Algérie

Les recommandations du FMI au système financier algérien



Les recommandations du FMI au système financier algérien
Le Fonds monétaire international (FMI) a rendu public cette semaine, et quelques jours seulement après les déclarations du ministre des Finances sur la réforme du système bancaire, son dernier rapport sur l'évaluation de la stabilité du système financier algérien. Cette évaluation s'appuie sur les travaux d'une mission conjointe Pesf du FMI et de la Banque mondiale, qui s'est déroulée en Algérie en septembre 2013. D'emblée, le document précise qu'«il n'y a pas de vives préoccupations de stabilité financière, compte tenu de la petite taille du système financier de l'Algérie, de la participation significative de l'Etat et d'une intégration limitée aux marchés financiers internationaux». Mais, pour les experts du FMI, le défi à relever dans l'immédiat est plutôt de mobiliser le potentiel du secteur financier pour soutenir la diversification et la croissance économique. Ils préconisent, dans ce sens, de prévoir «un vaste train de réformes pour promouvoir l'approfondissement financier et améliorer le lissage inter-temporel des recettes des hydrocarbures, ainsi qu'un rôle plus stratégique pour l'Etat et une élimination progressive des restrictions sur les changes». Le FMI estime, ainsi, nécessaire de formuler une stratégie de réforme plus vaste pour permettre au système financier de soutenir la croissance économique à travers notamment la modernisation du secteur financier. Cet objectif devrait se concrétiser à travers l'amélioration de la gouvernance dans les banques publiques, l'exécution du plan de modernisation de la centrale des risques, l'amélioration du régime des sûretés et le renforcement du droit de l'insolvabilité, la stimulation du dispositif de sécurité du secteur financier et l'institution d'un régime de résolution des faillites bancaires.Le FMI, dans son rapport, recommande aussi d'intensifier le contrôle bancaire fondé sur les risques et autres dispositifs de surveillance et de supervision du secteur financier, renforcer le régime de LBC/FT en corrigeant les déficiences stratégiques relevées par le Gafi et favoriser l'accès au financement. D'autres suggestions du FMI ont trait à la création d'un fonds souverain et l'adoption d'une règle régissant les retraits du fonds pétrolier qui permettraient de réduire le risque d'instabilité financière, de contenir les effets néfastes du syndrome hollandais sur l'épargne et l'investissement et d'élargir les possibilités de développement du marché des titres d'Etat et l'amélioration de la transmission de la politique monétaire. Par ailleurs, l'institution multilatérale juge qu'il est nécessaire de transformer le rôle de l'Etat dans le secteur financier. Sur ce point précis, le FMI estime que «les priorités du gouvernement continuent d'être mises en œuvre par les entreprises (et les banques) publiques intégrées dans un environnement réglementaire complexe qui ne se prête guère au développement financier». Il est question aussi de l'amélioration du climat des affaires, suggèrent les experts du FMI, lesquels relèvent qu'une «réforme approfondie de l'environnement des affaires - y compris des régimes de résolution et de sûretés ainsi que du code pénal applicable à l'activité commerciale- et l'abolition de diverses mesures restrictives permettraient de créer les conditions propres à renforcer les droits des créanciers et l'intermédiation financière et d'accroître l'efficience au sein de l'économie».Pour le contrôle des changes, le FMI propose son «élimination progressive », expliquant que «des contrôles des changes étendus ne semble guère avantageux et imposent pourtant un coût élevé». Ils permettent, selon le document, notamment «aux taux d'intérêt réels négatifs sur les actifs en dinars de persister et font ainsi obstacle au développement des marchés financiers essentiels». L'institution explique aussi que cette élimination «pourrait commencer par une libéralisation graduelle du marché, et notamment du segment des contrats à terme». Pour les banques publiques, le FMI estime que «le gouvernement continue de jouer des rôles contradictoires par rapport aux banques publiques, affaiblissant ainsi le rôle d'intermédiation du secteur bancaire dans l'octroi des crédits». Plus explicite, le rapport souligne que «le gouvernement est au premier rang des propriétaires de banques. Il est le régulateur du secteur bancaire et son principal client (par l'intermédiaire des entreprises publiques)». Mais, malgré les améliorations apportées à la gouvernance des banques publiques, «des faiblesses majeures persistent», entre autres le manque d'experts indépendants et expérimentés dans les banques publiques et dans leurs conseils d'administration. Le rapport précise aussi sur le même plan que «le gouvernement n'exerce pas de fonction de propriétaire qui lui permettrait de gérer efficacement les avoirs de l'Etat». Le document souligne que «les politiques et les processus pour élaborer les contrats de performance, suivre les principaux indicateurs de performance, nommer les membres des conseils d'administration et déterminer les participations au capital avec droit de vote, sont très peu définis ou absents». Globalement, pour le Fonds, le système financier nécessite une réforme profonde afin de l'adapter aux exigences de l'économie nationale et plus particulièrement un appui aux industries et activités productrices.S. B.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)