du mouvement de «redressement et d'authenticité», veut passer à l'offensive. Il exploite l'incident qui vient de se passer. «C'est la preuve que le FLN, c'est nous. Les redresseurs, ce sont eux», a-t-il raillé, montrant du doigt ceux qui sont «venus perturber». Pour le fond, le nouveau chef, acclamé dès qu'il a rejoint la tribune, laisse la parole aux autres. D'abord à Abderrachid Boukerzaza, l'ancien ministre de la Communication et dernier porte-parole du gouvernement. «Le FLN a régressé», a-t-il commencé par attaquer. «Le slogan qui dit que nous sommes la première puissance politique du pays ne nous épate guère», a encore asséné Boukerzaza, qui donne comme preuve «le rétrécissement du panier électoral» de l'ancien parti unique. Selon lui, les raisons de cet échec sont multiples. Il cité pêle-mêle «l'absence de transparence, la disqualification des militants et l'absence de projet». Pis, l'ancien secrétaire général de l'UNJA a accusé l'équipe de Belkhadem d'avoir détourné «les voix des militants lors des élections des structures de base». Pis encore, les deux responsables ont accusé, en des termes à peine voilés, les dirigeants du parti de favoriser les «hommes d'affaires» afin, disent-ils, de favoriser «la corruption». «Le dernier Congrès a consacré le principe du recrutement des hommes d'affaires au lieu d'authentiques militants», accuse Boukerzaza.
Même pour les réformes en cours, les redresseurs marquent leurs différences. Dans un document consacré aux réformes en cours, ils suggèrent d'abord un mandat présidentiel de 4 ans, le retour du poste de chef du gouvernement, la séparation réelle des pouvoirs ainsi que le renforcement des prérogatives de ce dernier comme chef de l'exécutif. Mieux, ils réclament l'élargissement de la saisine du Conseil constitutionnel aux partis politiques et à la société civile. Tout comme ils suggèrent plus d'indépendance de la justice à travers la réforme du Conseil supérieur de la magistrature et du Conseil d'Etat. L'opposition la plus démocratique ne dira pas mieux.
Plus qu'une conférence des cadres, c'est donc un Congrès que le «Mouvement de redressement et d'authenticité» du FLN a organisé. Les responsables de cette mouvance se sont même permis de produire une résolution politique. Une manière d'affirmer que leur pari est réussi. En attendant de réussir le passage lors des élections de 2012, où ils comptent déjà présenter des listes. Mêmes indépendantes.
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Posté Le : 15/10/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A B
Source : www.latribune-online.com