Algérie

Les recommandations du FMI



«L'Algérie enregistre cette année son premier déficit budgétaire de la décennie, qui pourrait atteindre 8,4% du PIB contre un surplus de 8,1 en 2008», estime le FMI.

 Cette affirmation est de la mission du FMI qui a séjourné à Alger pendant deux semaines (du 21 octobre au 3 novembre 2009) et qui a clos hier son séjour par une conférence de presse à l'hôtel El Djazaïr. Ses membres estiment que s'il en est ainsi, c'est parce que «sa position budgétaire a été fortement affectée par la chute des recettes des hydrocarbures tandis que le niveau des dépenses est resté élevé». Il est dit cependant que «le secteur des hydrocarbures devrait connaître une amélioration de son activité en 2010 grâce à la reprise de la croissance mondiale et pourrait contribuer positivement à la croissance globale pour la première fois depuis plusieurs années». Toujours dans le sens de l'optimisme, le FMI pense que «les perspectives restent favorables à moyen terme même si l'activité hors hydrocarbures pourrait se ralentir quelque peu, avec la stabilisation des dépenses d'investissements publics et un secteur privé qui ne semble pas encore être entièrement en mesure de prendre le relais comme moteur de la croissance».

 La forte dépendance de l'économie nationale des fluctuations de prix des hydrocarbures fait dire au FMI que «la crise économique internationale actuelle souligne l'impératif de diversification de l'économie algérienne». Il recommande que «l'objectif principal de la politique budgétaire en 2010 devrait être de soutenir l'effort d'amélioration des infrastructures tout en continuant à améliorer la maîtrise et le ciblage des dépenses». Pour lui, «après une phase d'accumulation de ressources dans le fonds de régulation des recettes au cours des dernières années, il est maintenant justifié d'utiliser ces ressources pour financer le PIP qui dynamise le secteur hors hydrocarbures et préserve ainsi l'emploi (...).» Il indique aussi «d'affiner les règles gouvernant le financement des dépenses budgétaires par les ressources d'hydrocarbures et de rationaliser davantage les dépenses publiques et poursuivre la mobilisation des recettes hors hydrocarbures, ceci dans le but de réorienter la politique budgétaire vers une trajectoire de viabilité à long terme des finances publiques».

 Autres recommandations du FMI, «l'orientation dominante de la politique monétaire en 2010 devrait être de contrôler l'excès de liquidité et des pressions inflationnistes tout en communiquant de manière plus large le but et les instruments de cette politique». Et «la Banque d'Algérie continue à maintenir le taux de change effectif réel proche de son niveau d'équilibre». Il est important pour l'Algérie, est-il souligné, qu'en cette période de reprise économique modérée au niveau mondial, «d'élaborer une stratégie bien orchestrée et concertée de mise en place de politiques favorisant l'émergence d'un secteur privé dynamique et compétitif».

 Il est noté que la mission du FMI a porté sur les politiques et perspectives économiques à court et moyen terme «dans le contexte actuel d'incertitude sur la conjoncture mondiale». En plus de ses discussions avec les ministres des Finances et du Commerce ainsi que le gouverneur de la Banque d'Algérie, la mission a aussi pris langue avec des représentants des secteurs économiques et financiers et d'autres de la société civile. Elle en est sortie avec le satisfecit habituel relatif «à la bonne tenue de la croissance hors hydrocarbures, la maîtrise du taux d'inflation et la réduction du chômage». «Grâce à des politiques financières prudentes des réserves extérieures et une épargne budgétaire confortables ont été constituées et l'endettement extérieur a été maintenu à un niveau très faible», est-il rappelé. L'on compte 146 milliards de dollars de réserves de change à fin septembre 2009. Par contre, «le solde courant a fortement baissé en raison de la baisse des prix des hydrocarbures et d'importations élevées», est-il par contre affirmé.

 Le FMI estime ainsi que «les performances macroéconomiques restent robustes en 2009». Il est fait état d'une croissance hors hydrocarbures de plus de 9% «grâce à des récoltes céréalières exceptionnelles et une bonne performance des secteurs tirés par le programme d'investissements publics (PIP)». Le taux de croissance du PIB global risque cependant d'être revu à la baisse «à environ 2% en raison de la réduction sensible de la production des hydrocarbures». Il est souligné une hausse de l'inflation de 5,8% «en raison d'une forte augmentation des prix des aliments frais». Sinon hors aliments frais, l'inflation, est-il dit, «demeure faible, de l'ordre de 1,4%, grâce à une politique monétaire prudente, un soutien aux prix de certains produits alimentaires de base et le contenu élevé en importations des dépenses publiques».




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